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DIRECTEUR : Henri LEMAÎTRE
TOME 4°. — 1927
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PARIS (Ve) LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, PLACE DE LA SORBONNE
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TOME IV. Der.
JANVIER-MARS 1927. f
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GasTON EETONNELIER. MANDEMENT DE FRANÇOIS 1°" POUR. LA RÉPARATION DU COUVENT DES CORDE-
LIERS DE MARSEILLE (1526) ....,..... EL, CLAUDE FAURE. » Les CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'AN- 3 RE dde ENS RE 12
SŒURS GRISES DE BEAUVAIS (1622-1630) 40
MÉLANGES
François Excus Le Sceau dy provincial d'Aquitaine au xv® siècle, 49. — lan Winor-PRÉFONTAINE © Lettres de réception pour enfants spirituels de l'Ordre de Saint François, 52. — CamiLze Piroer : Travaux de Francis- Cains espagnols sur LVhistoire de leur Ordre en Amérique, 55.
COMPTES RENDUS
AG. Lirrce : Some recently discovered Franciscan documents, 63. — LUruuEns : Testimonia minora saeculi XIII de S. Francesco, 64 — LSALvATORELLE : Vita di san Francesco, 65, — E. Bonaiuri : Francesco Assis, 07. — 1 Fioretti, à cura di A. Sont, 68. — M. Cuinr : Vita et poesia disan Francesco, 69: — Mostra del libro francescano, 71.— D. Sic- Mesrar Il Ritratto di S. Francesco a Spoleto, 72. — P. TuuraAuD-DANGIN : Sant Bernardin de Sienne, 73. — L'internele consolacion, publié par MO PenkiRe, 74. — Les martyrs franciscains des Carmes, 75.
PÉRIODIQUES, 77. — CHRONIQUE, 08.
PARIS (Ve) LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN
6. PLACE DÆ LA SORBONNE
MRévue Sbistoire franciscaine
2 DIRÉCÉEUR : Hewni LEMAÎTRE
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Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d’Art.
La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de nombreux hors-texte.
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MANDEMENT DE FRANÇOIS =
POUR LA RÉPARATION
DU
COUVENT DES CORDELIERS DE MARSEILLE (1526)
Depuis la seconde moitié du XV®° siècle, les Frères Mineurs possédaient deux couvents à Marseille. Le second, appelé de l'Observance, fondé en 1451, persista jusqu'à la Révolution. Le premier, qui nous occupe, fut détruit (1) en 1524. Îl était situé hors la porte du Marché, vraisem- blablement sur les terrains limités aujourd’hui parles rues Tapis-Vert et Thubaneau. Sa fondation remonte avant 1248. Fra Salimbene de Parme (2), qui le visita à la Saint-Michel de cette année, raconte qu’il y trouva un Franciscain anglais, frère Étienne. « 11] me pria, dit-il, d’in- sinuer au gardien qu'il voudrait bien prêcher au clergé etaux frères à la fête de Saint-François (4 octobre). Le gardien me répondit qu'il serait heureux de l'entendre, mäis qu'il ne pouvait lui donner cette satisfaction, de crainte de déplaire à l’évêque (3) qui devait assister à ia fête. »
(1)11 fau rectitier la date de 1514 donnée comme année de la destruction par le P. Antoine de Sérent, dans la Géographie de la province de Provence p.142 (France franciscaine, t. 11, Lille, 1913).
(2) Éd. Houver-Eccrr, dans Afonumenta Germaniae historica, Script. XXXII, p. 313, 9; trad. P. D'AïxCREVILLE, dans France francisc., t. I, p.66.
(3) Benoit d'Alignan, O. S. B. 1l passa dans l'ordre des Frères Mineurs, dix ans avant sa mort, 12 juillet 1268, et fut enterré dans l'église francis-
Caine de Marseille.
Ravus D'HisToiREe FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 1
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2 GASTON LETONNELIER
Les Cordeliers avaient donc déjà à cette époque une église à Marseille. Le fameux frère Hugues de Digne, qui précha devant, saint Louis le sermon rapporté par Joinville tt) Y.. était enterré. Sa sœur, l’extatique sainte Douceline:(2}, fint1 ÿ-rejoindre en 1282. Le pape francis- cain Nicolas IV (3), en y accordant des indulgences en 1290, spécifie que cette église possédait de nombreuses reliques de saints.
Mais le couvent acquit une renommée mondiale par le fils du roi de Naples, saint Louis d'Anjou qui y choisit sa sépulture en 1298. Le jeune prince, qui avait renoncé au trône, pour devenir Frère Mineur, s'était affectionné au couvent qui renfermait la tombe du grand zelante de Provence (4), et avait voulu dormir à côté de lui son der-
(1) Vie de saint Louis, éd. N. ne WarïzLy, & 652-662.
(2) 1214-1274.
(3) Waoninc, Annales Minorum,t. V, p. 244.
(4) Saint Louis d'Anjou donna une preuve non équivoque de son estime pour les Spirituels, en choisissant comme un de ses exécuteurs testamen- taires Raymond Gaufridi, l’ancien général de l'Ordre (1289-1295), bien connu pour ses idées rigoristes, qui fut déposé par Boniface VIII, ct. Acta Sanct., t. 1[Il augusti, Anvers, 1737, p. 788. Son frère, le Yo: Robert, et la reine Sanche favorisèrent toujours le parti des Zelanti. L'anecdote suivante, rapportée par L. Wadding à l’année 1349 (An. Min., t VIII, p. 35) nous parait devoir être mentionnée ici parce qu'elle se passe au couvent de Marseille et qu’elle montre la mentalité des Zelanti : Au couvent de Marseille, vers cette époque, moururent la même année le custode de la région marseillaise et le lecteur du couvent, tous deux grands accumulateurs de livres. Un pieux frère d’une autre province vint à Marseille pour y vénérer le corps de saint Louis. Or, pendant qu’il priait dans l'église, il eut Ia vision d’un imposant tribunal que présidait le Christ, entouré d'assesseurs de différents Ordres. On amena à ce tri- bunal le custode et le lecteur, les mains liées derrière le dos, précédés de deux mulets chargés de leurs livres. Interrogés sur l'Ordre auquel ils ap- partenaient, ils répondirent : « Nous sommes franciscains ». Le Christ dit alors à saint François : « Puisqu'ils furent de ton Ordre, je les remets à ton jugement ». Saint Francois leur demanda : « Qu'est-ce que sont tous ces livres ? — Ils servaient à notre usage. — Avez-vous fait ce qu'ensei- gnaient ces manuscrits ? — Non, avouèrent-ils en tremblant. — Eh bien, puisque vous avez accumulé ces livres pour la pompe et pour la vanité, contre la sainte pauvreté, et que vous n'avez pas accompli ce qu'a ordonné ou conseillé dans ces livres le Seigneur, en présence de qui vous êtes, vous avez prouvé que vous êtes des fils dégénérés, vous êtes condamnés, vous et vos livres, aux prisons éternelles. » Alors la terre s’ouvrit, eagloutit moines et mulets, et le tribunal céleste s'évanouit devant les yeux du frère effrayé qui regardait la terrible scène d’un coin de l'église.
CORDELIERS DE MARSEILLE 3
nier sommeil. L'église de Marseille devint le théâtre de nombreux miracles. Deux morts ressuscitèrent au même moment dans des conditions merveilleuses. Deux ans après sa canonisation, dans la nuit du 8 novembre 1319, son corps fut transféré, du milieu du chœur où il gisait, dans une châsse d'argent, sur le maître-autel. Quatre cardinaux, dont Vital du Four, O. M., assistaient à la cérémonie, entourés d’un grand nombre d'évêques et de gentils- hommes. Le roi Robert, frère du saint, et sa femme, la reine Sanche, se distinguèrent par leur piété enthou- siaste. | -
Quelques années plus tard, le fils du roi de France, le futur Jean le Bon (1319-1364), encore en bas-âge, fut guéri miraculeusement par saint Louis d'Anjou, alors qu'on attendait son dernier soupir. Philippe VI de Valois et la reine se rendirenten pélerinage à Marseille, devant les reliques du jeune saint, et firent au couvent de larges offrandes (1). N
L'église du couvent, peut-être trop modeste pour le tré- sor qu’elle renfermait, fut rebâtie (2) vers 1326 par le roi de Naples, Robert d'Anjou, comte de Provence. En l’ab-
(1) Chronica XXIV Generalium, dans Analecta franciscana, Quaracchi, 1897, t. [II, p. 448-449. Parmi les dons royaux figure une rente de vingt livres dix sous. Le 5 juin 1470, procuration est donnée en chapitre conven- tuel au gardien des Cordeliers de Saint-Louis de Marseille, fr. Claude Poncii de Rauco, licencié in sacra pagina, pour percevoir les vingt livres dix sous concédés par vœu audit couvent, par Philippe VI, roi de France, sur les revenus de la ville de Nimes, avec lettres patentes, payables chaque année à la féte de saint Michel archange (Bibl. nat., Nouv. acquis. lat., 2385). Voici les noms des frères capitulants : » … fr. Glaudius de Rauco, gardianus, fr. Bertrandus Thome, Anthonius Gauterii, vicarius, Anthonius Celernii, pater sororum, Damasianus Tyrani, biblicus, Petrus Salondrini, Girardus de Joca, Guilhermus Thurrelli, Matheus de Gampo, Ludovicus Cuysseti et Honoratus Pellati, fratres et conventuales dicti conventus et consti- tuentes... »
La bibliothèque d'Arles (ms. 209) renferme les « Lettres patentes de Jean, roy de France confirmant le don que le roy Philippe, son pére, avait fait au couvent de Saint-Louis (de Marseille), de 500 livres parisis, 1351 », et le « Vidinus de deux lettres patentes du roy Charles VI, 1394, 1395, Pour faire payer les pensions du roy Philippe et du roy Jean. »
(2) « Quaestio : an Fratres Minores possint esse actores rerum saecula-
rium; ubi de ecclesia S. Ludovici Massiliensis quam Robertus, rex Sici-
lige, aedificari faciebat anno 1326. » Bibl. nat., ms. lat. 4246, n° 5; Ibid, n° 59134.
4 GASTON LETONNELIER
sence d’une description complète de l'édifice, nous em- pruntons aux archives des Cordeliers de Marseille (1) la mention de plusieurs chapelles quiy furent ajoutées.
En 1348 Bernard Gasqui fonde une chapelle dans l’église Saint-Louis, sous le titre de Saint-Lazare (2); il il fait plusieurs legs, déshéritant son fils Arnaud comme ingrat et rebelle et ayant attenté deux fois à sa vie.
En 1376, la reine Jeanne de Naples accorde aux Frères Mineurs (3) de Marseille une pension de 251. roy. sur la gabelle des sels d'Aix pour la garde et le luminaire du corps de saint Louis d'Anjou.
En 1392, Huguette Guis fonde par testament, près le maitre-autel de l'église Saint-Louis, une chapelle sous le vocable de Sainte-Marie (4), avec célébration de six anni- versaires, léguant 201. roy. à prendre sur trois maisons.
La même année, Guillelme, épouse de noble Charles Atulphi, fonde une chapelle dans la même église, sous le titre de Saint-Antoine de Padoue (5), léguant à cet effet 10 1. 5 sols censuels.
En 1395, Giraude, femme de Julien de Casaux, légue par testament 100 sols de rente pour fondations de messes perpétuelles dans la chapelle fondée par son mari, ‘sous le titre des saints Georges, Elzéar et Julien (6), martyr et confesseurs.
La même année, noble dame Douce Ricau., femme de noble Jean de Quinciac, fonde une chapelle sous le titre
- (1) Retrouvées dans le chartrier de la Major (cathédrale),elles forment 384 articles répartis en 61 liasses. L'inventaire manuscrit sur fiches en a été rédigé par M. de Grasset.
(2) Archives des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 4, n° 25.
(3) 1bid., 13° liasse , n° 80.
(4) Zbid., 20t liasse, n° 133.
(5) Jbid., n° 134.
(6) Zbid., 22° liasse, n° 146. — M. Rampal (Notes pour servir à l’iconogra- phie de saint Louis d'Anjou, Aix, 1920, p. 9, 30) écrit « que les Frères ne se génaient pas, en cas de disette, pour mettre en gage, par exemple, chez l'opulent Julien de Cazeaux... et fes joyaux de leur église et les reliquaires. Le trésor (notamment la châsse d'argent, une image du Saint {saint Louis] de méme métal, don du roi Robert}, s'est ainsi dispersé. » Et il renvoie à l'inventaire manuscrit signalé plus haut.— Nous avouons n'avoir rencon- tré aucune mention de ce genre dans le susdit inventaire.
CORDELIERS DE MARSEILLE 5
du Saint-Sépulcre (1) dans l’église de Saint-Louis, avec dotation de 20 1. roy. de rente.
La même année, Julien de Casaux lègue par testament 20 |. roy. de rente pour des tableaux d'une chapelle (2) et fondation d’anniversaires. |
En 1396, Charles Afulphi, par codicille de son testa- ment, lègue au couvent de Saint-Louis 100 sols de rente pour une bonne pitance de pain, vin et viande, à faire tous les ans, le jour de la fête de saint Antoine de Padoue (3) (13 juin). |
En 1401, Simon de Reillane donne au couvent un flo- rin de rente, pour fondation d'anniversaire et concession en échange d'un tombeau sis sous les anciens escaliers du couvent (4), près l'image du Crucifix, aux armes des Reillane.
En 1415, Catherine Ganteline lègue par testament 41. roy. de rente, pour fondation d'une chapelle (5) sur son tombeau, dans l’église des Frères Mineurs, avec messe hebdomadaire. |
En 1420, Honoré Mote s'engage à payer 20 sols cen- suels au couvent pour l'anniversaire fondé à la chapelle Sainte-Barbe (6), par feu Jean son père.
En 1427, Raymond Aymès fait cession en faveur du couvent de 8 émines d'avoine. {lequel Aymèsj avait reçu et caché dans sa maison d'habitation le chef du bienheu- teux saint Louis d'Anjou, pendant l'invasion des ennemis catalans (7).
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 23° liasse, n° 147.
(2} {bid., n° 148.
(3) lbid., n° 152.
(4) Jbid., 26° liasse, n° 169.
(5) Jbid, 34° liasse., n° 218.
(6) 1bid., 36° liasse, n° 229. |
(7) Ibid, 43° liasse, n° 283. — « Dans les guerres de la succession de Naples, Alphonse d'Aragon, compétiteur de Louis d'Anjou, surprit Marseille sans défense, le 23 novembre 1423,.. enleva les reliques de saint Louis, qui avaient été prudemment ramenées dans l'enceinte de la cité et dépo- sées dans la maison de Georges de Châteauneuf, seigneur des Pennes, et offrit... les reliques... comme trophée à la Seù ou cathédrale de sa nou-
velle capitale de Valencia » où elles reposent encore. A. RawPaL, Op. cif.s p.8
6 GASTON LETONNELIER
1427. Transcript des privilèges accordés au couvent par les comtes de Provence (1), notamment par Charles II en 1308, Robert en 1324, Jeanne en 1360 et 1376,et Louis IT en 1390.
1447. Lettre du ministre général des Frères Mineurs (2) portant réception pour la vie et pour la mort dans le même Ordre et association à tous les avantages spirituels et temporels d'icelui, en faveur de noble dame Aldouce Sanche et de tous sesenfants.
1451. Sœur Catherine Alphant, prieure du couvent de Sainte-Paule, ayant déposé entre les mains de fr. Barthé- lemy Fabre (3), gardien du couvent des Frères Mineurs, une ceinture en soie noire brodée en argent doré estimée 16 florins, en nantissement de 4 florins qu'elle lui avait empruntés, et, ladite ceinture ayant été dérobée avec d’au- tres bijoux et espèces, le couvent lui rembourse le prix d'estimation de l’objet déposé, sous déduction de la somme prêtée.
En 1515, le 5 avril, Antoine Esquier lègue 30 florins pour fonder une messe perpétuelle à l’autel de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Voyage (4) dans l'église de Saint-Louis.
Le 12 octobre 1510, le cardinal de Sainte-Marie d’Ara- cœli (5) accorde 100 jours d’indulgence à ceux qui visite- ront, à certains jours, la chapelle de Saint-René, fondée dans l'église de Saint-Louis, et prieront pour l'âme de Jean Mevier et de Marguerite de Meure, sa femme, fon- dateurs d’icelle.
Depuis quatre ans, en 1517, l'Ordre de Saint-François était divisé en deux fractions, les Frères Mineurs ou Obser- vants qui gardaient intégralement la règle franciscaine,
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 43° liasse, n° 285.
(2) 1bid., 49° liasse, n° 322. — Antoine de Rusconi, ministre général de 1443 à 1440.
(3) Zbid., 51e liasse, n° 329.
(4) 1bid., 5gt liasse, n° 375.
(5) Zbid., 59° liasse, n° 376.— Le cardinal d'Aracæli n’est autre que Chris- tophe Numai, de Forli en Frioul, ministre général des Frères Mineurs en 1517 et créé prince de l'Eglise la mème année,
CORDELIERS DE MARSEILLE 77
et les Conventuels ou Mitigés qui vivaient de dispenses principalement sur la question de propriété. Le roi Fran- çois [‘" voulut faire cesser cette anomalie et par un premier mandement (1) du 17 décembre 1521, il prit des mesures pour réformer les Conventuels de tout son royaume. Le 4juin suivant (2), par de nouvelles lettres données à Lyon, il ordonnait de poursuivre le parachèvement de la réforme.
Les Conventuels de Saint-Louis de Marseille commen- cèrent d'obtempérer à la volonté royale. Le 15 septembre 1522,1ls cédèrent (3) au chapitre cathédral leurs biens meubles et immeubles, notamment une bastide à Feians (4) et un plantier au Jarret (5), à la charge par le preneur de dire les messes et remplir les volontés des défunts dona- teurs.
Peut-être cette cession était-elle la part du feu. Le 6 février 1522/1523, un nouveau mandement (6) du ro- pressait la réforme complète des Conventuels. On soupi conne bien que les Observants ne laissaient pas s'endor- mir les bonnes dispositions du pouvoir royal. Ainsi nous connaissons par une bulle de Léon X(7)},en date du 10 mai 1521, qu’à la demande de François [*, le pape con- fiait à Jean Morlin et à Alexandre Rosset, Mineurs Observants, la mission de réformer les couvents de Con- ventuels, dans les provinces d'Aquitaine, de Dauphiné et de Provence, et de les soumettre aux Frères de l’Obser- vance.
Le souverain ne se contentait pas de faire appel à la conscience et à l’esprit de ferveur, il menacait de l’inter- vention du bras séculier. Les menaces avaient porté leurs
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 6o® liasse, n° 378.
(2) Zbid., n° 380.
(3) Zbid., 61° liasse, n° 381.
(4) Feians, ancien domaine du prévôt du chapitre de la Major. Com- mune de Marseille, quartier de Mazargues.
(5) Le Jarret, affluent de l'Huveaune. Le nom de Jarret, dans les anciens actes, sert à désigner les localités qu’il traverse depuis sa source jusqu'à son confluent.
(6) Ibid., 61° liasse, n° 382.
(7) Otuon DE Pavis, L’'Aquitaine Séraphique, Vanves, 1905, t. II, p. 409.
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8 GASTON LETONNELIER
fruits. Aussi, le 16 novembre 1525, des Lettres royaux (1) portent suspension des poursuites et contraintes en faveur des Frères Mineurs de Marseille, à cause de la cession de biens faite par eux au chapitre cathédral.
Bien avant le 30 janvier 1528/1529, la translation com- plète des biens au chapitre était un fait accompli. Un rou- leau de parchemin {2), long d’un mètre 75 environ, contient les lettres patentes du roi portant approbation et homo- logation du traité passé entre le couvent de Saint-Louis et le chapitre, et approuvé par bulle pontificale, par lequel ledit couvent cède tous ses biens au chapitre (lesquels biens sont tous énumérés en détail), à condition de rem- plir les volontés et legs des défunts donateurs, et à la réserve que ledit chapitre s'engage à la reconstruction du monastère et de l’église de Saint-Louis ruinés de fond en comble, lors du siège mis devant Marseille par le connétable Charles de Bourbon, en 1524.
Depuis près de trois ans les Cordeliers se disposaient à rebâtir leur couvent. A cette fin ils avaient obtenu du roi, le 12 décembre 1526, exemption de tout droit de péage, pour un chargement de bois qu'ils faisaient venir de Dau- phiné (3). — C'est l'acte que nous publions ci-après inté- gralement. — En réalité le couvent ne fut jamais rebâti, on ne sait encore pour quelle cause. Est-on même certain
que le radeau de bois de Dauphiné soit jamais arrivé à Marseille ? |
GASTON LETONNELIER.
(1) Arch. des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 61, ne 383.
(2) 1bid., Gre liasse, n° 384.
(3) Pareilles faveurs furent accordées à plusieurs reprises par les rois de France aux habitants de Marseille. Ainsi, le 23 janvier 1427, Charles VII autorisa les syndics de la ville à faire prendre en Dauphiné les matériaux nécessaires pour la réparation des maisons ruinées lors de la prise de Marseille par les Aragonais (novembre 1423). En 1509, Louis XII accorda la même autorisation pour l'entretien du port, et plus tard Charles IX en 1564. Cela tenait évidemment à la grande indigence de bois aux environs de Marseille, indigence qui provoqua une lettre d'Henri Il en 1548 faisant défense à l'évèque d'abattre les bois qui lui appartenaient, Comme on le voit, la lutte contre le déboisement en Provence ne date pas d'aujourd'hui.
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F 492 r°.
CORDELIERS DE MARSEILLE 9
« Exemption de tout droit de péage pour un radeau de bois que les « Cordeliers de Marseille font venir du Dauphiné pour réparer leur « couvent ruiné pendant le siège. — Saint-Germain-en-Laye, 12 dé- « cembre 1526 ».
(Enregistré au Parlement de Grenoble, le 25 juin 1527). — Arch. de l'Isère. Chambre des comptes de Grenoble, B. 2908. Cahier n° IIc LXXXXIII (fol. 491), 6 pages 1/2.
(Catalogue des Actes de François 1er... Tome Ier, n° 2506).
Littere Regie et dalphinales doni facti fratribus minoribus Mar- sillie de certa quantitate nemoris videlicet affranchiamentum peda- giorum dicti nemoris.
FRrancoys, par la grace de Dieu, Roy de France, daulphin de Vien- noys, conte de Valentinoys et de Dyois. À nos amez et feaulx con- seillers, les gouverneur ou son lieutenant et gens de nostre court de Parlement du Daulphiné, et à tous noz baillifz, seneschaulx, pre- vostz, maires, eschevins et consulz des villes, gardes et fermiers de noz peages, et passages, et à tous noz autres justiciers, officiers et subgectz ausquelz ces presentes seront monstrees, salut et dilection.
Noz chiers et bien amez orateurs les freres gardien et religieux de l'Ordre de Sainct Françoys en nostre ville de Marceille nous ont faict dire et remonstrer que pour reediffier et reparer leur eglise et cou- vent qui fut grandement demoly et gaste à l’occasion du siege der- nierement mis devant nostredicte ville de Marceille par Charles de Bourbon et autres noz ennemys et adversaires, lesquellz ennemys feirent une grande bresche aux murailles de nostredicte ville viz à viz dudict couvent, et au moyen de quoy noz gens de guerre estans lors dedans nostredicte ville pour la deffence d’icelle se retirerent la pluspart audict couvent ouquelilz feirent plusieurs grans dommaiges et interestz qui ont depuis esté extimez par noz officiers audict Marceille à la somme de cent soixante escus d’or soleil ou environ, leur est besoing et necessaire avoir et recouvrer de noz pays de Daulphiné ung radeau de boys qui contiendra six douzaines de grosses pieces de la longueur de six à sept cannes (1), six douzai- nes de cinq à six cannes, trente et six douzaines de doublasses (2), de cinq à six cannes, troys douzaines de fillieres (3), troys grosses haix (4) d'endouse (5), deux grosses haix de noyer, et deux grosses
(1) Mesure de longueur.
(2) Probablement des doubleaux, solives qui soutiennent les chevètres dans les planchers.
(3) Pièces de bois qui supportent les chevrons d'un toit.
(4) Peut-être ais, planche, mais ce mot est masculin.
(5) Nous n'avons pas identifié ce bois.
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10 GASTON LETONNELIER
demembrures, de humblement nous requerans à ceste cause que nostre plaisir soit leur donner congé et permission de faire tirer et enlever ledict radeau de boys franc et quicte de tous droiz de peages, travers, coustumes et autres tribuz quelconcques par les lieux ou il passera, et sur ce leur impartir noz grace et liberalité et octroyer noz lectres. Pour ce est il que nous, les chouses dessus- dictes considerees, bien advertiz deladicte demolicion, de gast et dommage qui fut faict oudict couveut de Marceille par nosdicts gens de guerre durant ledict siege, desirans ledict couvent estre reediffié et entretenu en bonne reparacion, et favorablement traicter lesdicts religieux, affin qu’ilz ayent meilleur occasion de prier Dieu pour nostre bonne intencion, à iceulx, pour ces causes et autres bonnes consideracions à ce nous mouvans, avons permys et octroye, per- mectons et octroyons de grace especial, plaine puissance et auctorité royal et dalphinal par ces presentes qu'ilz puissent tirer et enlever de nosdicts pays de Daulphine ledict radeau de boys (1) contenant lesdictes pièces cydessus speciffiees comme dit est en payant ledict boys raisonnablement, pour icelluy faire mener et conduire par les rivieres de l’Ysere et du Rosne jusques en nostredicte ville de Mar- ceille franchement et quictement sans poyer pour ledict radeau de boys pour les lieux où il passera aucuns droiz de peages, passaige, riverage, gabelle, resve (2), sommeraige (3) ne autre tribut ou soulde quelconque. Et desdicts drois et devoirs nous avons affranchy et af- franchisons ledict radeau de boys, et d’iceulx fait et faisons don aus- dicts suppliantz pour les causes que dessus. Si voulons, vous mandons et expressément enjoignons que de noz presens congé et permission et de tout le contenu cydessus vous faictes, souffrez et laissez lesdicts suppliantz joyr et user plainement et paisiblement sans en ce faire, mectre ou doaner ne souffrir estre faict, mis ou donné à ceulx qui meneront et conduiront ledict radeau de boys aucun arrest, destour- bier ou empeschement quelconque, lequel si faict, mis ou donné leur estoit, au contraire mectez le ou faictes mectre incontinant et sans delay à plaine delivrance. Et par rapportant cesdictes presentes signees de nostre main ou vidimus d'’icelles faict soubz seel royal ou dalphinal avec les quictances et recognoissances desdictz suppliantz ou de leur procureur ayant quant à ce povoir, nous voulons les fer- miers et receveurs desdicts droiz et devoirs par les lieux où passera ledict radeau de boys en estre tenuz quictes et descharges par tout où il appartiendra, sans difficulté. Car tel est nostre plaisir, nonobs- tant quelzconcques ordonnances, restrinctions ou mandemens ou deffenses à ce contraires. Donné à Sainct Germain en Laye, le dou-
(1) Les mots suivants sont rayés dans le texte, savoir : « pour les lieux où il passera aucuns droiz de peage ».
(2) Droit sur les marchandises qui entraient dans le royaume ou qui en sortaient.
(3) CF. Ducance, summagium, sub vo, sagma, droit d'exportation.
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fe 494 ve.
f 495 r°.
495 ve.
CORDELIERS DE MARSEILLE T1
siesme jour de decembre, l’an de grace mil cinq cens vingt six, et de nostre regne le douziesme. Françoys. Par le Roy, BRETON.
Placeat magnifico dalphinali Parlamento, ad humilem supplica- tionem religiosorum patris gardiani fratrum minorum ordinis sancti Francisci ville Marcillie, interinari et observari mandare litteras regias et dalphinales presenti reverenter alligatas, juxta illarum
tenorem, litteras opportunas concedendo. BaYyLuinr.
Videant domini camere et refferant.
Viderunt domini camere et refferunt litteras regias et dalphinales, de quarum interinacione agitur fore interinandas et observandas juxta illarum mentem et tenorem et pro numero et quantitate nemo- rum in dictis lecteris regiis et dalphinalibus mencionatorum, omni- que fraude cessante. Scriptum de precepto die xxv jugnii, Me Ve xxv).
P. BoniEr.
Fiant littere juxta relationem dominorum camere. Domini omnes, Martel excepto.
Franciscus, comes Sancti Pauli, locum tenens generalis et guber- nator dalphinalis, Universis et singulis harum serie notum fieri volumus quod die subsignata, receptis indeque visis in curia Parla- menti dalphinali supplicatione hiis immediate subiuncta cum rela- tione dilectorum nostrorum camere computorum dalphinalis audi- torum in pede ipsius supplicationis descripta, necnon litteris paten- tibus regiis et dalphinalibus, cera rubea cum simplici cauda impen- dente sigillatis, nobis in eadem curia parte religiosorum patris gardiani et fratrum minorum ordinis sancti Francisci ville Marcillie supplicantium et impetrancium in eisdem nominatis exhibitis et pre- sentibus sub contrasigillo regiminis dalphinalis alligatis, et omnium consideratis tenore curia parlamenti predicta dictas litteras regias et dalphinales de quarum interinacione agitur, juxta illarum formam et tenorem interinavit et interinat, nosque interinavimus et tenore pre- sencium interinamus, pro numero et quantitate nemorum in dictis litteris regiis et dalphinalibus mencionatorum easdein litteras, omni fraude cessante, juxta ipsarum mentem et tenorem observari ju- bendo. In cujus rei testimonium sigillum regiminis dalphinalis pre- sentibus duximus apponendum. Datum Gracianopolidie die xxv'a mensis jugnii, anno Domini millesimo quingentesimo vigesimo septimo.
Per dominum gubernatorem, ad relacionem curie.
GARNERI,
(Arch. dép. de l’Isère. B 2 908).
Rem =
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY
NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS SUR LEUR FONDATION ET LEUR SUPPRESSION
(1519-1778)
La cathédrale d'Annecy, placée, comme celle de Genève, sous le vocable de saint Pierre, porte sur sa facade cette inscription : SALUTIFERE CRUCI AB DIVO FRANCISCO LAMBER- TORUM PROPAGO DICAVIT 1535, qui rappelle le nom du fon- dateur et la destination primitive de l’édifice.
Dans la seconde moitié du xv° siècle, en 1458, 1461, 1462, 1483, noble Thomas Lambert, de Chambéry, acheta plusieurs maisons et des jardins, situés à Annecy, en la rue du Grand Four (1).
Pierre Lambert, neveu de Thomas et son héritier, prêtre et chanoine de Genève, notaire et abréviateur de lettres apostoliques, obtint du pape Léon X l'autorisation de fonder à Annecy un couvent pour la gloire de Dieu et en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur-Jésus-Christ (ad omnipotentis Dei laudem et gloriam ac amarissimae passions salvatoris domini nostri Jesu Christi, quam pro salute humani generis in ara crucis pertulit, honorem et memoriam). Par un acte passé à Rome le 13 janvier 1510, il donna aux religieux Célestins de la province de France la maison et les jardins qui avaient appartenu à Thomas Lambert (2). |
(1) C'est à tort que le R. P. FoDéRé attribue à Pierre de Lambert l'ac- quisition faite par Thomas le 17 février 1462 (Narration historique et topographique des convens de l'Ordre S. Francois, Lyon, 1619, page 1010.
(2) Archives de la Haute-Savoie, 1: G 366 {Copie du xvue siècle).
3}
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 13
Le 20 mars 1510, les syndics d’Annecy écrivirent au comte de Genevois pour lui exposer que l'installation des Célestins dans leur ville présentait de sérieux inconvé- nients (1); puis ils donnèrent au clavaire Jean Lambert l'autorisation de bâtir le couvent de ces religieux.
Mais les habitants d'Annecy furent peu satisfaits des Célestins. En 1532, Philippe, duc de Nemours et comte de Genevois, se faisant l'interprète de leur « mesconten- tement et desplaisir », demandait à Pierre Lambert, devenu évêque de Caserte « de mettre des religieux de l'Observance de Sainct Françoys au lieu des Célestins en Yostre monastère de ma ville d'Annessy.... pour ce qu'ils sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy (2) ».
Le duc Philippe étant mort le 15 novembre 1533, son frère, le duc de Savoie Charles le Bon, demanda à l’évêque de Caserte, par une lettre du 9 janvier 1534, de supplier le pape pour qu'il supprimät les Célestins d'Annecy et ls remplaçät par des religieux de l'ordre de saint Fran- çois (3).
Le pape Clément.VIl accéda à la demande du duc de Savoie et de Pierre Lambert, par un bref donné à Rome k 27 février 1534 et adressé au ministre des Frères Mineurs de la province de Saint-Bonaventure. Ce bref laPpelle la fondation du monastère sous le vocable de la
Sainte-Croix et les griefs des habitants d'Annecy contre les Célestins, qui ne prêchent pas, n'assistent ni aux pro-
(Ssions ni aux funérailles et consomment pour leur sub- Sitance trop de provisions. Les Frères Mineurs de l'Ob- fTVance, au contraire, célèbreront les offices religieux, ‘ltendront les confessions, prêcheront la parole de Dieu, sl bien que les habitants de la ville recevront de grandes ‘onsolations spirituelles (4). | |
Le 23 mai 1534, dans le cloitre de leur monastère, deux 'eligieux Célestins, frères Jean Saunier et Jean Ruphy Plotestèrent, en présence de Jacques Benin, de l'Ordre de
(1) Archives d'Annecy, BB 5, fol. 37 v°-38. (:} Documents ne 1 et Ii. (3) Document n° HI. (4) Document n° IV.
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14 : CLAUDE FAURE
l'Observance, et de Pierre Ducurtil (de Cultili), procureur de Pierre Lambert, contre l’entrée des Frères Mineurs dans leur couvent (1).
Mais le pape Clément VII, par des lettres en date du 25 août 1534, confirma les Frères Mineurs dans la posses- sion du couvent des Célestins d'Annecy; il manda à l'évêque de Belley et aux officiaux de Genève et de Lausanne de les faire jouir en paix de ce monastère (2).
Malgré ces nouvelles lettres, les Célestins de Lyon plaidaient encore, huit ans plus tard, en 1542, contre les religieux de saint François de Sainte-Croix d'Annecy par devant le Parlement fondé à Chambéry par François [°° (3).
À la même époque et devant la même juridiction, les Cordeliers plaidaient aussi contre les chanoines du cha- pitre cathédral de Genève. Ceux-ci, chassés de cette ville, en 1535, par les protestants, s'étaient d’abord réfugiés à Rumilly, puis à Annecy dans l’église Saint-Maurice, au- dessous du château. En 1537, ils vinrent s'installer chez les Cordeliers. |
L'histoire des démélés entre les chanoines et les Corde- liers a été écrite par deux ecclésiastiques du diocèse d’An- necy (4). Il ne saurait être question de reproduire ici ni leur récit, ni les pièces qu’ils ont publiées (5).
(1) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367.
(2) Document n° V.
(3) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366.
(4) MercIER (J.). Le chapitre de Saint-Pierre de Genève, dans Mémoires et documents publiés par l'Acadèmie salésienne, t. XIV, Annecy, 1891. Resorp (C.). Cathédrale de Saint-François de Sales, de ses prédécesseurs immédiats et de ses successeurs (1535-1923). Annecy, Imprimerie com- merciale, 1923, in-8e.
(5) Voici la liste de ces documents, par ordre chronologique.
1542, 18 septembre. Provision contre les Frères Mineurs accordée aux chanoines de Genève par François Ier. (MERGIER, p. 375-377).
1557, 12 mars. Convention entre le Ministre général des Frères Mineurs et l'évêque de Genève François Bachod au sujet de l'église des Cordeliers d'Annecy. (ResorD, p. 32-34 (texte), p. 30-32 (traduction) avec la date inexacte de 1577).
1559, 27 janvier. Transaction entre le chapitre de Genève et les Corde- liers d'Annecy au sujet de l’usage de l'église conventuelle (Resorp, p. 24-30).
1690. Lettre écrite au cardinal Altieri au sujet de l'église des Domini cains pour cathédrule (Mercier, p. 383-385),
ma—
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 15
On trouvera seulement plus loin quelques documents relatifs à la suppression des Cordeliers d'Annecy, dont ces deux auteurs n'ont pas fait usage.
Un bref du pape Clément XIV, donné à Rome le 24 août 1771, unit les Frères Mineurs de l’Observance de la cu stodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs con- ventuels, supprima les Cordeliers d'Annecy, et concéda leur couvent et leur église à l'évêque et au chapitre de Genève (1).
Ce bref fut enregistré au Sénat de Savoie le 7 sep- tembre 1771, à la requête des RR. PP. Antoine Bechon, procureur du couvent de Saint-François de Chambéry, et Claude Vauray, supérieur du couvent de Sainte-Marie Égyptienne de la même ville.
Le 11 septembre, M. de Mouroux, le ministre chargé des affaires ecclésiastiques à la cour de Turin, adressa à Mgr Biord, évêque de Genève, la partie du bref concer- nant plus particulièrement l'église et le couvent d’An- necy (2).
Mgr Biord lui répondit le 17 septembre : « Je n’entre- prendrai pas de témoigner à V. E. tout ce que mon cœur éprouve de sentimens d'admiration et de gratitude au sujet des bontés infinies dont elle ne cesse de me combler ; les expressions les plus énergiques ne sauroient que les affaiblir. Il ne m'a pas été difficile de reconnaître les
1702, 2 décembre. Accord entre le chapitre de Saint-Pierre de Genève et les Cordeliers d'Annecy (Rrsor», p. 34-35).
1713. Mémoire du P. Cyvot, provincial de Saint-Bonaventure, concer- nant les différends entre les Cordeliers d'Annecy et le chapitre de Genève (Rssonn, p. 35-37).
1772, 3 février. Traditio seu remissio conventus et ecclesiæ sancti Fran- cisci Anneciensis facta ill” et rmo episcopo Gebennensi et RR. DD. cano- nicis cCathedralis Sancti Petri (Mercier, p. 390-392, texte incomplet).
1778, 13 mai. Bref de Clément XIV réglant l’'acquittement des fonda- tions pieuses laissées par les Cordeliers d'Annecy (Resorp, p. 67-70).
(1) Document n° VI.
(2) Ceite pièce est la première d'un dossier anciennement constitué et récemment réintégré des archives de l'hôpital d'Annecy aux Archives départementales de la Haute-Savoie, où il a pris place dans le fonds de l'évêché de Genève (1 G 361). Toutes les citations qui suivent sont em- pruntées à ce dossier, formé des lettres originales du ministre et du P. Salietti, auxquelles sont jointes les minutes des réponses de l’évêque.
16 CLAUDE FAURE
effets de ces bontés dans les dispositions favorables à mon siège et à ma cathédrale contenues dans le bref d'union des Cordeliers que V. E. a eu la bonté de me communiquer. ».
Il demandait au Ministre de présenter une lettre au Roi. « Les dispositions du bref d'union des Observantins aux Conventuels m'annoncent de nouveaux effets des bontés généreuses dont V. M. daigne m’honnorer; un bienfait si signalé semble autoriser la liberté que je prends de porter moi-même jusqu'au pied du thrône un faible témoignage des sentimens de la plus vive et de la plus respectueuse reconnoissance dont mon cœur est pénétré. Le don de l'église et des bâtimens des Cordeliers sera à jamais pour les évêques et la cathédrale de Genève un monument précieux du zèle du plus pieux des Rois et de son attention à consoler une église qui ne se ressent encore que trop de ses pertes passées.
Je ne saurois le dissimuler à V. M.; les bienfaits dont elle me comble ne me mettent pas à l'abri des traits de l'envie et de la malignité de bien des personnes qui croient trouver de justes sujets de mécontentement et d'indignation dans tout ce qui se fait pour le bien et le bon ordre de mon diocèse. Je n'en suis pas surpris; je n’entends pas non plus en former aucunes plaintes ; je sais que c'est le propre du bien d'éprouver des contradictions et que si je n'avais pas des croix à porter, j'aurois toujours plus lieu de craindre de ne pas marcher dans la voie qui m'a été tracée par mon divin Maitre... ».
L'évêèque fait allusion dans cette lettre à certains pam- phlets dirigés contre lui et son chapitre : on rappelait à leur sujet une fable de La Fontaine : La lice et sa compagne.
M. de Mouroux répondit à l’évêque le 21 septembre : « J'ai le plaisir, Monsieur, de vous dire que S. M. a très agréé les expressions de vos sentimens et les témoignages de votre zèle pour le bien spirituel de votre diocèse. Elle est si persuadée de la droiture de vos intentions qu’aïant entendu par ladite lettre qu'il y a des personnes assés mal avisées pour chercher à vous donner des inquiétudes, S. M. m'a chargé de vous dire que vous n'avés qu’à m'in- former des affaires et des personnes dont il s’agit et qu’elle
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 17
donnera ses ordres pour les faire contenir dans leurs devoirs... ». |
Mgr Biord récrivit à M. de Mouroux le 24 septembre : « Si j'ai indiqué en général ce que l’on faisoit ici pour me nuire, me décrier et me faire perdre la confiance de mon troupeau, ce n'a pas été mon intention d'en porter des plaintes n1 d'en rechercher aucune punition, mais unique- ment de prévenir les impressions désavantageuses qu'’au- roient pu faire certains libelles diffamatoires sur l’esprit des personnes dont il m'importe le plus, pour le bien même de mon diocèse, de me ménager l'estime et la bienveillance. J’ai bien sçu qu’on avoit répandu des libelles en cette ville et qu’on avoit même cherché à en faire pas- ser des copies dans les autres villes de Savoye et jusqu’à Turin; mais j'ignore quels en sont les auteurs et je n’ai voulu faire aucune perquisition pour les découvrir ; si je les connaissois, je pense que S. M. voudroit bien me dis- penser de les manifester, et si je savois qu’ils lui fussent connus d’ailleurs, je volerois à ses pieds pour la supplier de vouloir bien user de toute sa clémence à leur égard; jose même déjà lui demander la grâce de laisser tomber cette affaire sans ordonner aucune perquisition pour la découverte des coupables ».
Malgré cette demande, une enquête fut faite à Annecy. L'évêque écrivit à M. de Mouroux le 15 octobre : « Je ne puis m'empêcher de témoigner à V. E. combien j'ai été surpris et consterné lorsque j'ai vu M. le Sénateur Adami avec son cortège venir procéder à des informations juri- diques au sujet de la chanson et autres libelles qui ont été faits contre moi. Je ne sais point quel sera le résultat de ces informations, peut-être n’aboutiront-elles à aucune découverte certaine des coupables; mais dans le cas con- traire, comme je ne me suis point départi des sentimens très sincères que j'ai eu l'honneur d'exposer à V. E. dans une de mes précédentes lettres, je le supplie d’avance et très instamment de vouloir bien emploïer ses bons offices auprès du Roi pour que cette affaire puisse être assoupie Sans éclat et sans aucune punition exemplaire des auteurs ou des complices, s’ils viennent à être découverts ».
Ravus D’HisTomzs FRANCISCAINE, t. 1V, 1927. 2
18 CLAUDE FAURE
Cependant le R. P. Ange-François Salietti, de Monca- lieri, Mineur Conventuel, avait été nommé commissaire et visiteur apostolique de tous les couvents de Frères Mineurs tant Conventuels que de l'Observance existant dans le duché de Savoie. Il écrivit, de Chambéry, à l’évêque le 23 septembre :
« L'union des PP. de l'Observance de cette custodie de Savoie avec les religieux conventuels de S. François a donné occasion à Notre Saint Père le Pape de me nommer son commissaire dans le duché de Savoie pour y mettre la dernière main avec son Bref du 24 aoust année courante, par lequel est portée expressément la suppression du cou- vent de St-François d'Annecy en érigeant l’église en cathédrale et le couvent pour l'habitation commode et nécessaire de Votre Grandeur. Les visites que j'ai été obligé de faire aux personnes très respectables qui gou- vernent le pays, aux conseils et directions desquels je dois conduire ma commission, selon le bon plaisir du Roi notre maître, m'ont arrêté dans cette ville capitale, aussi bien que quelques provisions nécessaires aux couvents qui se trouvent à ses environs, et ont retenu ma course que j'aurois fait toute à droiture jusqu'à vos pieds pour vous y témoigner mon empressement de vous offrir mon obéissance et mon respect ».
Après son passage à Annecy, le P. Salietti visita d’autres couvents, notamment ceux de Cluses et d'Évian ; il fut d'avis de les conserver. L'évêque écrivit à M. de Mou- roux : « Je lui ai témoigné que je n’avois aucun obstacle à y former et que je le verrois même avec plaisir, pourvu qu'il y ait des religieux qui aient l'esprit de leur état et qui édifient le public par la régularité de leur conduite. Je souhaite en conséquence qu'il ne se trouve pas en défaut de bons sujets ni de revenus suffisants pour l’entretien de ces deux couvents; ils peuvent n'être pas inutiles et ils serolent certainement utiles, s’il y avoit des religieux tels que Je les souhaite. » (Lettre du 29 octobre.)
Le P. Salietti rédigea des propositions pour la rémission de l'église et du couvent de Saint-François d'Annecy à l’évêque et aux chanoines. Mgr Biord y répondit par un
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 19
mémoire contenant ses observations. Une correspondance active fut engagée avec la Cour de Turin, pendant les mois de novembre et de décembre 1771 et pendant le mois de janvier 1772. Le 16 et le 17 de ce mois de janvier, Henry Quenot, architecte patenté de la Royale Université de Turin, dressa les actes d’état de l'église et du couvent des Cordeliers (1).
Enfin, le 3 février, le P. Salietti prononça la suppres- sion du couvent de Saint-François d'Annecy et fit la remise à l'évêque et au chapitre de l'église et de tous les bâtiments conventuels. Ce même jour, les archives du couvent furent remises à l’évêque (2); on y conservait des titres de propriété remontant au dernier quart du xiv* siècle. Un certain nombre de ces documents sont aujourd'hui aux Archives départementales de la Haute- Savoie. |
Une autre affaire à régler fut celle des fondations faites en faveur des Cordeliers à Annecy. Le nombre des messes fondées dans ce couvent s'élevait à 2284, tant grandes que basses. Mgr Biord écrivit à ce sujet à M. de Mouroux : « J'ai été d'autant plus surpris de les voir chargés d’un si grand nombre de messes que je suis persuadé qu'ils n’en ont pas acquitté annuellement le tiers, ni peut-être même le quart, ainsi que j'en ai fait presque convenir le P. gar- dien.... Je sais aussi très certainement qu’ils n'ont point fait, au moins depuis longtemps, la plupart des processions auxquelles ils sont obligés par quelques-unes des fonda- tions... [1 est assez probable que si l’on examinoit de près ce qui se passe dans les autres couvents pour l'acquitte- ment des fondations, on n'y trouverait pas plus d'exacti- tude que dans celui-ci, et je ne sais comment les supé- rieurs et visiteurs de ces couvents ne donnent pas plus d'attention à un objet aussi essentiel; sans doute que V.E. la jugera plus digne de la sienne... » (3).
Cette affaire des fondations fut réglée par un bref du pape Pie VI, en date du 13 mai 1778, qui décida que
(1) Documents n°* VII et VII. (2) Document n° IX. (3, Archives de la Haute-Savoie, : G 362. Minute sans date.
20 CLAUDE FAURE
l’évêque de Genève ferait célébrer annuellement 70 messes basses pour le repos de l'âme des bienfaiteurs de l'ancien couvent des Cordeliers d'Annecy et qu’on donnerait dix fois par an, aux mêmes intentions, la bénédiction du Très Saint Sacrement dans l’église cathédrale (1).
CLAUDE FAURE.
DOCUMENTS
I
Lettre de Philippe, duc de Nemours, comte de Genevois, à Pierre Lambert, évêque de Caserte, au sujet du remplacement des Célestins d'Annecy par des Cordeliers. Annecy, 23 août 1532.
Jhesus Maria.
Mons: de Casartes, j'ay repceu vostre lettre, vous merciant bien fort de ce qu'estes content à ma requeste et devotion de mettre des . religieux de l'Observance de sainct François au lieu des Célestins en vostre monastère de ma ville d'Annessy ; par quoy vous prie y vou- loir mettre gens scavens ; comme scavés le temps le requiert et ferés faire le depeche devers nostre sainct Pere comme m'’avés escript; pour ce que quant plus tost si fera le service de Dieu, sera le mieulx et désire avoir lesdicts religieux en singulière recommendation, tant pour ce qu'il sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy, que aussi pour l’amour de vous. Et quand en chose auray pouvoir vous fere plaisir, le feray de très bon vouloir, priant le Créateur vous donner bonne vie et longue. D’Annessy, ce xx11j d'aoust [1532].
Vostre bon amy le duc de Nemouf{k)x (2).
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine papier.
II Leitre du même au même, sur le meme sujet. Rossillion, 13 no- vembre 1532.
Révérend, très cher et bon amy. Pour ce que l'ordre des Célestins
(1) ResorD, Cathédrale...….., p. 66-70. (2) Philippe de Savoie, duc de Nemours et de Genevois, mort à Marseille
le 15 novembre 1533.
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que ci-devant avés commancé en nostre ville d’Annessy ne nous a esté aggréable, obstant le mescontement et desplaisir que nous sub- jectz et manantz audict lieu en avoyent, tant pour la cherté qu'ilz Convertoyent journellement à aulcuns vyvres, comme pour le peu du Service qu'on pourroit avoir d'eulx, nous avons bien voulse vous en escripvre ceste et prier très affectueusement vouloir obtempérer et condescendre à nostre plaisir et vouloir et à ce effect de nouveau doter et fonder aultre ordre et couvent que desdicts Célestins, où il Y ait religieux de bonne et dévote profession, souffisantz à preschier publiquement toutes les foys que besoing et requis sera, qui assistent aux obsèques et processions que ci après conviendra fère, qui mangent Chair et poissons selon les jours, à ce que par eulx ne soit rien innové, ET au remenant vouloir bien vous accertainer que nous ferés plaisir Plus grant que ne pourriés penser de donner tel ordre en ce faisant que Une bonne leçon se puisse faire chascun jour publique en philo- Sophie ou théologie pour l’entretenement et accroissement de nostre SainCte foy catholique, au vitupère et renversement de Luther et sa SCandaleuse secte. Et quoy faisant nous aurons tousjours de mieulx
€N Mieulx vous et les affères de vostredict couvent en meilleure et
Plus entière recommendation. Le scet Nostre Seigneur qui vous donne. révérend, très cher et bon amy, ce que plus desirez. De Rossillion le x11j de novembre [1532].
ab
Le bien vostre amy
Le duc de Nemoux, | PHILIPPE.
Belli.
À Révérend nostre très cher et bon amy messire Pierre Lambert,
breviateur apostolique. Au dos : Coppies de lettres de Philip, duc de Nemors, à mess. de
Casartes por faire oster les Celestins.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine papier.
II
Letese du duc de Savoie, Charles, à l'évéque de Caserte. au sujet du
T©mnplacement des Célestins d'Annecy par des Cordeliers." Turin, 9 janvier 1534. |
Révérend père en Dieu, très cher, bien amé et féal conseiller, nous Wons entendu que feu mon frère le comte de Genevoys, en son VWant, vous avoit prié et insté de vouloir fère mectre au monastère A'avés faict édiffier [à] Annessy, au lieu des Célestins, d’aultres reli-
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gieulx de l’ordre de l’Observance Sainct Françoys, ce que luy avyés accordé ainsi que bien avons sceu. Et puisque la chose n’est sortie à effect vivant mondict frère, saichant la singulière dévotion et affec- tion qu'il avoit en ce affère, désirant que la chose s’accomplisse jouxte son intention et vostre promesse, à ceste cause nous vous prions tresacertes vouloir supplier nostre sainct Père encoures de nostre part qu'il plaise à sa Saincteté supprimer l’ordre desdicts Célestins et admectre celluy de l’Observance en vostredict monas- tère, que sera grant consolation, non seullement à ceulx dudict Annessy, mais de tous les lieux circunvoisins, d’aultant que lesdicts de l'Observance sont bons et dévotz religieulx et preschent la parole divine, qui est chose très convenable pour nostre saincte foy, mes- mement en ce quartier là. Et ce faisant vous ferés chose à Dieu aggréable, utile à la religion catholique et à nous singulier plaisir. En vous disant adieu, révérend père en Dieu, très cher, bien amé et féal conseiller, qui vous ait en sa garde. A Thurin, le 1x° janvver XVe XXXII Le duc de Savoye, CHARLES.
Au dos : À Révérend père en Dieu, nostre très cher bien amé et féal conseiller l’evesque de Casaite.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, papier.
IV
Bref de Clément VII 'au ministre provincial des Cordeliers de la province de Saint-Bonaventure, lui permettant d'introduire des reli- gieux de sa province à la place des Célestins d'Annecy. Rome, 27 février 1534.
CLEMENS PAPA VII. Dilecte fili, salutem et apostolicam bene- dictionem. Benivolum iliis favorem libenter impendimus in quorum desideriis habetur ut sacra religio multiplicatis illius cultoribus propagetur. Cum itaque, sicut dilectus filius nobilis vir Carolus dux Sabaudiae nobis nuper exponi fecit, licet alias felicis recordationis Leo papa X praedecessor noster, motu proprio et ex certa ejus scien- tia, dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi, etiam tunc litterarum apostolicarum majoris praesidentiae abbreviatori, in oppido Annessiaci, Gebennensis diocesis, et loco tunc expresso unum monasterium cum ecclesia, campanili, campanis, dormitorio, refe- ctor1o, ortis, ortaliciis et aliis officinis necessariis construi et aedi- ficari faciendi ac inibi fratres ordinis Caelestinorum ex provincia Franciae, secundum morem ipsius Ordinis, introducendi ipsisque fratribus locum ipsum recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam auctoritatem
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LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 23
etfacultatem per suas litteras concesserit; et postquam monasterium ipsum constructum foret, illud in monasterium dicti ordinis, sub invocatione sanctae Crucis, pro uno priore et ad numerum qui juxta ipsius monasterii facultates in eo commode sustentari pro tempore possent fratribus ejusdem ordinis qui inibi sub regulari observantia, cura, superioritate et directione prioris provincialis dictae provinciae pro tempore existentis Altissimo famularentur erexerit et instituerit; necnonilli sic erecto, pro ejus dote, omnia et singula bona per ipsum Petrum ad id pro tempore concedenda et assignanda ex tunc prout, ex eadieete contra cum concessa et assignata forent, perpetuo applicaverit et appropriaverit, prout in. eisdem litteris plenius conti- netur, necnon concessionis hujusmodi vigore monasterium ipsum et pro certa parte illius ecclesia post modum constructa et, post conces- sionem litterarum hujusmodi, fratres dicti ordinis inibi introducti fuerint et per certum tempus permanserint, cum tamen a certis annis atra, fratres ejusdem ordinis inibi degentes non fuerint nec de prae- senti existant, nullaque bona temporalia adhuc per ipsum Petrum assignata extiterint et fratres ordinis hujusmodi verbum Dei non praedicent, nec ad salubria monita ad salutem arimarum danda intenti existant, neque ad processiones et exequias mortuorum acce- dant, ipsique fratres, pro quorum paucis sustentandis multi proven- tus sunt necessarii, plura bona acquirere studeant ac propterea beni- volentiam populi sibi minus yendicent et dilecti filii oppidani ejusdem oppidi potius viderent in eodem monasterio fratres Ordinis Minorum regularis Observantiae introduci quam fratres Ordinis Caelesünorum hujusmodi habitare; si fratres Ordinis Minorum regu- laris Observantiae hujusmodi in ipso monasterio introducerentur, profecto religio inibi per amplius propagaretur et in majori numero religiosi qui circa divinorum celebrationem et confessionum auditio- nem ac verbi Dei praedicationem solliciti et diligentes existerent Altissimo famulatum exhiberent ac etiam eorum vita et doctrina incolae dicti oppidi et alii fideles non parvam spiritualem consola- tionem susciperent et animarum salus proveniret; Nos qui religio- nem hujusmodi vigere et amplificari ac salutem animarum propagari sinceris exoptamus affectibus, dictarum litterarum tenores ac si de verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro expressis habentes,
ejusdem Caroli ducis, qui etiam dicti oppidi supremus in temporali-
bus dominus existit, in hac parte supplicationibus inclinati, cum
psius Petri electi ad hoc expressus accedat assensus, discretioni
Tue in ipso monasterio fratres eorundem Ordinis Minorum et regu-
laris Observantiae introducendi seu introduci faciendi ac fratribus
Ordinis Minorum et Observantiae hujusmodi monasterium ipsum
Pro éorum domo et usu recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis
licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam, auctoritate
2postolica, tenore praesentium, facultatem concedimus, ac eidem
MOnasterio necnon gardiano et fratribus Ordinis Minorum et Obser-
“anuse praedictorum, in eo pro tempore degentibus ut omnibus et
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singulis privilegiis, immunitatibus, gratiis, exemptionibus, indulgen- tiis, concessionibus et indultis aliis domibus ordinis Minorum et Observantiae praedictorum ac illorum gardianis et fratribus per sedem apostolicam concessis et concedendis, ac quibus illae etilli de jure vel consuetudine utuntur, potiuntur et gaudent, ac uti, potiri et gaudere poterunt quomodolibet in futurum, uti, potiri et gaudere libere et licite valeant, auctoritate et tenore praedictis perpetuo con. cedimus et pariter indulgemus. Mandantes dilectis filiis Decano ecclesiae Beatae Mariae Letae ejusdem oppidi, ac Gebennensi et Lausanensi officialibus, quatinus ipsi vel duo aut unus eorum per se, vel alium, seu alios, tibi et per te, introducendis fratribus in praemissis efficacis defensionis praesidio assistentes, faciant aucto- ritate nostra vos concessione et indulto praedictis pacifice gaudere. Non permittentes vos desuper per quoscunque quomodolibet mole- Stari, perturbari vel inquietari contradictores, per censuram ecclesia- sticam, appellatione postposita, compescendo, non obstantibus prae- missis ac quibusvis constitutionibus et ordinationibus apostolicis, necnon dicti Ordinis Caelestinorum juramento, confirmatione apo- stolica vel quavis firmitate alia roboratis et consuetudinibus, necnon quibusvis privilegiis, indultis et litteris apostolicis, sub quibuscumque tenoribus et formis ac cum quibusvis clausulis et decretis in contra- rium forsan concessis. Quibus omnibus, tenores illorum ac si de verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro sufficienter expressis habentes, illis alias in suo robore permansuris hac vice duntaxat specialiter et expresse derogamus, contrariis quibuscumque aut si aliquibus communiter vel divisim a dicta sit sede indultum, quod interdici suspendi vel excommunicari non possint per litteras apo- stolicas non facienter plenam et expressam ac de verbo ad verbum de indulto hujusmodi mentionem. Datum Romae, sub annulo pisca- toris, die XXVIIa februarii M. D. XXXIV, pontificatus nostri anno undecimo.
Balar Depiscia. Sur le repli : Cae. Accurrius. Au dos : Dilecto filio ministro (1) fratrum Minorum regularis
Observantiae provinciae sancti Bonaventurae secundum morem ejusdem ordinis.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin.
\
(1) Philippe Truchetan, du couvent de Sainte-Marie de Chambéry.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 25
V.
Bref de Clément VII au gardien et aux Frères Mineurs d'Annecy, leur permettant d'occuper le monastère des Célestins de cette ville et mandant à l'évéque de Belley, et aux officiaux de Genève et de Lausanne, de leur prêter main forte contre les opposants. Rome, 25 août 1534.
CLEMENS PAPA VIl:. Dilecti filii, salutem et apostolicam bene- dictionem. Dudum postquam felicis recordationis Leo papa X* pr{ale- decessor noster dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi, referendario nostro, etiam tunc litteratum apostolicarum majoris praesidentiae abbreviatori, in oppido Annesiaci Gebennensis diocesis, et loco tunc expresso unum monasterium cum ecclesia et oflicinis necessariis construi faciendi per suas litteras licentiam concesserat et cum monasterium ipsum constructum foret, illud in monasterium Ordinis Celestinorum, sub invocatione Sanctae Crucis, pro uno priore et fratribus ipsius ordinis inibi Altissimo famulaturis erexerat et instituerat illique sic erecto, pro ejus dbte, bhona per ipsum Petrum electum ad id assignanda perpetuo applicaverat et appropriaverat ac postmodum monasterium ipsum et pro certa parte illius ecclesia constructa et post concessionem hujusmodi fratres dicti ordinis inibi introducti fuerant et per certum tempus per- manserant, cum a cerüs annis fratres ejusdem ordinis inibi degentes non fuissent nec tunc existerent, nullaque bona temporalia adhuc per dictum Petrum :1lli assignata extitissent, Nos, ex certis causis tunc expressis, dilecto filio Ministro Ordinis Minorum regularis Observan- tiae [novinciae] sancti Bonaventurae, de consensu dicti Petri electi, in ipso monasterio fratres eorumdem ordinis Minorum et regularis Observanti[aje introducendi ac fratribus ordinis Minorum et Obser- vantif[aje hujusmodi monasterium ipsum pro eorum domo et usu recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis licentia super hoc minime requisita, plenam et liberarm per nostras in forma brevis lit- teras facultatem concessimus, prout in eisdem litteris plenius con- tinetur. Cum autem, sicut dictus Petrus electus nobis nuper exponi fecit, vos concessionis nostrae hujusmodi vigore in dicto monasterio introducti fueritis, et ex vestra exemplari ac religiosa vita necnon circa divinorum celebrationem sollicitudine et diligentia orthodoxae fidei cultores non modicam spiritualem consolationem suscipiant, Nos attendentes uberes fructus quos sacer ordo vester in agro mili- tantis ecclesiae in propagatione religionis ac ipsius orthodoxe fidei hactenus produxit, et in futurum producturum firma spesperamus, ac dignum censentes ut, circa ea que status vestri sollidationem et quietem concernunt, nos favorabiles exhibeamus ac singularum lit- terarum predictarum veriores tenores pro expressis habentes, ejus- dem Petri in hac parte supplicationibus inclinati introductionem ves- tram hujusmodi ac inde secuta qu{alecunque ex certa nostra scientia
26 CLAUDE FAURE
auctoritate apostolica tenore pr{ajesentium approbamus et confir- mamus, ac valida et efficacia existere et firmiter observari debere, ipsumque monasterium per vos et alios fratres Ordinis Minorum regularis Observanti{ale predictos, perpetuis futuris temporibus, habi- tari et possideri debere, nec desuper per quoscumque quomodolibet molestari vel impediri posse et sic per quoscumque judices, quavis auctoritate fungentes, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter judicandi et interpretandi facultate et auctoritate, judicari et diffiniri debere, necnon quicquid secus attemptari contigerit irritum et inane decernimus, supplentes omnes et singulos juris et facti ac solem- nitatum defectus si qui forsan intervenerint in eisdem, mandantes venerabili fratri episcopo Bellicensi, necnon dilectis filiis Gebennensi et Lausanensi officialibus quatenus ipsi vel duo aut unus eorum per se vel alium seu alios vobis in pr{alemissis efficacis defensionis pr{ajesidio assistentes, faciant auctoritate nostra vos possessione monasterii seu domus hujusmodi pacifice gaudere, non permittentes vos desuper per quoscunque quomodolibet molestari seu impediri, contradictores quoslibet et rebelles per censuras et penas ecclesiasticas, appel- latione postposita, compescendo, ac censuras et penas ipsas iteratis vicibus aggravando, invocato etiam si opus fuerit auxilio brachii s[ajecularis, non obstantibus pr[a]emissis ac felicis recordationis Boni- facii pape VIII praedecessoris nostri de una et concilii generalis, de duabus dietis dummodo ultra tres dietas aliquis auctoritate pr{a]esen- tium non trahatur et aliis apostolicis constitutionibus, necnon omnibus illis que in dictis litteris voluimus non obstare contrariis quibuscunque, aut si aliquibus communiter vel divisim ab apostolica sit sede indultum quam interdici suspendi vel excommunicari non possint per litteras apostolicas non facientes plenam et expressam ac de verbo ad verbum de indulto hujusmodi mentionem. Datum Romae, apud Sanctum Petrum, sub annulo piscatoris, die XXV
augusti MDXXXIIII, pontificatus nostri anno undecimo. L. de Torres.
Sur le repli : Jo. Mileti. Au dos : Dilectis filiis guardiano et fratribus domus sanctae Crucis oppidi Annessiaci ordinis Minorum regularis Observantiae.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin.
VI
Bref de Clément XIV unissant les Frères Mineurs de l'Observance de la custodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs Conventuels, supprimant les Cordeliers d'Annecy et concédant la proprieté et l'usage de leur couvent et de leur église à l'évèque et au chapitre de Genève. Rome, 24 août 1771.
Clemens Papa decimus quartys. Ad futuram rei memorigm. Felici
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 27
sc tranquillo statui illorum qui divinis obsequiis sub regulari insti- toto sunt mancipati, pro commissi nobis coelitus pastoralis officii munére, patrona Caritate consulere cupientes, ea omnia favorabiliter concedimus, quae ipsorum quieti ac tranquillitati fore conspicimus opportuna. Nuper siquidem exponi nobis fecerunt dilecti filii fratres Ordinis Minorum Sancti Francisci, de Observantia nuncupati, custodiae Sancti Mauritii in ducatu Sabaudiae, quod cum ipsi aeque & fratres Ordinis Minorum Sancti Francisci Conventualium nuncu- pati, bona stabilia in communi ibi possideant, hinc ab aliis fratribus Ordinis Minorum ejusdem Sancti Francisci de Observantia, qui bona hujusmodi minime possident, separari ac iisdem fratribus Minorum Conventualium uniri plurimum exoptabant. Quocirca, annuente etiam charissimo in Christo filio nostro Carolo Emmanuele, Sardiniae rege illustri et Sabaudiae duce, praefati exponentes ad iconsensum petierant, et obtinuerant, tam adilecto filio Paschale a Varisio, ministro generali praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci de Observantia, quam a dilecto itidem filio Aloysio Maria Mazzoni, ejusdem Ordinis Minorum Conventualium ministro generali, qui anbo propter uniformitatem inter utriusque Ordinis professores, illic igentem separationem hujusmodi, ac respective exoptatam unionem in Omnium utilitatem ac pacem cessuram esse unanimi consensione censuerunt.
Cum autem, sicut eadem expositio subjungebat, ut separatio ac respectiva unio hujusmodi suum consequantur effectum, dicti txponentes dispensationem et absolutionem ab omnibus one- nbus præefato Ordini Minorum Sancti Francisci de Observantia annexis ex professione regulari per eos emissa, aut etiam Jjuramento inductis, exceptis tribus votis solemnibus, per nos sibi concedi, tosque ab obedientia suorum respective Superiorum dicti Ordinis Minorum de Observantia eximi ac liberari ; et regulae, constitutio- abus ac legibus praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci Conven- tualium, eorumque generali ac provinciali respective ministro sub- lci, eorumque privilegiis uti posse plurimum desiderent; Nobis Propterea humiliter supplicari fecerunt, ut sibi in praemissis ‘Pportune providere, et ut infra indulgere de benignitate apostolica dignaremur.
Nos igitur ipsos exponentes specialibus favoribus et gratiis Prosequi volentes, eorumque singulares personas a quibusvis *Kommunicationis, suspensionis, et interdicti, aliisque ecclesiasticis #nentiis, censuris et poenis a jure vel ab homine, quavis occasione vel causa latis, si quibus quomodolibet innodatae existunt, ad flectum praesentium duntaxat consequendum, harum serie absol- Tentes, et absolutos fore censentes, hujusmodi supplicationibus inclinati, cum iisdem fratribus Ordinis Minorum Sancti F rancisci de Observantia nuncupati dictae custodiae Sancti Mauritii in Sabaudia super voto perpetuae obedientiae pro tempore existenti ministro Benerali Ordinis Minorum Sancti Francisci de Observantig prae-
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”standae per eos emisso, autoritate apostotica tenore praesentium dis- pensamus, eosque ab omnibus oneribus eidem ‘Ordini Minorum de Observantia annexis, et ex regulari professione per ipsos emissa, aut etiam juramento inductis (exceptis tribus votis solemnibus) autoritate et tenore praefatis absolvimus, atque ab omni superioritate, corre- ctione, visitatione, autoritate et jurisdictione ministri generalis ejus- dem Ordinis Minorum de Observantia eximimus et liheramus; ipsos- que, sic ut praefertur, ab omnibus praemissis absolutos, exemptos et liberatos regulae constitutionibus et legibus praefati Ordinis Minorum Conventualium, ejusque pro tempore tam generali quam provinciali respective ministro perpetuo subjicimus ac subjectos fore . et esse volumus et declaramus; ac eisdem habitu, nuncupatione, privilegiis, praerogativis, gratiis et indultis quibus fratres conven- tuales praefati quomodolibet utuntur, fruuntur et gaudent, ac uti, frui et gaudere possunt ac poteruntin futurum pari modo et absque ulla prorsus differentia uti, frui et gaudere libere ac licite possent et valeant pari autoritate et tenore decernimus atque statuimus.
Ut autem recte ac facilius separatio ac unio hujusmodi suum reipsa consequantur effectum, et de doctrina, prudentia, pietate, charitate et religionis zelo dilecti filii Angeli Francisci Salietti de Monte Calerio, fratris expresse professi ac in sacra theologia magistri et definitoris perpetui ejusdem Ordinis Minorum Conventualium, plurimum in Domino confisi, ipsum Angelum Franciscum in com- missarium et visitatorem apostolicum omnium conventuum Ordinis Minorum, tam Conventualium quam de Observantia, in ducatu Sabaudiae existentium, cum facultatibus necessariis et opportunis, autoritate et tenore praefatis eligimus et constituimus et deputamus, ad hoc praesertim, ut conventus eorumdem Fratrum Minorum de Observantia in ducatu Sabaudiae hujusmodi existentes, nempe Sanctae Mariae Ægvptiacae Camberii, Sancti Francisci Annecii, Sancti Francisci Aquiani, vulgo Evian nuncupati, Sancti Michaelis apud Forum Claudii, vulgo pariter Moutier nuncupati, Sanctae Mariae Meani et Sancti Francisci apud Scallas, vulgo Échelles, aucto- ritate nostra apostolica visitare, eorumque status, capitalia, jura et bona inquirere possit ac valeat. Quoniam vero praefati Conventus paupertate et egestate, sicut accepimus, premuntur, hinc eidem Angelo Francisco commissario ac visitatori a nobis, ut praefertur, constituto, facultatem super omnes conventus tam Minorum Con- ventualium quam Minorum de Observantia ducatus Sabaudiae praefati, et nempe ad quemlibet minorem numerum, prout opus erit, redigendi,necnon cum consensu tamen ejusdem Caroli Em[mlJanuelis regis, eorum bona vendendi, alienandi, transferendi, commutandi, ac ea omnia investiendi quae transferri, vendi, seu commutari, aut investiri rationabiliter debent, simulque singula distribuendi atque applicandi superstitibus conventibus, juxta datam sibi a Domino prudentiam, et prout magis expedire judicabit, pari auctoritate tenore praesentium concedinus et impertimus.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 29
Praeterea cum, sicut etiam accepimus, commoditas incolatus venerabili fratri episcopo Gebennensi deficiat et adhuc desideretur ecclesia, in qua tum ipse, tum etiam dilecti filii capitulum et cano- pici sacras functiones peragere divinaque officia eo quo parest decore celebrare possint ac valeant, hinc est quod nos tam gravi ipsorum necessitati paterna caritate consulere volentes, conventum et eccle- siam Sancti Francisci Annecii, motu proprio, eisdemque aufc]toritate et teñore perpetuo supprimimus, ac quamcumque regularitatis qualitatem ab eis tollimus et amovemus, eumdemque conventum cum suis omnibus annexis et connexis, domibus, si quae sint, et ab co dependentibus pro commoda ac necessaria habitftJatione pro tempore existentis episcopi Gebenensis concedimus et assignamus, ecclesiamque praefatam cum omnibus sacris illius suppellectilibus episcopo et capitulo, tam quoad proprietatem quam quoad usum, pro peragendis ibidem sacris functionibus, aufcjtoritate et tenore praelatis perpetuo tribuimus et applicamus ; ita tamen ut bona tam mobilia quam stabilia praefati etiam conventus Annecii ad Fratres Conventuales praefatos, tam quoad possessionem quam quoad dispo- sitionem, spectent atque pertineant.
Volumus autem quod monasteria dilectarum in Christo filiarum monialium in eodem ducatu Sabaudiae existentium, quarum spiri- tuaiis directio modo penes eosdem Fratres Ordinis Minorum Sancti Francisci de Observantia residet, in posterum, conservato omnino ilorum instituto, apud Fratres ipsos in Conventuales redactos, ubi eorum conventus etiam in posterum subsistent ac reperiantur, Semper permaneat. Quod si conventus illorum locorum, in quibus Munasteria monialium hujusmodi existunt, auferantur (ut praefertur) vel supprimantur, tunc omnimodam spiritualem quoque eorum directionem ad episcopos seu locorum ordinarios pertinere debere statuimus atque mandamus, decernentes easdem praesentes litteras semper lirmas, validas et efficaces existere ac fore, suosque plenarios étintegros effectus sortiri et obtinere, ac illis, ad quos spectat, et Pro tempore quandocumque spectabit, in omnibus et per omnia plenissime suffragari, et ab eis respective inviolabiliter observari, sicque in praemissis omanibus et singulis per quoscumque judices ordinarios et delegatos, etiam causarum palatii apostolici auditores sanctae Komanae ecclesiae cardinales etiam de latere legatos et ipostolicae sedis nuntios, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter judicandi et interpretandi facultate et aufcJtoritate judicari et definiri debere, ac irritum et inane si secus super his a quoquam quavis au{ctoritate scienter vel ignoranter contigerit attentari, Non obstan- bus praemissis ac constitutionibus et ordinationibus apostolicis, necnon ordinum, conventuum et monasteriorum hujusmodi, etiam juramento, confirmatione apostolica, vel quavis firmitate alia roboratis, statutis et consuetudinibus, privilegiis quoque, indultis et ltteris apostolicis superioribus et personis sub quibuscumque teno-
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ribus et formis, ac cum quibusvis etiam derogatariarum derogatoriis, aliisque efficacioribus efficacissimis ac insolitis clausulis, irritanti- busque et aliis decretis in genere vel in specie, ac alias in contra- rium quomodolibet concessis, approbatis et innovatis. Quibus omnibus et singulis etiamsi de illis eorumque totis tenoribus spe- cialis, specifica, expressa et individua ac de verbo ad verbum, non autem per clausulas generales idem importantes mentio, seu quaevis alia expressio habenda, aut aliqua alia exquisita forma ad hoc ser- vanda foret, illorum omnium et singulorum tenores praesentibus pro plene et sufficienter expressis ac de verbo ad verbum insertis habentes, illis alias in suo robore permansuris ad praemissorum effectum, hac vice duntaxat, specialiter et expresse derogamus, caeterisque contrariis quibuscumque. Datum Romae, apud Sanctam Mariam Majorem, sub annulo piscatoris, die vigesims quarta august anni millesimi septingentesimi septuagesimi primi, pontificatus nostri anno tertio. — Signatum in originali : cardinalis Nigronus. Sigillatum a tergo sigillo piscatoris.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361 (copie, papier).
Ce bref a été publié partiellement par le P. ANGLADE dans l’Archiy. francisc. histor., t. VII, Quaracchi, 1914, p. 422-423, d’après les . Mém. de l'Académie des sciences ... de Savoie, IVe série, t. V (1895), p. 556-558.
VII
Acte d'état de l'église des Rds Cordeliers de la ville d'Annecy, 16 janvier 1772.
Je soussigné Henri Quenot, architecte pattenté de la royale Uni- versité de Turin, certifie qu’ayant été requis par Monseigneur l'Ile et Redm* évêque et prince de Genève, et par les députés du vénérable chapitre de la cathédrale de Saint-Pierre de Genève, pour visitter et faire mon rapport sur l’état actuel où se trouvent l’église, la sacristie, le clocher et accessoires dépendant du couvent des RR. PP. Cordeliers de Saint-François de la ville d'Annecy, j'ai procédé à ladite visitte avec toute l’exactitude possible, en l’assis- tance de Rd Sieur Viviant, chanoine et grand vicaire, comme député par Sa Grandeur et des Rds Sr: Derippes, Perraud, de Bellair et Sinton, députés de la cathédrale, et du Ra P. Muraz, tant ensa qualité de gardien, que comme député du Rd Père Salliety, commis- saire apostolique, et ai trouvé les choses dans l’état cy-après spécifié.
1° J'ai remarqué que la terrasse du perron n’a jamais été finie, n’ÿ ayant point de parapet, et que plusieurs pierres se sont dérangées, et
hors de leur lict par la poussée du terrein, et les deux rampes col- latérales sont en très mauvais état.
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LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 31
2° La façade du frontispice construitte en taille de roch de même que le fronton quien résulte, qu’il n’a pas été achevé, et hors de son aplomb par la poussée des voutes d'environ deux pouces, et la plus grande partie des joints de ladite façade se trouvent dégarnis par défaut de Manutention, s’y étant introduit plusieurs mauvaises herbes dans les susdits joints, ce qui pourroit par la suite causer la ruine de la susdite façade, comme encore plusieurs écornures qui S'y trouvent tant aux bazes, pilastres, chapiteaux, corniches et entablement.
3° Les trois portes d'entrée de l’église en bois noyer doublées en Sapin, sont dans un état à durer encore quelque temps, en y appli- AMantune bonne couleur à huile dégraissée.
4 Tout le contenu du souspied de ladite église est entièrement use et doit être refait à neuf.
5 La chaire est en bois de noyer neuve, de même que la rampe du degré, le tout en bon état.
6 Deux confessionaux en bois sapin de médiocre valeur, sans Y Comprendre ceux de la cathédrale.
7° Un banc en bois noyer en forme de prie-Dieu de médiocre valeur,
8e Les Stalles, soit formes et basses formes, sont en bois de noyer
€ Chaque côté du chœur qui n’ont jamais été finies, sont fort usées a endommagées, surtout dans la partie supérieure, de même que le SOUSPled qui en résulte.
S Le maître autel est en bois de noyer sans couleur ni dorure, d'un goût antique ; le retable composé de quatre colonnes torses SEC Son entablement surmonté d’un crucifix, est dans un état de
térioration qui n’est pas susceptible de réparation, de même que le Marchepied qui en résulte, comme encore le tabernacle qui est en (Ture antique, usé et détérioré.
10 Il y à douze chapelles, dont celle de Saint-François, de Notre- ime de Délivrance, de Saint-Antoine de Padoue, de Notre-Dame des Carmes, ont les retables cn partie dorés et en assez bon état; celle de vuint-Joseph, des Saints Come et Damien, de Notre-Dame de Pitié et des Quatre Couronnés dont les retables sont fort simples .N partie dorés, sauf le dernier qui est en couleur, sont de “édiocre valeur; celles de Saint-Barthélemy, de Notre-Dame de nnss Nouvelles, de Saint-Charles et de Saint-Honoré sont pour le
En très mauvais état, de même que tous les marchepieds et Ant d'autels: les balustrades qui en résultent sont de même lès mauvais état et demandent à être réparées, sauf le grillage $r de Notre-Dame de Délivrance et l'appui de communion At la chapelle de Saint-François, aussi en fer, et les nappes de Autels sont de peu de valeur; tous les tableaux des susdites
Pelles sont de très peu de valeur, aussi bien que celui du maître 9 el, ont la plupart sont d’une peinture grossière et antique et Vont par écailles. Outre lesdites chapelles, il y a dans la salle
dev en
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du chapitre un autel avec un crucifix en tableau attaché à la muraille, le cadre de l’autel est en bois sapin d'assez bonne valeur, mais très simple.
119 La tribune au bas de l’église en bois sapin est de peu de valeur, de même que le buffet des orgues, qui est en bois de noyer posé sur ladite tribune, aussi de peu de valeur.
12° Toute la vitre à plomb de ladite église demande à être réparée, de même que celle de la sacristie ; les guichets en bois des susdites fenêtres demandent une prompte réparation, se trouvant de nulle valeur.
130 Dans la sacristie, il y a un prie-Dieu, un siège à places et un garderobbe entre les deux fenêtres, d’assez bonne valeur; il y a de plus des buffets à hauteur d'appui, garnis de tiroirs de médiocre valeur.
14° [1 y a dans le mur derrière le chœur trois grandes lézardes qui sont occasionnées par les poussées des voûtes, et les augives sur- plombent d'environ trois pouces, outre ce il y a plusieurs autres lézardes notamment prez de la façade. .
15° La charpente du comble de l’église au-dessus de la grande nef peut subsister en y changeant plusieurs pièces, et demande prompte réparation, eu égard aux gouttières, qui endommagent la voûte de l'église.
16° Toute la charpente au-dessus des nefs latérales est fort caduque et demande prompte réparation, eu égard au nombre des gouttières, comme est dit dessus, toute la susdite charpente à refaire à neuf, la plus grande partie des bois étant pourris et vermoulus.
179 Il y a deux grandes lezardes ét plusieurs petites à la voûte de la grande nef, outre que l’on n'a pas pu s'assurer du dégât causé par les gouttières ; les voûtes des deux nefs latérales ne sont pas beau- coup endommagées, sauf trois arcs d’appui au-dessus des susdites nefs, qui demandent prompte réparation, eu égard que s'ils venoient a tomber, 1ls romproient la voûte.
18° L’église a de longueur 129 pieds 10 pouces, composée de trois nefs ; la largeur du vuide de toute l’église emporte 57 pieds 8 pouces; la hauteur de la grande nef 5o pieds, la hauteur des petites nefs 28 pieds, le tout pied de chambre {1}; tous les murs de la susdite église demandent à être regarnis et recrépis en dehors, et platris et blanchis en dedans, de même que toutes les voûtes où il y a beau- coup de lézardes cachées qui demandent à être réparées.
19° La tour du clocher qui n’a jamais été finie a besoin d’être remaillée et recrépie en plusieurs endroits, les planchers de la sus- dite tour sont de nulle valeur, de même que les escaliers en bois ont besoin d'être refaits.
(1) Le pied de chambre est une mesure de Savoie valant o m. 339; il était divisé en 12 pouces.
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209 Le beffroi est d’assez bonne valeur en bois de chêne, sauf trois sommiers qui le portent, qui sont trop faibles, étant étayés avec du mauvais bois de sapin ; cet article demande prompte réparation.
219 Les cloches au nombre de quatre sont bonnes, à part le bat- tant de la grande qui s'est aplati par le laps de temps et qui pourroit casser ladite cloche, si l’on n’y porte une prompte réparation. La grande cloche a quatre pieds quatre pouces de diamètre, pied de chambre ; la seconde a 3 pieds 2 pouces de diamètre; la troisième a 2 pieds 8 pouces ; la quatrième a un pied 7 pouces; tous les bat- tants des susdites cloches demandent à être raccommodés.
22° Toute la charpente du comble du clocher est en bois sapin, les bois qui le composent sont en partie pourris et vermoulus, et hors de service, le tout menaçant une ruine prochaine; cet article demande une prompte réparation. Le tout quoy j'atteste véritable et signerai cy après. Annecy, ce 16 janvier 1772.
Quenot, architecte. Viviant, vicaire général, député. Desrippes, chanoine, député. C. Perraud, chanoine, député. Belair, chanoine, député. Portier de Sinton, chanoine, député.
Fr. Alexis Muraz, gardien.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier.
VIII
Acte d'état du couvent des Rds Cordeliers de la ville d'Annecy et de la maison qui en dépend, 17 janvier 1772.
Je soussigné Henry Quenot, architecte pattenté de la Royale Université de Turin, certifie qu'ayant été requis par Monseigneur l'Illme er Revme évêque et prince de Genève, pour visiter et faire mon rapport sur l’état actuel où se trouvent le couvent et la maison qui en dépend, jointe et adossée audit couvent, des RR. PP. de Saint- François de la ville d'Annecy, j’ai procédé à ladite visite avec toute l'exactitude possible, en l’assistance du Rd Père Muraz, gardien dudit couvent, tant en sa qualité de gardien que comme député du Ré père Sallietti, commissaire apostolique, et ai trouvé les choses dans l’état comme cy-après spécifié.
1° J'ai remarqué que toute la charpente du comble dudit couvent est en bois sapin, fort ancienne, en partie pourrie et vermoulue, et demande une prompte réparation, eu égard au nombre de gout- tières qui pourrissent et endommagent les planchers, à part une partie de la susdite charpente visant sur la cour du côté de la rue, qui pourroit subsister encore quelque temps, en y changeant quelques pièces et regotoyant le couvert,
2° J'ai remarqué que tous les planchers de l’étage supérieur sont en bois de sapin fort anciens, et en partie pourris et vermoulus et ne
Revuz D'HISTOIRE! FRANCISCAINE, t. III, 1937. 3
34 CLAUDE FAURE
peuvent pas subsister longtemps sans réparation et demandent d’être refaits à neuf.
3e Tous les souspieds du susdit étage sont beaucoup endommagés et demandent à être réparés.
4° Tous les planchers ‘du premier étage sont en bois sapin et d'assez bonne valeur, et peuvent subsister encore longtemps, en y faisant quelques réparations, de même que les sous-pieds.
5° Les murs du couvent sont fort anciens, y ayant des lézardes à plusieurs endroits, notamment le mur du réfectoire visant au midy et couchant demande à être refait à neuf en partie, de même qu'une partie du mur visant sur la rue qui a souffert l'incendie, et par ce moyen le mortier se trouve être calciné.
6° La plus grande partie des portes et fenêtres du couvent demande à être réparée.
7° Toute la charpente du comble de la maison qui est adossée au couvent est en bois et d'assez bonne valeur, à part quelques chevrons qui ont besoin d’être remplacés, de même que le couvert qui a besoin d'être réparé, y ayant plusieurs gouttières dans tout le contenu du susdit couvert, qui pourrissent et endommagent les planchers; cet article demande une prompte réparation.
8° Tous les planchers de la susdite maison, de mème que les sous-pieds, sont en bois sapin d’assez bonne valeur, à part les planchers de l’étage supérieur qui se trouvent être endommagés à plusieurs endroits par les gouttières fréquentes qui se trouvent au couvert.
9° Tous les murs de la susdite maison ne sont pas anciens, mais composés de très mauvais mortier et ayant donné coup à plusieurs endroits, ce qui a causé plusieurs lézardes qui demandent à être réparées, la façade du susdit bâtiment visant sur la rue se trouve beaucoup plus faible que les murs de refend.
1e Toutes les portes et fenêtres de la susdite maison sont d'assez bonne valeur, à part quelques-unes qui demandent d’être réparées. Le tout quoy j'atteste véritable. Annecy, ce 17 janvier 1772.
Quenot, architecte. J. P., évêque de Genève. F. Alexis Muraz, gardien.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier.
IX
Inventaire des archives du Couvent des Cordeliers d'Annecy, 3 février 1772.
Inventaire des titres du couvent de Saint-François d'Annecy que le très Ra Père Sallietti, commissaire apostolique, a remis à Monsei-
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 35
gneur l’illustrissime et révérendissime évêque et prince de Genève, aujourd’huy trois février mille sept cent soixante et douze (1).
Concernant les fours procédés du Sr Crochon.
La fondation du 31 may 1707, Mauris nre, faitte par le Sr Jean Baptiste Crochon, avec plusieurs requêtes, littérés et titres, le tout en une liasse cottée au dos C. 4. 4.
Concernant les fours des frères Chappuis.
Contrat de rémission des fours par les frères Chapuis du 3 juin 1657, Diaconis norte, cotté C. 5. 9.
Testament des frères Chapuis du 13 juin 1651, Diaconis nore, cotté C. 5. 11.
Divers ascensemens des fours liés ensemble, cottés C. 5. 13.
Deux ascensemens de la boutique du four en 1680 et 1683, cottés C. 5. 15.
Autre ascensement du 24 janvier 1658, Diaconis nore, cotté C. 5. 16.
Prix-fait des réparations du four du 27 décembre 1651 et quittances jointes, cotté C. 5. 17. É
Concernant la fondation du sieur Comte.
Transaction portant fondation faite par le sr Jean-François Comte en faveur des R4s Pères de St-François d'Annecy du 18 février 1662, Diaconis nor, cottée F.3. 1.
Concernant l’établissement du couvent d'Annecy.
** Lettres d'établissement du 13 novembre 1533 de Monseigneur Philippe, duc de Nemours, adressées à l'illme et Rdme Pierre de Lambert, évêque de Caserte, aux fins d’introduire dans le couvent de Ste-Croix d'Annecy d’autres religieux en place des Rds Pères Célestins. Cotté au dos A. 1. 1. |
** Lettres pattentes de S. A. Charles le Bon, duc de Savoÿe, adressées au Révérendissime seig' Pierre de Lambert, évêque de Caserte, du premier janv. 1534, par laquelle il luy demande le cou- vent de Ste-Croix d'Annecy en faveur des Rds relligieux de l’Obser- vance de Saint-Francois ; cottées au dos À. 1-2.
** Premier bref de Clément 7 du 27 février 1434, pour l'introduction des Rds Relligieux de l'Observance de Saint-François au couvent de Sainte-Croix d'Annecy, fondé par le Rdme seig. Pierre de Lambert, évêque de Caserte, ledit bref concédé à la réquisition de S. A. Charles le Bon, duc de Savoye et de Mrs de la ville d'Annecy; cotté À. 1. 4.
** Second bref de Clément 7 du 25 août 1534 donné au Révéren- dissime seigr Pierre de Lambert, évêque de Caserte, fondateur du couvent de Sainte-Croix d'Annecy, lequel confirme le premier bref du 27 février 1534 et l'introduction des Rds religieux de l’Obser-
(1) Les documents marqués d'un astérisque sont ceux qui existent aujour- d'hui aux Archives de la Haute-Savoie ; ceux qui sont publiés dans le pré- sent article sont désignés par deux astérisques.
4
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vance de Saint-François audit couvent de Sainte-Croix pour qu'ils en jouissent à perpétuité; cotté À. 1. 7.
** Donation faitte par le pape Léon X du couvent de Sainte-Croix d'Annecy aux Rds Pères Célestins de la province de France le 13° janvier 1519; le Rdme Pierre de Lambert, évêque de Caserte, leur donne les maisons, jardins et places contiguës qui luy appar- tiennent par acte extrait et signé par M° Desgranges de l’acte signé Deporta, ledit extrait du 26 mars 1637, cotté au dos A. 2. 1.
* Copie de plusieurs lettres adressées, envoyées au Rdme seigneur Pierre de Lambert pour l’établissement des Rds Pères Célestins dans le couvent de Sainte-Croix d’Annecy et la permission donnée par les nobles scindics d'Annecy de transporter les murailles au bord de la rivière pour bâtir led. couvent, non signées et cottées au dos A. 2. 3.
** Autre copie de plusieurs lettres de S. A. Philippe de Nemours adressées au Révérendissime seigr Pierre de Lambert, évêque de Caserte, pour faire sortir les Rds Pères Célestins du couvent de Sainte-Croix d'Annecy et y mettre en leur place les Rds relligieux de l’Observance de Saint-François, cottée au dos À. 2. 4.
* Procès verbal soit acte du 23 may 1534 entre les Rds Pères Célestins et les Rds Relligieux de l’Observance de Saint-François au sujet du couvent de Sainte-Croix fondé à Annecy par le Rdme seigneur Pierre de Lambert, évêque de Caserte, cotté au dos A. 2. 5.
* Autres procédures entre les mêmes et requête des Rds Pères Observantins du 26 avril 1542 au sujet du même couvent, cottées A. 2. 6. :
* Autre plaidoyer des Rds Pères Célestins du 29 avril 1542 pour le même fait, cotté au dos A. 2. 7.
JARDIN ET LATRINES.
*Reconnaissance en parchemin de Pierre du Terrail d'Annecy en abergement d'un jardin et latrines derrière les murailles d'Annecy du fief de noble Guillaume de Crans, joignant les murs de la ville et les fossés de l’eau de Thiouz, sous le servis de dix-huit deniers [10 décembre 1370], cotté A. 3. 1.
* Reconnaissance d’une maison avec les placeages derrière, du grand four et autres membres de maison en faveur du seigneur de Crans, avec une grange derrière [10 décembre 1379], le tout en par- chemin cotté A. 3. 2.
Abergement d’une maison située à Annecy vers le grand four du côté de bize, d’une vigne de dix fossorées et une vigne de cinq fos- sorées sous Veirier et quittance des laods pour Pierre Bovet par Humbert Métral, led. abergement en parchemin cotté A. 3. 3.
* Reconnoissance en parchemin de plusieurs maisons confinées dans l'acte reçu par M° Jean Peronod de Cruseilles du 18 juillet 1416 par Marguerite, veuve d'Amed Nouvellet, en faveur du seigr de Crans, cottée au dos À. 3. 4.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 37
Acquis en papier d’une maison, jardin, pressoir et places à Annecy par les nobles frères Jean et Michel Deaussens de noble François de la Fléchère du 24 février 1447, par acte reçu et signé par M: de Fabrica nore; cotté au dos A. 3. 5.
Acquis en parchemin d’une maison près le pont Morens d'Annecy en la rue du grand four du 28° may 1450 pour Pierre Delachat fait de Pierre Clerc, reçu par M: Jean Decomba noï'* et au bas la quit- tance du laod du seig. de Menthon, du 10° may 1452, signé Léo- nard, cotté A. 3. 6.
* Autre acquis en parchemin pour noble Thomas Lambert de Chambéry d’un chosal de maison franc à laod situé à Annecy en la rue du grand four, fait de Jean Descombe dit Decresco de Veyrier et de Pernette Ranguis, sa femme, par acte du 13° juin 1458, reçu par Me Guillaume Mermier, cotté au dos A. 3 7.
Abergement en parchemin du 7° mai 1461, Me Jean Chamosset nor, en faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry par Thomas Ranguis d’une maison située à Annecy en la rue du grand four, avec la ratification dudit abergement par Michel et Jean, enfans dudit Thomas Ranguis du 6° may 1470, signé Bataillour, cotté À. 3.8.
Acquis pour noble Thomas Lambert de Uhambéry fait d'Aimoz Richard d’Alby d'une maison et jardin derrière, en la rue du grand four, me Jean Magnin, nore, par acte du 17° février 1462, en parche- min, cotté au dos A. 3. 9.
Quittance faite par Aimoz Richard et Rollette Bovet sa femme en faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry de cent florins d’or, à compte de l’acquis sus-proche, ladite quittance du 22 février 1462, süpulé par m° Saddier noï* et cotté au dos A. 3. 10, en parchemin.
* Acquis en papier du 16 octobre 1465, non signé, pour noble Claude Maillet pour noble George de Melaz, en sa qualité, d’une maison curtilet place, situés à Annecy en la charrière du grand four, cotté au dos A. 3. r1.
Acte en parchemin reçu par M° Deplantata nore du 20 décem- dre 1465, par lequel lesdits seigneurs de Crans réduisent à 18 deniers annuels les servis de 29 sols 6 deniers dus pour les maisons ci-devant, cotté À. 3, 13.
Reconnaissance de vénérable Claude Maillet, chanoine de Notre Dame de Lallée d'Annecy, en faveur desdits nobles de.Crans des maisons énoncées dans le contract susproche, sous le servis annuel de 18 deniers genevois, le 3° juillet 1469, stipulé par Me Raymond Deplantata alias Barbier, en parchemin cotté A. 3. 14.
" Acquis pour noble Thomas Lambert de noble Claude de la Fléchère d'une maison et place derrière, située à Annecy, en la rue du grand four, du 2 mars 1483, reçu par Me Jacques Grillet de Rumilly nor; cotté au dos A. 3. 15. .. :
Acquis par noble Pierre Joly, bourgeois d'Annecy, de Jacques Preveret de Gevrier, de la moitié indivise avec les frères Maillet
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d’une maison, curtil et place devant et derrière situés à Annecy en la rue du grand four par acte reçu et stipulé en parchemin par M° Robert Fournier nore le 27 mars 1494, cotté A. 3. 16.
Autre acquis en parchemin du 1* avril 1494, Robert Fournier nore, cotté À. 3. 17.
* Quittance en parchemin du 7e juin 1494, Fournier nore, cottée A. 3. 18.
Ratification de vente en parchemin du 22 avril 1494, Fournier nore, cottée A. 3. 19.
Acquis en parchemin du 18 novembre 1495, Fournier nor, cotté A. 3. 20.
* Affranchissement en parchemin du 8 juin 1518, M° Convers nore, cotté A. 3. 22 (1).
JARDIN,
Échange en parchemin du 5 mars 1526, M° Claude Migard nore, cotté A. 3. 23.
Quittance en parchemin du 9 octobre 1531, M° Louis Jon nore, cotté A. 3. 24.
Affranchissement de servis en parchemin pour le couvent du 5 juillet 1539, signé Reydety, cotté A. 3, 26.
Acquis d’un petit jardin, collombier et serve derrière l’église du 11 mars 1619, Duret nor, cotté C. I. 2.
Rattification du même, cotté C. I. 3.
Acquis du 16 janvier 1627 et quittance du 21 janvier dite année, Renar et Joorens nores, cottés C. I. r2.
Concernant les fonds procédés de M. de Boëge.
Acquis pour les Rds pères de Saint-François d'Annecy de noble Jacques de Boëge de Conflens du 23 décembre 1735, Vauttier nor.
Partage entre les Rds Pères de Saint-François et rd sieur Perréard du 11 décembre 1736, Bessonis norte.
Quatre quittances pour lesd. Rds Pères de Saint-François des seigneurs et dames de Boëge des 5 janvier 1736, Vauttier nore, du 6 may 1737, du 4 décembre 1737 et 23 mars 1738, cette dernière signée M° Vauttier nor* portant la somme totale de L. 5500,
Conventions entre le couvent de Saint-François et Rd Sr Perreard du 4 octobre 1737, Bessonis nor,
Autres conventions entre les mêmes du 5 juin 1739, Bessonis nore,
Quatre titres comprenant des roolles et quittances de laods d’in- demnité pour les fonds procédés du seig' de Boëge du 5 janvier 1736, 30 octobre 1737, 12 décembre 1737 et 15 janvier 1758.
+? (1) Affranchissement accordé par Janus de Crans et Janus de Monthouz,
au nom de Jeanne de Crans sa femme, à noble Jean Lambert, héritier de son oncle Thomas Lambert, pour diverses maisons qu'il possède à Annecy.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 39
Prix fait donné par noble Jacques de Boëge à Pierre Dunoyer et Joseph Chapuisat charpentiers, du 22 août 1733. Dechaumontet nor.
Les titres concernant l’abergement fait par la Royale Chambre des Comptes de la meule à présent moulin et ses appartenances ne sont point compris dans le présent inventaire et les RR. PP. de Saint- François promettent de les communiquer ou remettre à S. G. en etant requis.
+J. P., évêque de Genève.
F. Ange François Salietti, Mineur Conventuel, commissaire apos- tolique.
F. Mermoz, secrétaire.
L'ADOPTION DE LA CLOTURE PAR LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS
(1622-1630)
La régence de Marie de Médicis fut pour la France une période de grande ferveur religieuse. Le mouvement qui avait abouti à l’écrasement de la Réforme donnait alors son plein effet. Il n’était question que de fondation d'Or- dres nouveaux ; à côté de la Congrégation de la Doctrine chrétienne et de l'Oratoire pour les hommes, il s’en crée un grand nombre pour les femmes, les Carmélites, les Hospitalières de Saint-Charles, les Bénédictines du Cal- vaire, les Hospitalières de la Charité Notre-Dame, les Filles de Charité, les Dames du Refuge, les religieuses de la Miséricorde, les Bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, nous avons réservé pour la fin les Ordres franciscains des Capucines reconnues par une Cons- titution d'Urbain VIllen 1630 et des Récolletines fondées par Pierre Marchand et reconnues en 1634.
Dans les Ordres anciens, l’observance de la règle se fit plus sévère; la réforme de Port-Royal des Champs en fut un exemple célèbre. Les Sœurs Grises n'échappèrent point à cette tendance générale et dans plusieurs couvents elles abandonnèrent leurs fonctions hospitalières pour se livrer complètement à la prière. Il en fut ainsi au couvent Saint- Nicolas à Amiens, qui secloitraen 1617, au couvent Saint- Julien de Douai qui prit pareille résolution en 1620 (1).
En 1622, le bruit se répandit dans Beauvais que les Sœurs Grises se proposaient d'adovter la clôture. Cette nouvelle causa une légitime émotion : les sœurs du Tiers-
(1) Revue d'histoire franciscaine,t. 1, p. 180-208.
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 41
Ordre de Saint-François étaient venues d’Abbeville en 1480 dans un but bien déterminé, celui de se mêler au peuple pour secourir les pauvres et soigner les malades (1). De ce double devoir elles s'étaient loyalement acquittées jusque là, et la ville de Beauvais n’avait pas manqué de le cons- tater. Le 12 juin 1522, pour ne citer qu'un exemple, à la requête du maire et des pairs de la ville, les notaires Jean Hanon et Bastien Le Goix, recueillant des témoi- gnages pour dresser un tableau de la misère dont Beauvais était alors le théâtre, Magdeleine Delafontaine, maîtresse, Colette Nondart, dépensière, Marie Vassenie, Antoinette de Bulleu, Magdeleine de Bulleu, Gabrielle Deterin, Marie de Proulx et Michelle de Muy, sœurs du couvent de Saint- François, déclaraient pour leur part « que depuis trois «ans environ, les habitants de ladite ville ont été toujours «agités de peste et autres maladies pestilentieuses qui «règnent encore de présent (2), aussi que les vivres ont « été généralement chères, tellement que la plupart desdits «habitants cherchent leur vie au moyen de la pauvreté et «famine qui est en ladite ville, à raison de laquelle famine “et indigence qu'ils ont,se meurent tant de gens en icelle «ville, qu’ils ne savent le plus souvent trouver drap pour “les ensevelir (3) et leur a convenu puis un mois laisser “plusieurs fois à dire en leur église le service divin qu'il “laut chaque jour, pour ce qu’il leur convenait lesdits «malades visiter tant de nuit que de jour. En quoi faisant «ont plusieurs fois trouvé de nuit plusieurs morts emmy «aville pour ladite pauvreté et misère, de laquelle pauvreté «étant en ladite ville lesdites sœurs attestantes mourraient
1} Ct. Pierre Louver, Histoire et antiquités du pais de Beauvaisis, Beau- vais, 1631, 2 vol. in-8o, t. [, p. 752 et suiv.
(2) Déà en 1520 les registres de délibérations de l'hôtel-de-ville men- tonnent le dévouement des sœurs à l'égard des malades que les maîtres barbiers refusent de saigner. (Arch. mun. de Beauvais, BB 13)
(31 Plus tard, lors de la peste de 1531, « la maîtresse des sœurs, aCCompagnée de trois ou quatre, se sont offertes de visiter, garder, inhu- mer, les malades, et nettoyer les maisons, même de chercher des por- teurs ».(Le Guetteur du Beauvoisis, 2° année, Beauvais, 1865, p. 69, d'après di du conseil privé des évêques de Beauvais aux Arch. dép. de
42 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
« de faim si n’était par le moyen des bons pères et mères « de leurs sœurs, si aucunes ont leurs villages qui les secou- « rent, obstant qu'on ne leur done pas du pain pour nour- « rir deux desdites sœurs qui sont au nombre de qua- « rante ». (1).
La bienveillance du chapitre et de la ville au xvi° siècle, les fondations et donations qui avaient afflué à la même époque, sont autant de témoignages de reconnaissance envers les sœurs pour les services rendus et soulignent quel préjudice elles allaient causer aux habitants de Beauvais en modifiant leur manière de vivre et supprimant leur principal moyen d’action.
Aussi le 20 juin 1622 commence:t-on à s’en inquiéter à l'hôtel-de-ville (2} et l'on décide d'aller trouver la supérieure et de l’entretenir de la question. Huitjours plus tard une nouvelle démarche est décidée, cette fois auprès du pro- vincial lorsqu'il viendra à Beauvais (3).
L'affaire en resta là pour l'instant, soit que les religieuses se fussent inclinées devant les protestations de la ville, soit qu'elles aient craint de se faire du tort et de s'aliéner l'opi- nion, et, de fait, pendant quelques années, les fondations sont plus rares. Mais en 1626, la question de la clôture est remise en avant et donne cette fois naissance au premier conflit qui surgissait entre les Sœurs Grises et quelqu'un de Beauvais depuis cent quarante-six ans qu’elles y étaient.
Le 3 mai 1626, à l’hôtel de ville, on se préoccupe de
(1) Bibl. de la Société acad. de l'Oise, collection Renet, vol. 159. Ms., copie xvui® s. portant comme indication : « extrait des archives de l'hôtel - de ville de Beauvais ».
(2) Voir sur cette affaire : Extraits des registres de délibérations de l'hôtel-de-ville (Bibl. mun. de Beauvais, collection Bucquet-Aux-Cousteaux, t. LXI, p. 250 et suiv. : Bibl. de la Soc. acad. de l'Oise, ms. Fabignon, t. 111, p. 147 et suiv. ) et Louver, t. I, p. 766 et suiv.
(3) Le couvent de Saint-François était placé sous la juridiction du provincial de la province de France-Parisienne; « l’évêque avait seulement le droit d’y donner un confesseur, et tout le reste du gouvernement, les visi- tes de la maison, le droit de présider aux élections et de recevoir à profes- sion, et tout le reste, appartenait aux RR. PP. de Paris sans que les P. Cor- deliers de Beauvais s'en mélassent aucunement [ceux-ci appartenant à la province de France et non à la province de France-Parisienne] ». (Ms. du chanoine Aubert, xvine s., collection Bucquet-Aux Cousteaux,t. LI, p. 124).
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 43
rechercher les pièces concernant la fondation du couvent; quelques mois plus tard, et une nouvelle difficulé vient se grefler sur l’autre. En 1515, le pape Léon X avait accordé aux religieuses le droit d’être entendues en confession par tout prêtre, séculier ou régulier, lequel, de ce fait, jouirait des privilèges concédés à l'Ordre des Frères Mineurs {1}. Les confesseurs — plusieurs figurent parmiles bienfaiteurs -du couvent -- avaient toujours été des sécu- liers. En 1626, le vicaire du général de l'Ordrese disposant à nommer un Cordelier, quelques religieuses s’en inquié- tent etune division se forme dans le couvent, division que la ville va s'empresser d'exploiter, de crainte sans doute que la direction d’un Cordelier ne fasse avancer plus vite les religieuses dans la voie de la clôture.
A partir du mois de septembre, il n’est guère de réunion à l'hôtel-de-ville sans qu'il y soit question des Sœurs Grises.
Bien que le litige au sujet du confesseur soit soumis au pape d'accord entre l’évêque et le vicaire du général de l'Or- dre, la ville envoie cependant des députés au couvent pour conférer avec les sœurs, connaître leurs intentions, enten- dre leurs raisons. Le 9 septembre, le maire et les députés rendent compte deleur mission: les religieuses veulent bien continuer à avoir un confesseur séculier, à condition butefois que l’évêque et le provincial y consentent. Toutes d'étaient peut-être pas de cet avis — qui prévaluten défi-
nitive — car, le 13 septembre, des députés sont chargés d'aller parler à sœur Marie Le Boucher (2), « afin de lui Pétsuader qu'il y ait un prêtre séculier pour confesseur ». En même temps, l'évêque de Beauvais était prié d'écrire au provincial. Le 20 septembre, la ville, revenant sur la question de la clôture, se préoccupait encore une fois de réunir les docu-
Ments relatifs à l'établissement des Sœurs ; et ceci fait,
ns De origine seraphicae religionis.... Rome, 1587, in-fol., (2) Sœur du Chanoine Lévonor Le Boucher, grand-chantre de la cathé-
dral His ne Qui fut un des bienfaiteurs du couvent. Elle avait été supérieure en
44 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
d'obtenir commission au Parlement pour les faire assigner (11 octobre).
Le 30 mars 1627, l'évêque Augustin Potier demande à la ville de lui adresser une requête pour remédier au dés- accord qui règne dans le couvent. Après délibération, la ville repousse le projet de formuler une requête, mais elle adopte le principe d'agir verbalement auprès de l'évé- que. Celui-ci est absent. La ville s'impatiente : le 12 avril, il est de nouveau question de la clôture ; il en sera parlé simultanément à l'évêque et à la supérieure, et si celle-ci insiste, on exécutera la commission obtenue.
À ce moment survient une troisième difficulté.-La supé- rieure fait part au maire de Beauvais du désir exprimé par les religieuses de se soustraire à la juridiction du provin- cial et de se mettre sous l'autorité du provincial des Cor- deliers de Beauvais. Le 9 mai, la ville, que l'on sent excédée à travers les brefs résumés de ses séances, diffère la réunion proposée d’une assemblée générale où seraient convoqués les habitants comme ils l'avaient été en 1480 pour la venue des sœurs, à condition que l'évêque revienne bientôt pour être mis au courant. La ville se propose également d'en parler au provincial qui doit venir à Beauvais, et même d'écrire au général de l'Ordre.
Le 4 juin, l'hôtel-de-ville recoit les plaintes du provincial des Cordeliers : il est allé à Saint-François pour imposer aux sœurs sa juridiction ; quelques-unes lui ont opposé un refus ; il a trouvé du désordre dans le couvent et il de- mande à la ville d’y remédier. La ville ne peut qu'atten- dre le retour du provincial qui est allé de son côté trouver l’évêque, toujours absent. Le désordre continuant, le 10 juin, la ville se résout à envoyer des députés auprès de l'évêque ou d'Antoine - Froissard, son grand-vicaire, et ensuite auprès du lieutenant-général; et le 2 juillet, l'évê- que est prié de trouver bon que celui-ci retourne au cou- vent pour en faire sortir le Cordelier, cause d'une partie du conflit, et qui s'efforce d'y demeurer.
Au mois de juillet, la ville apprenant que le général (1)
(1) Bernardin de Sena, Portugais, 1625-r631.
_
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 45
de l'Ordre est à Paris, lui adresse une requête à laquelle le général fait droit en envoyant un Récollet pour enquêter sur ce qui se passe à Beauvais. Le 9 août, ce Récollet étant arrivé et descendu au couvent des Minimes, la ville décide d'aller le saluer et de lui présenter, comme à un hôte de marque, quatre bottes de bougies et quatre bouteilles de VID.
L'enquête ordonnée par le général de l'Ordre eut un premier résultat : dès le 19 août, la ville, après avoir ouï le rapport de son envoyé et constaté que les religieuses acceptaient d'être placées sous la direction des Récollets, donnait son consentement à cette combinaison qui résol- vait heureusement une des difficultés, et adressait au général de l'Ordre ses remerciments. En même temps, la ville demandait instamment que le général usât de son autorité pour retirer le Cordelier, toujours installé au cou- vent, et le remplacer par un prêtre séculier, « car la ville n'entend plus souffrir les Cordeliers pour les raisons qui lui seront dites » (10 septembre).
Cette fois encore, la ville eut gain de cause, non sans mal probablement : par ordre du lieutenant-général, le Cor- delier fut retiré du couvent et placé, non dans celui de son Ordre, mais en celui des Jacobins. Ceci se passait en novembre ; le désordre régnait toujours à Saint-François ; la villene cessait de s'en plaindre au général qui changea l supérieure. La nouvelle venue, Élisabeth de la Visita- tion, avait fait vœu de clôture perpétuelle, toutefois elle manifesta l'intention de ne rien modifier pendant ses trois années de supériorité. La ville s’inquiéta de savoir si les
religieuses qui feraient profession dans l'avenir pronon-
eraient le vœu de clôture (3 novembre). La réponse ne
NOUS est pas connue, mais il est à penser qu'au lieu d’être
satisfaisante, les événements se précipitèrent, car la ques-
on de la clôture, réduite cette fois à elle-méme, fut remise tn avant quelques mois plus tard (septembre 1628) et tgagea dans une lutte étroite le couvent de Saint-Fran-
FOIS et la ville de Beauvais.
Le 13 février 1629, la ville recevait communication de lettres par lesquelles Marie de Médicis et Anne d'Autriche
46 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
approuvaient les Sœurs — qui avaient demandé leur appui — de vouloir se cloîtrer. Aussitôt, deux députés, Adrien et Le Mareschal, étaient envoyés vers les deux reines pour leur faire entendre les raisons de la ville. De retour, le 1°" mars, ils rendaient compte de leur mission : les reines, qui n'étaient pas directement intéressées dans l'affaire, ne leur avaient rien objecté. Il fut donc convenu de reprendre et de poursuivre devant le Parlementle procès amorcé deux ans plus tôt. A quoi les religieuses répondirent par des lettres patentes du roi leur permettant de vivre en clôture. La ville fitopposition à l'entérinement de ces lettres, en s'appuyant sur les conditions de l'établissement des Sœurs à Beauvais. Un arrêt du Parlement intervint alors, ren- voyant la question pouravis devant l’évêque (19 mai 1629). Mais Augustin Potier, s'il regrettait pour les habitants de Beauvais les conséquences de la clôture, n’était intimement pas hostile au désir des sœurs. La ville avait donc en lui un médiocre auxiliaire qui donna bientôt satisfaction à la demande signée de trente-cinq religieuses (7 juillet 1629). Le 4 août suivant, le Parlement rendait un arrêt par lequel les lettres patentes étaient enregistrées, à charge cependant par les religieuses de quitter et abandonner « le lieu ancien- nement appelé le béguinage en l'état qu'il était lors de la concession d'’icelle faite aux maire, échevins et habitants de la ville, par les lettres patentes du 12 juin 1480, dépens compensés. » Ceci ne faisait pas l'affaire des religieuses qui étaient entrées dans un béguinage en ruines et qui se souciatent peu dequitter un couvent en pleine prospé- rité dont Louvet traçait alors ce tableau : «Il n’y a couvent « en la ville de Beauvais mieux situé que celui-ci, étant « d'un côté du septentrion et d’occident couvert des mau- « vais vents, et ayant pour son aspect entièrement l'Orient, « qui ne lui est obstacle par aucuns édifices, et tous les « souhaits qu’on pourrait désirer pour en bannir toute « tristesse et fàcherie, à savoir la rivière du Thérain, laquel- « le entrant dans le couvent passe par dedans toutes les « offices et au travers du jardin qui est enclos et fermé de « hautes murailles et spacieux à merveille, auquel y a infir- « merie, toutes sortes de fruits et de fleurs, ayant aussi
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 47
« l'église, dortoir, réfectoire et autres bâtiments excellem- « ment bâtis. » C'est pourquoi les religieuses demandèrent et obtinrent de nouvelles lettres patentes invitant le Parlement à Îles faire jouir purement et simplement du bénéfice des lettres précédentes, sans qu'il soit question de leur faire quitter l'ancien béguinage qu'au surplus le roi déclarait leur don- ner {17 août 1629). La ville fit naturellement opposition à l'entérinement de ces lettres patentes. Elle s'appuyait dans cette nouvelle phase de la chicane sur ce fait que Louis XI avait autorisé les Sœurs Grises à s'installer dans le bégui- nage et la ville de Beauvais à le faire réparer ; par suite certaines parties appartenaient à la ville et le roi ne pou- vait en disposer. Les religieuses prétendaient au contraire que tout le surplus du béguinage était devenu leur pro- priété, par achat, donation, legs ou autrement. Un arrêt ordonna que le couvent serait visité et estimé par experts en présence du bailli de Beauvais, et que le résultat serait communiqué au procureur général. Au cours de la visite, les religieuses firent une démonstration « £u doigt et à l'œil » de ce qu'était le béguinage lorsqu'’eiles y étaient entrées en 1480, soutenant que tout le reste avait été ac- quis par elles depuis leur installation. Les experts se livrè- rent à des mesurages, firent des prisées, dressèrent même un plan du couvent ; les religieuses, de leur côté, secouë- rent la poussière de leurs archives pour rechercher leurs ütres de propriété ; bien leur en prit, car elles restèrent finalement en possession de leur maison. Le 5 novembre 1630, la réforme était introduite dans le monastère par le père provincial qui procéda le même jour à la clôture des religieuses. Mais la ville, elle non plus, ne perdait pas le bénéfice d’une lutte soutenue avec tant d’ardeur : quel- ques jours après, à la demande d’Augustin Potier, qui avait dû finir par servir d’arBitre entre les parties et qui ne voulait pas que les pauvres fussent privés du secours qu'ils perdaient avec les religieuses, saint Vincent de Paul venait prêcher en l'église Saint-Sauveur de Beauvais, le l1 novembre, et à la suite de son sermon était instituée la confrérie de la Charité des pauvres malades, qui devait
48 : JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
désormais, et jusqu'à la révolution, remplacer les Sœurs Grises auprès d’eux (1).
JEAN VINOT PRÉFONTAINE.
(1) Ct. Louver, t. I, p. 766 et suiv.; et LEBoRGNE et LarGizuikre : La Vie d'un avocat jurisconsulte au xvut siècle, J.-M. Ricard, Paris-Beauvais, 1920, in-80, p. 12. — HyacinTue Le FEesvre, Histoire chronologique de la province des Récollets de Paris. Paris, 1677, ne mentionne pas le monastère de Beau- vais parmi ceux qui relèvent de sa province, p. 148-155; pas plus que le Catalogus conventuum... provinciae Franco-Parisinae, Nancy, 1753, p. 32- 34. 11 était sans doute passé sous la juridiction de l'évêque du lieu, après 1630.
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MÉLANGES
LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE AU XV: SIÈCLE
En parcourant la série d'empreintes sigillaires connue a la Bibliothèque nationale sous le nom de « Collection Bor- deaux », série tirée de l’ancienne collection de matrices
reunies par M. Charvet, un sceau, attribué aux Mathu- rins d'Aquitaine (1), a at- tiré notre attention.
Dans la description de sa collection (2), M. Char- vet a fait figurer la matrice de cette empreinte sous le n° 64 et le catalogue de vente (3), dressé lors de la dispersion de cet ensemble unique, la signale sous le n° 1127.
Nous apprenons ainsi que la matrice, dont nous ignorons le sort actuel, était argentée à l’intérieur et dorée à l'extérieur ; en
Sceau du provincial d'Aquitaine.
forme de navette, elle mesurait 73 mill. sur 48. Après avoir lu . la légende telle que nous la lisons sur
(1) Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22022, n° 63. (2) J. Cnanver, Description des sceaux-matrices de M. E. Dongé, Paris,
1872, in-40,
(3) Vente Charvet, médailles, antiquités, sceaux-matrices, objets d'art,
Paris, 1883, in-8e,
Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927.
bo FRANCOIS EYGUN
l'empreinte : « SIGILLVM MINISTRI PROVINCIE AQUITANIE », Charvet décrit le sujet représenté en ces termes : « Dans le champ, bordé d’un cordon de l'Ordre et de 12 colombes... Saint Augustin debout... ». Cette seule phrase permet aussitôt de reconnaître un tout autre sujet et, du même coup, de changer l'identification du sceau que, dès lors, nous décrirons ainsi : Sceau du ministre des Frères Mineurs de la Province d'Aquitaine. Sous un dais, saint François d'Assise debout, de trois quarts à senestre, la tête nimbée, vêtu du froc et dela moserte, ceint d'une corde, dont on voit la retombée avec des nœuds sur le devant du corps, la main droite levée, un livre dans la main gauche, prêchant à 12 oiseaux battant des ailes et disposés autour du champ, séparés de la légende par une cordelière à 7 nœuds. Sous le socle qui supporte le saint et dans une arcade en plein cintre, le provincial dont on distingue nettement la couronne de cheveux, la mosette et la tunique, est agenouillé, mains jointes.
Nous connaissons un autre sceau plus ancien du provin- cial d'Aquitaine. Il append à une promesse de prières pour le roi datée de 1274 et conservée au Trésor des Chartes (1). Douët d’Arcq (2) le décrit sous le n° 97956. Saint François est là encore debout et le champ du sceau est rempli d'oiseaux voltigeant. L'analogie est frappante entre ce sceau et celui de la collection Charvet. Il y a comme une tra- dition qui aurait incité à reprendre le même thème.
Mais il y a mieux encore : dans son « De origine sera- phicae religionis franciscanae » (3), le P. François Gon- zaga a reproduit (p.57) un sceau du provincial d'Aquitaine en usage à son époque. N'’était la légende très différente on croirait y voir le dessin du sceau qui nous intéresse, mais il s’agit là de celui du provincial de |’ « Aquitaine nouvelle ». Il est vraisemblable que le sceau de la collec-
(1) Arch. nat. J 462, n° 28.
(2) Douër D'ARCQ, {nventaires des archives de l’Empire. Inventaire des sceaux, Paris, 1870, 3 vol. in-4°.
(3) Rome, 1587, in-fol. Renseignements fournis par M. Henri Lemaitre. Voir aussi Rev. d'hist. francisc., III, p. 52-53.
LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE AU XV° SIÈCLE 51
tion Charvet, gravé sans doute antérieurement à 1454, date à laquelle les couvents aquitains qui acceptèrent Îa réforme de l'Observance formèrent. |’ « Aquitaine an- cienne », dut être utilisé jusqu’en 1532. C’est à ce moment, en effet, que les couvents non réformés de la province pas- sèrent à l'Observance et devinrent l’« Aquitaine nouvelle ». Le nouveau sceau fut alors copié sur le précédent, mais sa légende spécifiait qu'il s'agissait du provincial de « l'Aqui- taine nouvelle », puisque le mot d'Aquitaine seul, ne cor- respondait plus à une province.
Le sermon aux oiseaux est d’ailleurs un sujet fréquent ; Demay (1) prétend même que, dans l’iconographie sigil- lographique de saint François, c'est la scène la plus souvent figurée. Nous la trouvons, par exemple, en 1243, sur le sceau des Frères Mineurs d’Auxerre (2), en 1303 sur celui des Frères Mineurs de Noyon (3). Celui du gardien du couvent de Troyes en 1303 également (4) représente saint François au seuil d'une église, parlant à un oiseau. Enfin, en 1337, le sceau des Frères Mineurs de Saint-Omer (5) complète la scène par un arbre sur lequel sont perchés les oiseaux auxquels s'adresse saint François. Demay (6) cite bien encore un sceau des Frères Mineurs de Beauvais en 1303, mais il a dû confondre avec celui des Frères de Noyon, car, à la même date, le sceau cité représente la flagellation (7).
L'analogie des sujets nous permet donc de restituer aux Franciscains ce que M. Charvet avait attribué aux Trini- tares.
FRANÇOIS EYGun.
(0 G. Deuav, Le Costume au moyen äge d'après les sceaux, Paris, 1880, in-4", p. 428.
(2) Dou&r D'Arco, n° 9763 et Roman, Manuel de sigillographie francaise, Paris, 1912, in-8°, p. 188. À propos du sceau du provincial d’Aquitaine en 1274 cité plus haut, Roman a dû lire Magistri pour Ministri, car il traduit la légende par Maître et non Ministre.
(3,D. d'A., n° 9774.
(4) Ibid. 9787.
15) G. Demav, Inventaire des sceaux de l'Artois et de la Picardie, Paris, 1877, in-4, n° 1628.
6) Hist. du cost., p, 428. | 7) Ibid. et D. d'A. no 9787.
52 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS SPIRITUELS DE L'ORDRE DE SAINT-FRANÇOIS
L'usage d'associer les bienfaiteurs insignes aux riches- ses spirituelles de l'Ordre des Frères Mineurs remonte au bienheureux Jean de Parme (1), ministre général de 1247 à 1257. Par sa lettre datée de Ferrare, 31 août 1253, 1l rend participants aux mérites de l'Ordre Jacques dei Bussoli, Mabile, sa femme, et Angélique, leur fille. — En 1383, au chapitre de Samatan, Arnaud de Saran (2), ministre provincial d'Aquitaine, accorde la mème faveur à noble et puissant seigneur Bernard de Seadocio. — Le 30 juillet 1437, le ministre général, Guillaume de Casal, communique les suffrages de l'Ordre à la commune de Valence en Dauphiné (3).
On constate les mêmes usages chez les Capucins. Les Études franciscaines (4) ont publié une lettre d'affiliation adressée par le ministre général, Séraphique de Ziegenhals, à Louis-Robert de Beauchamp, de Poitiers, et à plusieurs membres de sa famille, le 31 octobre 1758.
Le tome XXXIX de la collection Bucquet-Aux Cousteaux, à la bibliothèque municipale de Beauvais, contient, parmi d'autres documents intéressant l’histoire, qui reste à écrire, du couvent disparu des Capucins de cette ville (5), trois lettres de réception pour enfants spirituels données en faveur de deux familles de Beauvais.
Ces trois documents, identiques quant au fond, diffèrent cependant par leur forme; il ne parait donc pas superflu de les faire sortir tous trois de leur obscurité.
Le plus ancien (p. 52) est entièrement manuscrit.
(1) Luic: pa Parua, Vita del beato Giovanni da Parma, Quaracchi, 1900, p. 56-57.
(2) Oruox De Pavie, L'Aquitaine Séraphique, Auch, 1901, t. H, p. 103-105.
(3) Revue d'hist. francisc., t. IT, p. 504-507.
(4) T. XXXVI, 1924, p. 534-338.
(5) Sur le couvent des Capucins, fondé en 1603 par le Père Ange de Joyeuse, voir Dr Daniez : Beauvais avant 1789, ms. Bibliothèque de la Société académique de l'Oise, G 82, p. 282.
LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS SPIRITUELS 53
+
« Nous, Frère Léonard de Paris, définiteur général de l'Ordre des
« Frères Mineurs Capucins, et provincial de la province de Paris
« quoiqu'indigne, de l'autorité à nous concédée par feu d’heureuse
«“ mémoire Urbain cinquième, pape, et autres Souverains Pontifes, «recevons en vertu des présentes pour enfants spirituels de notre « Religion vertueuses personnes, Jean de Regnonval et Marie Gau- « douin, sa femme, et leurs enfants présents et à venir (1), lesquels «pour leur piété et dévotion, et pour l'affection qu’ils ont à notre «a Ordre, nous faisons participants de toutes les messes, divins off- a ces, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disciplines, mortifica- « tions, obédiences, silence, pélerinages, et généralement de toutes « les bonnes œuvres qui par la grâce de Dieu se font et se feront à « l'avenir par toute notre Religion: en témoin de quoi nous avons « signé ces présentes, et à icelles fait appliquer le sceau de notre « office. Donné en notre couvent de Saint-Quentin, le 25e jour de juin
« mil six cent trente quatre ». F. LÉONAR».
Sur une empreinte de sceau assez effacée, on distingue cependant saint François à genoux recevant les stigmates, et au dessous du saint, l'écusson de France aux trois fleurs de lis. Autour : Sigillum-Vic-Pro-Fr-M-Cap-Pro-Parisio- rum. |
Vingt-trois ans plus tard, Marie Gaudouin, veuve depuis 1638, obtenait de nouvelles lettres (p. 157) pour elle-même, pour ses deux fils restés dans le monde et pour ses ser- viteurs. Ces lettres sont imprimées; seuls les noms des intéressés et la date sont manuscrits.
« Nous frère Simplician De Milan, ministre général (bien qu’indi- « gne) de tout l'Ordre des Frères Mineurs de S. François, surnom- « més Capucins, selon la puissance et faculté concédée à notre office “par feu d’heureuse mémoire Urbain cinquième, pape, et autres ‘Souverains Pontifes, recevons en vertu des présentes pour enfants «spirituels de notre Religion Marie Gaudoin et ses enfants, Claude
(1) Parmi lesquels, Nicolas, moine bénédictinde l’abbaye de Saint-Lucien (1661); Jean, dit le P. Mathieu, mort Capucin à Amiens en 1649; André, dit le P. Joseph, mort Capucin à Beauvais en 1703; Benoît, moine bené- dictin de l'abbaye de Saint-Lucien (1676) et Olivier, dit le P. François, mort Capucin à Saint-Quentin de Vermandoisen 1692.
Jean de Regnonval, marchand bourgeois de Beauvais, échevin et juge- Consul, portait : d'azur à trois croissants d'argent, 2 et r, celui de la pointe Surmonté d'un trèfle d’or (Notes généalogiques, collection Leblond à Beau- Vais, liasse N)
54 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE ,
« de Regnonval (r), Robert de Regnonval (2}, leurs femmes et leurs « enfants, Louis Mareschal, Germain et Lucienne Fournier, et les « faisons participants, tant en la vie qu’en la mort, de toutes les «a messes, divins offices, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disci- « plines, mortifications, obédiences, silences, austérités, et générale- « ment de toutes les autres bonnes œuvres qui se font, par la grâce « de Dieu, en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer « au Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi nous « avons signé les présentes, et à elles fait appliquer le grand sceau de « notre office. Donné en notre couvent de Laon, ce 22 septembre 1657 ».
F. Simp. F. M.
Ce texte est entouré d’un encadrement noir avec large cul-de-lampe de style Renaissance, et cette indication « imprimé à Troyes par François Jacquard, imprimeur de Monseigneur l’évêque ». L'empreinte du sceau est com- plètement effacée.
Le troisième document (p. 51) est imprimé, lui aussi, à l’exception des noms et de la date. Un très mince enca- drement noir entoure le texte.
« Nous, frère Jean de Moncalier, général (bien qu’indigne) de l'Ordre « des Frères Mineurs de $S. François, surnommés Capucins, selon la a puissance et faculté concédée à notre office par feu de bonne « mémoire Urbain pape V et autres Souverains Pontifes, en vertu « des présentes, recevons pour enfants spirituels de notre Religion, « honorable homme Jehan Boicervoise, Damoiselle Anne de Dam- « pierre, sa femme, honorable homme Jehan Le Gay, damoiselle « Marie de Dampierre, sa femme, honorable homme Nicolas Le Gay « et damoiselle Catherine de Dampierre, sa femme, et tous leurs « enfants (3). Et les faisons participants de toutes les messes, sacri- « fices, oraisons, prédications, jeûnes, disciplines, mortifications, « austérités, et de tous les autres biens qui par la grâce de Dieu se « font en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer au « Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi avons fait
(1) 11 fut maire de Beauvais; son portrait ainsi que celui de sa seconde femme Marie Du Bos, qu'il avait épousée en 1647, se trouvent au musée de la ville.
(2) Marié à Catherine Danse; il mourut en 1683.
(3) Dampicrre : d'azur au chevron d'or accompagné en chef de 2 trèfles d'or et en pointe d'une cloche d'argent. Anne, Marie et Catherine étaient filles de Pierre de Dampierre, marchand bourgeois, maire de Beauvais en 1626. Jehan Boicervoise avait pour mère une Regnonval; Jehanet Nicolas Le Gay étaient tous deux conseillers du roi, élus en l'élection ; le second fut maire de Beauvais en 1670 (Notes généalogiques, collection Leblond).
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 55
«faire les présentes, et les avons signées de notre propre main, et « scellées du sceau ordinaire de notre office. Donné en notre couvent ‘ de l'Assomption, à Paris, ce quinzième jour de juillet l'an mil six «* cent trente huit ».
F. JEAN Gral,
,
Au-dessus de l'encadrement, une petite vignette très fine représente saint François recevant les stigmates. Cette Vignette offre la particularité d'être renversée, la tête du Saint contre le texte.
Sur l'empreinte du sceau, saint François est agenouillé aux pieds de la Vierge Marie tenant l'Enfant Jésus. A la hauteur de sa tête, la lettre T, et de chaque côté de lui, partagée à la hauteur des reins, la date 15-25. Autour : Sig-Gener-Fratrum-Min-S-Franc-Capucinor.
JEAN VINOT-PRÉFONTAINE.
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS SUR L'HISTOIRE DE LEUR ORDRE EN AMÉRIQUE
NOTES DE LECTURE DE L’ « ARCHIVO IBERO-AMERICANO ».
Les Franciscains espagnols possèdent à Madrid (10), Calle del Cisne, n° 12, un établissement important (1), d’où sortent des publications diverses — celles, en particulier, qu'édite à Barcelone José Vilamala, calle de Provenza, n°206, de caractère populaire franciscain — et une Revue, fondée en 1914, l’Archivo Ibero-Americano, dont nous voudrions dire ici quelques mots, en en extrayantau moins les titres des principaux travaux historiques qui y ont paru € relation avec l'Ordre en tant qu'évangélisateur du Nouveau-Monde. Nous nous servirons, à cet effet, d'un (avail du rédacteur en chef de cette Revue, le P. Atanasio
(1) CF. Revue d'hist. francisc.,t. Il, p. 113.
56 C. PITOLLET
Lôpez, par lui lu lors du II° Congrès d'histoire et de géographie à Séville, puis publié avec des compléments dans ET Consultor bibliogrdfico de septembre et octobre 1925, p. 157-160 et 255-261. On sait quel rôle impor- tant a joué l'Ordre de Saint-François dans la découverte, puis l’évangélisation de l'Amérique. Après avoir accueilli Colomb au couvent de la Räbida, les Franciscains d'Espagne le suivirent et l'encouragèrent dans son entre- priseet ce furent eux encore qui recueillirent, à Valladolid, son dernier soupir. Dès les premiers instants de la décou- verte, nous les trouvons à l’/sla Española — c'est-à-dire à Haïti —, sur les côtes du Darien en compagnie de Pedra- rias, au Mexique avec Hernän Cortés, au Pérou avec Benalcäzar, au Nouveau Royaume de Grenade avec Jimé- nez de Quesada, au Rio de la Plata assistant à la fondation
de Buenos Aires et en Californie, tracant les plans de.
San Francisco. Des noms comme ceux de Fr. Pedro de Gante, Juan de Zumarraga, Toribio Motolinia, Martin de Valencia, Juan de Olmos, Francisco Jiménez, Bernardino de Sahagün, Maturino Gilberti, Diego de Landa, Agus- tin de Vetancurt, Pedro Aguado, Pedro Simôn, Esteban de Asensio, Manuel Yangües, Matias Ruiz Blanco, Pedro Gonzälez de Agüeros, Manuel de Sobreviela, Luis de Bolaño, Fernando de Trejo y Sanabria et tant d'autres, s'ils ne sont plus connus aujourd’hui que de quelques rarissimes spécialistes de la primitive histoire de l’Amé- rique, n’en méritent pas moins d être conservés dans la mémoire des hommes pour le rôle qu'ils jouèrent — dans les limites et conditions de leurépoque, cela va de soi — lors de la colonisation du mystérieux continent et leur œuvre ne fut pas celle qu'un vain peuple, sur la foi d’une histoire falsifiée, pense trop communément. Le mérite de l’Archivo — publication bimestrielle de 180 pages environ formant des tomes de 500 pages — consiste précisément à mettre régulièrement à jour des documents d'archives illustrant cette activité, documents qui dormaient sous la poussière des casiers et que le grand mouvement histori- que qui anime présentement, non point seulement « l'Espagne de Primo de Rivera », si mal connue en
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TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 27
France, mais encore les diverses républiques américaines de langue espagnole, exhume chaque jour. Ce mouvement a donné naissance à la création de revues importantes, que personne ne lit, ni ne cite chez nous, mais quinen sont pas moins des répertoires indispensables pour qui- Conque veut connaître ailleurs que par des ouvrages de vulgarisation — dontles 7 tomes de l'Historia de la Amé- rica Española, de M. Carlos Pereyra, publiés chez Calleja à Madrid, étant écrits en espagnol, resteront lettre morte à nos « historiens » officiels — la façon dont les Espagnols ont compris leur besogne civilisatrice en Amérique, façon un peu différente tout de même dela version propagée par Monsieur de Voltaire et qui a toujours cours aujourd'hui, dans les milieux « affranchis ».
Voici les principaux articles contenus dans l’Archivo jusqu'à son tome XXI y compris (1). La Revue de l'Amé- rique latine, publication française mensuelle, ne signale pas à ses lecteurs cette mine abondante de documents de première main et il y aurait lieu de s’en étonner, si cet organe n'étudiait surtout l'Amérique latine contemporaine et n'accordait qu'une attention moindre aux publications d'ordre historique ancien.
I. Le couvent de la Räbida. Son origine et ses premiers progrès, depuis sa fondation jusqu'à l'an 1455, par le P. Angel Ortega, t. I, PP: 79-99.
IL. Frère Jerénimo de Mendieta, historien de la Nouvelle Espagne (1525-1604). Notes bibliographiques, par le P. Juan R. de Larrinaga Île Frère Mendieta, auteur d’une Historia eclesiästica Indiana, est aussi un correspondant fort intéressant, dont les lettres ontété publiées par l'historien D. Joaquin Garcia Icazbalceta), t. I, pp. 290-300, et II, PP. 188-201, 387-404 et t. IV, pp. 341-373. ;
IL. Les premiers Franciscains au Mexique, par le P. Atanasio Lôpez (il s’agit de deux chapelains de l’armée de Cortés, les Fr. Diego Altamirano et Pedro Melgarejo de Urrea, qui devint évêque de Dulcino}, t. XI, pP. 21-28.
IV. Les premiers Franciscains au Mexique : Fr. Martin de La Coruña, par le même auteur (on pense que ce premier apôtre de Michoacän, venu au Mexique avec le Fr. Martin de Valencia, est l’auteur de l'ouvrage signalé sous le n° X), t. XIV,p. 105-111.
(1) Les t. XXITI-XXIV ont été analysés dans cette Revue, t. I, p. 557; A, p. 356.
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V. 4 lettres sur les missions de la Floride (2 sont adressées à Phi- lippe IT par le P. Francisco Pareja, auteur de plusieurs ouvrages sur l’idiome timucua, la troisième est du Fr. Baltasar Lôpez et la quatrième du Fr. Juan Luengo), t. I, pp. 355-368.
VI. Missions du Mexique : traits de la vie du P. Fr. Francisco Lôpez Salgueiro. Ses lettres (ce Franciscain résidait, au milieu du xvine siècle, au Collège Santa Cruz, à Querétaro), t. IT, pp. 256-286 (au t. III, pp. 67-73, deux autres lettres d’autres religieux sur les missionnaires du Collège de Querétaro).
VII. Lettres d'Amérique : des missionnaires de la Nouvelle Cali- fornie, par le P. Juan de Larrinaga (il s'agit d’un document écrit à Monte Rey en 1775, rendant compte d'explorations sur la côte de Californie et des usages et mœurs des Indiens, entre autres d'intérêt divers, p. ex. un état des missions de la Nouvelle Californie en 1786), t. IV, pp. 104-120.
VIII. Relation de l'expédition faite en 1601 par Juan de Oñate au Nouveau Mexique, par le P. Lorenzo Pérez (on connaissait assez les expéditions d’'Oñate, mais les détails de la seconde, 1601, étaient inédits et les pièces ici publiées d’après l’Archivo de Indias à Séville, l’éclairent d’un jour nouveau), t. V, pp. 242-263.
IX. Relation du voyage que firent Pedro de Unamunu, Fr. Martin Ignacio de Loyola et d’autres Franciscains depuis l'ile Macarera (la Chine) jusqu'au port d'Acapulco (Mexique) en 1588, par le même (autre document des mêmes Archives de Séville), t. VII, pp. 88-104.
X. Questionnaire d'histoire américaine. La Relaciôn de las cere- monias ÿ ritos de la provincia de Mechuacdn a-t-elle été publiée intégralement eten connait-on l'auteur ? (examen des diverses édi- tions de cette fameuse Relation, provenant toutes, directement ou non, du ms. de l’Escurial, d’ailleurs en désordre et incomplet, en particulier de celle de Morelia, 1903, très fautive. L'auteur probable serait le Fr. Martin de La Coruña, ou de Jesus, et son récitest en étroits rapports avec les Memoriales et l’Historia de Fr. Toribio Motolinia, également mal édités (par Icazbalceta, par Garcia Pimen- tel, entre autres), car les citations qu’en ont faites Cervantes, Gomara et Zurita nous indiquent que les mss. de Motolinia, exploités par Mendieta et Torquemada, étaient beaucoup plus complets), t. XIII, pp. 202-271 (comme on l’a signalé au n° IV, l’auteur du travail est le P. Atanasio Lôpez).
XI. Franciscains envoyés en Amérique, de la Casa de la Contrata- ciôn de Séville, de 1577 à 1584, d'après l'Asiento de pasajeros (Liste des passagers), parle P. Lorenzo Pérez (détail des religieux envoyés au Nouveau Royaume de Grenade, à la province de Nueva España, à Nueva Galicia, aux provinces du Pérou, à celle de Michoacän, à Cuba, à la province de Guatemala, à la Floride, d’après un docu- ment de l’Archiyo de Indias,t. IV, pp. 130-134.
XII. Franciscains partis en Amérique en 1577, d'après l’Asiento de
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Pasajeros, par le même (il s’agit cette fois des provinces du Guate- mala et du Yucatän), t. III, pp. 120-122.
XIII Lettre de Fr. Pedro de Betanzos à Philippe IT, par le P. Daniel Sänchez (cette lettre, de 1559, provient de l’Archivo de Indias et est intéressante pour l’histoire du Guatemala. Fray Pedro de Betanzos est l’un des rares Espagnols de l’époque des conquista- dors qui aient étudié la langue cakchiquel et mérite une place d'honneur dans les fastes du Guatemala, du Nicaragua et de Costa Rica!,t. V, pp. 355-380.
XIV. Relation de Fr. Nicolds de Lorenzana sur les missions du Collège de Cristo Crucificado, à Guatemala, par le P. Daniel Sänchez Idatée de Guatemala, 22 juin 1748, cette relation contient des détails curieux sur les indigènes de Guatemala et de Costa Rica, évangélisés par les Franciscains), t. VII, pp. 133-143.
XV. Brevet royal touchant les missions de Salamanca, daté d’Aran- iuez, 21 mai 1738 (les Franciscains du Collège de Guatemala travail- laient à la conversion des Indiens Talamancas), t. VI, pp. 317-321.
XVI. Historiens franciscains du Venezuela et de la Colombie. Fr. Pedro de Aguado et Fr. Pedro Simôn (étude de la valeur histo- rique des ouvrages de ces deux missionnaires et rectification des données biographiques sur Aguado dues à la plume de l'historien espagnol contemporain, D. Jeroénimo Becker), t. XIV, pp. 207-235.
XVII. Les Franciscains en Colombie et au Venezuela. Relation inédite du xvi® siècle (l'auteur de cette relation, antérieure aux ouvrages d'Aguado et de Simôn, est le Fr. Esteban de Asensio. Ce monument unique de l’histoire et de l’ethnographie du Nouveau Royaume de Grenade a échappé comme par miracle à la destruction), t XV, pp. 67-94et 129-151.
XVIII. Historiens du Venezuela et de la Colombie. Fr. Antonio Caulin (minutieux examen de l'Historia Corogräfica, de la Nouvelle Andalousie et d'autres œuvres de ce religieux, où l’on note qu’il fit imprimer un Diccionario et un Catecismo cumanagotos, inconnus jusqu'alors des américanistes), t. XV, pp. 360-376.
XIX. Lettres des missionnaires du Collège de Chillän (Chili), d’après les autographes conservés aux archives du Collège de San Francisco, à Saint-Jacques, en Galice. Ces lettres émanent des Fr. Manuel Becerril, Andrés Antonio Martinez, Juan José de Castro, José Gondar, Juan Matud, José Seguin, José de San Antonio, Alonso de la Iglesia, tous occupés à évangéliser les Indiens pehuenches), t. I, PP. 165-176 ; t. IT, pp. 99-126 ; t. IN1, pp. 64-66.
XX. Érection de la custodia de Chiloé et Valdivia, au Chili, par le P.José Maria Pou (avec de nombreux documents du xvin® siècle ; le rôle principal est joué par le P. Fr. Francisco Âlvarez de Villa- queva’, t. XIII, pp. 61-80.
XXI. Lettres du P. Fr. José Figueira, missionnaire chez les Indiens Carinas (ce religieux est l’un de ceux qui travaillèrent le plus, au
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commencement du xxe siècle, aux reducciones (villages d’Indiens récemment convertis et soumis aux missionnaires) d'Apolobamba (Pérou et Bolivie), t. III, pp. 74-87.
XXII. Brevet royal demandant au provincial de la province de Santiago un certain nombre de religieux pour les envoyer à la pro-. vince de Tucumün (Madrid, 17 juillet 1572), par le P. Lorenzo Pérez (document extrait de l’Archivo de Indias), t. IV, p. 136.
XXII. Lettre du Conseil de l'Ordre de la province de San Gregorio au Roi pour lui recommander l'amiral D. Rodrigo de Guillestegui, Manila, 8 août 1620, (Guillestegui mourut à Acapulco), t. V, pp. 456- 457.
XXIV. Brevet royal de Philippe II sur le commissariat des Indes de l'Ordre de Saint François, San Lorenzo el Real (Escorial), 17 sep- tembre 1576 (Philippe II s’y plaint de ce que le général de l'Ordre, Fr. Christophe de Cheffontaine, n'ait pas conservé le commissariat à Fr. Francisco de Guzmän, qu'il avait remplacé par le Fr. Juan Navarro; ce document, publié par le P. Pascual Saura, provient des Archives de l’ambassade d’Espagne près le Vatican), t. XI, pp. 419- 423.
XXV. Fr. Alonso del Espinar, missionnaire aux Indes (ce Francis- cain passa à Haïtien 1502 avec le Commandeur Ovando, fut mêlé à des affaires d’encomiendas (terres et Indiens que l’on donnait aux conquistadors) et venait du couvent de la Puebla del Deän, en Galice). t. VI, pp. 160-167.
XXVI. Deux lettres intéressantes de Fr. Bernardo Boil à Cisneros, par le P. Lucio Maria Nüñez (il s’agit d’une mission à Rome confiée par le fameux archevêque de Tolède à Boil; ces deux personnages sont d’ailleurs liés à l’histoire de l'Amérique), t. VI, pp, 436-443.
XXVII. Origines de la province de San Antonio (Brésil), par le P.J. M. Pou, qui a trouvé ce document aux archives du couvent de Santi Quaranta, à Rome (fragment d’une relation faite en 1621 par Fr. Manuel de Insua), t. I, pp. 500-514.
XXVIII. Le P. Antonio Llinds et les collèges de missions hispano- américaines (nombreux documents inédits et bibliographiques), t. XVI, pp. 321-341 ; t. XVII, pp. 176-344.
XXXIX. Missions ou doctrines de Michoacän et Jalisco (Mexique) au xvi® siécle, 1515-1585, par le P. Atanasio Lépez (relation inédite du xvi* siècle, par le P. Diego Muñoz, précédée d’une étude sur les prin- cipales chroniques religieuses du Mexique, t. XVIII, pp. 341-425 (avec un supplément au t. XIX, pp. 235-279, contenant un examen détaillé de la chronique du P. Tello).
XXX. Fr. Pedro Melgarejo de Urrea, évéque de Dulcino (cf. ne IIT; documents pontificaux sur ce chapelain de l'armée de Cortés), t. XVI, pp. 406-408.
XXXI. Centenaire de l’arrivée des Franciscains au Mexique ; 1523- 1923 (sur Fr. Juan de Tecto, Fr. Juan de Aora et Fr. Pedro de Gante), t. XIX, p. 141-143.
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 61
XXXII. Découverte du Mississipi (contre les prétentions d’explora- teurs français est soutenue la thèse, d’ailleurs toute platonique, de la priorité et des droits des Espagnols), t. XX, pp. 421-425.
XXXIIT. Documents sur les missions de Sinaloa et du Nouveau Mexique, par le P. Otto Maas (documents du xvne siècle, provenant de l'Archivo de Indias, relatifs surtout au soulèvement des Indiens et à la mort de 21 missionnaires franciscains),t. XIX, pp. 41-74 ;t. XX, PP. 195-2109 ; t. XXI, pp. 96-113 ; 369-384, etc.
XXXIV. Fr. Pedro de Aguado, historien du Venezuela et de la Colombie, parle P. Atanasio Lépez (étude complétant celle annoncée au n° XVI), t. XVI, pp. 24-53.
XXXV. Documents inédits du xvi° siècle, relatifs au Nouveau Æoyaume de Grenade (documents de l’Archivo de Indias), t. XX, PP: 145-176; 363-385.
XXXVI, Fr. Esteban de Asensio et les doctrines au Nouveau Æoyaume de Grenade (documents de l’a Archivo » sévillan, qui démon- Trent, en même temps que la grande activité des missionnaires fran- Ciscains en Colombie, le peu de valeur des histoires de l'Eglise €olombienne jusqu'ici publiées), t. XXI, pp. 28-63.
XXXVII. Missions franciscaines au Chocô {Colombie), par Île P. Agustin Arce (relation du xvu® siècle, par le P. Fr. Jacinto Hur- tado, rendant compte de l’état de conversion des Indiens du Chocé), t. XV, pp. 306-390.
XXXVIIT. Les missions du Cerro de la Sal (Pérou). Un martyr <slurien (sur le missionnaire Fr. Domingo Garcia et le soulèvement de l’Indien Juan Santos de Atahualpa), t. XVIII, pp. 174-222.
XXXIX. Origines de l'alternance des emplois dans les provinces _franciscaines du Pérou, par le P. Agustin Arce (documents sur cette Cause de malentendus entre religieux espagnols et créoles), t. XVI, PP. 145-162. |
XL. Un descendant des Incas, frère lai franciscain, par le P. Manuel Bandin Hermo (il s’agit de Fr. Calixto de San José Tupas Inca), t. XIX, PP. 91-96.
XLI. Le P. Fr. Blas Pacheco y Manrique, par le P. Bandin (documents de l’Archivo sévillan sur ce religieux, qui, avant de revêtir e froc franciscain, avait occupé de hauts emplois à Lima),t. XIX, PP- 96-99.
XLIL. Un artiste franciscain à Quito (le célèbre architecte du Wii siècle, Fr, Antonio Rodriguez), t. XIX, pp. 341-358.
L'Archivo des Franciscains espagnols ne se borne pas aux études d'histoire américaine. Son champ d'action embrasse tout ce qui porte un cachet espagnol, à l’intérieur ‘omme au dehors de la Péninsule. L’archipel des Philip- Pines, par exemple, y est l’objet de longues études, où s’est
62 C. PITOLLET
spécialisé le P. Lorenzo Pérez, qui a défriché aussi le terrain encore si inculte des missions au Japon, en Chine, au Siam et au Cambodge, dont les Philippines étaient le centre. L’Archivo donne en outre des extraits des nom- breuses collections américaines de documents, ou les résume, en les complétant, à l’occasion, par des pièces inédites. Sa Bibliographie est aussi d’une grande richesse; on y parle à l'occasion de livres français, v. gr. de La fin de l'Empire espagnol d'Amérique du félibre provençal et historien hispanophile amateur Marius André (t. XVII, pp. 275-276). CAMILLE PITOLLET.
COMPTES RENDUS
A. G. Lirrie, Some recently discovered Franciscan documents and their relations to the Second life by Celano and the Specu- lum perfectionis; from the Proceedings of the British Academy. — Londres, Oxford University Press, 1926. {n - 8o, 32 p.
Ces documents sont:
I. Les Documenta antiqua franciscana édités, en trois fascicules, à Quaracchi, en 1901-1902, par le P. L. Lemmens, O. F. M., et parmi lesquels se trouve la fameuse version du Speculum perfec- tionis, généralement désignée sous le nom de Speculum Lemmens.
IT. Le manuscrit Little, ancien Phillips 12290, déjà étudié par N. A. G. Little dans le volume V des publications de la British Society of Franciscan Studies, Aberdeen, 1914, et dans le fascicule xvui des Opuscules de critique historique, Paris, 1914-1919.
IT La Legenda antiqua du manuscrit 1046 de la Bibliothèque communale de Pérouse, étudiée parle P. F.-M. Delorme, O.F.M., dans l'Archivum franciscanum historicum, vol. XV, 1922, et publiée par lui, en 1926, aux éditions de la France franciscaine.
M. À. G. Little, qui est aujourd’hui un des maîtres incontestés de la critique des sources franciscaines, soumet ici ces documents aune minutieuse étude, et examine leurs rapports avec la Seconde Legende de Thomas de Celano et avec la version du Speculum per- fectionis publiée en 1898 par M. Paul Sabatier.
On trouvera dans ce travail magistral, — qui est tout à fait indis-. pensable à ceux qui veulent essayer de voir clair dans un pro- blème fort complexe, — un excellent rappel des précédentes études de M. À. G. Little et un certain nombre d’aperçus nouveaux que l'illustre savant anglais n’avait pas encore eu l’occasion d’exposer.
Il est absolument impossible de résumer en quelques lignes une œuvre de ce genre: il faudrait reprendre, point par point, toute la discussion. Je dirai seulement que M. A. G. Little établit, d’une manière qui à mon modeste avis est irréfutable, que Thomas de Celano pour écrire la Seconde Légende a, d’une part, retouché les documents qu'il avait sous les yeux et dont il s’est servi; et que, d'autre part, il a fait un choix parmi les documents qui lui étaient présentés : « Ses omissions, conclut justement M. Little, ne sont pas moins significatives que ses modifications. »
Ce me paraît être l'évidence même. Mais on sait qu’en pareille
64 COMPTES RENDUS
matière il n’y arien d'évident.… Et les raisons qui me semblent irréfutables sont sans aucune valeur aux yeux de très distingués cri- tiques... Alors?
La brochure de M. A. G. Little se termine par cinq tables de concordances, extrêmement précieuses, entre : II CeLanoll; — le manuscrit LITTLE ; — la Legenda Antiqua du P. DELORME; — les docu- ments LEMMENS ; — le Speculum SABATIER.
ALEXANDRE MASSERON.
Leonardus LEMMENS, O. F. M. Testimonia minora saeculi XIII de S. Francisco Assisiensi collecta. (Collectanea philosophico-theologica cura professorum Collegii internationalis S. Antonit de Urbe edita. Vol III). — Quaracchi. 1926. In-8° 124 p.
Sous lenom de Testimonia majora il faut entendre les légendes de saint François par Thomas de Celano et saint Bonaventure et les chro- niques telles que celle de Jourdain de Giano, etc., qui traitent direc- tement du fondateur de l'Ordre des Frères Mineurs. A côté de cestex- : tes de premier plan, il existe, éparpillés çà et là, des témoignages de moindre importance, qui ont cependant leur valeur pour fixer la phy- sionomie du grand Assisiate, ou pour appuyer un fait de son existence.
On saura gré au R. P. Lemmens d'avoir recueilli et publié ces testimonia minora, car il est difficile de trouver sous la main les 72 ouvrages qui les renferment.
Il a divisé sa compilation en huit chapitres: I. Saint François dans les chroniques du x siècle (p. 9-33); II. S. Fr. dans les documents ou les monuments du xrne s. (p. 33-52); III. S. Fr. dans les leçons liturgiques du xin° s.(p. 52-63); IV. S. Fr. dans Îles légendaires du xin* s. (p. 63-66); V. S. Fr. dans les légendes de saint Dominique du xmie s. (p. 67-73); VI. S. Fr. dans les sermons du xme s. (p. 73-79); VII. S. Fr. dans les correspondances ou lettres du xui s.{(p. 79-91); VIII. S. Fr. chez les autres auteurs du x1e S. (p. 92-102). — A la suite, un Appendice contenant quatre ser- mons de Jacques de Voragine, O. P., sur saint François (p. 103-121).
Ces témoignages ont leur prix et peuvent remettre en discussion des questions que l’on croyait résolues. Ainsi Pierre Olivi, O. M., (1298) entendit raconter, pendant son noviciat à Béziers, de la bou- che de fr. Bernard Barravi, le fait suivant qu'il tenait de saint Domi- nique lui-même. Lui et son Ordre avaient renoncé à toute posses- sion, à l’exemple de saint François, en assistant au chapitre géné- ral d'Assise, où des milliers de frères, sans provisions aucunes, avaient été nourris par les soins de la Providence divine (p. 97-98). — C'est donc une confirmation anticipée du chap. xvin des Fioretti qui rapporte le fait avec force détails. Par conséquent l’étude de M. JEAN Guiraun, Saint Dominique a-t-il copié saint François (dans les Mélanges Paul Fabre, Paris, Picard), serait à modifier.
COMPTES RENDUS 65
Le P. L. n’a pas rapporté les visions et révélations concernant S. Fr., ni ses soi-disant prophéties qui circulaient parmi les Spirituels de la fin du x siècle, pas plus que certains « Secrets de l'Ordre », tel que le chapitre général tenu par les diables contre les Francis- cains. Néanmoins nous regrettons qu’il n’ait pas inséré les récits de fr. Etienne qui avait connu saint François (Archiv. francisc. hist., t XII, p. 382-384). [l est dit comment S. Fr. avait laissé fr. Étienne durant deux ans dans une abbaye, avant de le prendre avec lui; com- mentS. Fr. habilla un malade nu avec une étoffe qu’une noble dame lui avait donnée pour faire une chasuble ; quels rapports S. Fr. avait avec les Clarisses; comment il dit à fr. Étienne de ne pas préparer
de diner... — Ces récits nous sont venus par l’intermédiare de fr.
Thomas de Pavie qui les tenait du frère lui-même. Or, Thomas de
Pavie a été tout récemment mis en lumière par les PP. Delorme et
Longpré de Quaracchi, comme un auteur non négligeable du xur s.
On peut se demander si ce fr. Étienne n’est pas le même qui partit
en Terre-Sainte, sans obédience, pour avertir saint François des
nouveautés introduites, en son absence, par les vicaires Mathieu de
Narniet Grégoire de Naples (J. de Giano, dans Anal. franc., T, Qua-
racchi,p. 4-5), Notons encore que les témoignages de fr. Etienne
n'ont pas été utilisés par les récents biographes de saint François. Enfin, en terminant, nous nous permettons de signaler au P. L.
Un passage de saint Bonaventure qui a dû lui échapper, et qui trou-
vérait sa place p. 87: «Ipse [S. Fr.] autem de labore manuum par-
Yam vim faciebat nisi propter otium declinandum, quia, cum ipse fuerit Regulae observator perfectissimus, non credo quod unquam lucratus fuerit de labore manuum duodecim denarios vel eorum valorem...» Opera omnia, t. VII, p. 334.
HENRI LEMAÎTRE
Luigi SacvarorezLr, Vita di san Francesco d'Assisi. — Bari, Laterza, 1926. In-16, 250 p.
Ernesto Büoxaiurr, Francesco d’Assisi (Collection « Profili », no 79). — Roma, A. F. Formiggini, 1925. In-16, 50 p.
L Fioretti di S. Francesco, a cura di Angelo Sonini, con prefazione di Alfredo GaLLeTTi. — Milano, Mondadori, 1925. Edition de luxe, in-8° avec 77 planches en noir et à deux couleurs, du format de la Page et deux trichromies et édition scolaire revue et augmentée, troisième édition : 1926. In-16. xn et 589 p. ario CHini, Vita e poesia di san Francesco, narrazioni scelte dui « Floretti», dalle « Considerazioni sopra le Stimmate » e da altre Opericcinole francescane, precedute da uns studio introduttivo e ACCOmpagnate da note, con xilografie di Pietro Parigi. — Firenze,
: Bemporad e Figlio, 1925. In-16, Lr1 et 163 p.
Mostra del libro francescano, Poppi(Arezzo), Éstate-Autunno 1926.—
Firenze, G. Giannini, 1926. In-8, 63 p. (publiée par les soins de
Revur D'HisToiRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 5
66 COMPTES RENDUS
G. FumaGar. Li au nom du « Comitato nazionale per le celebrazioni francescane alla Verna», sous les auspices de l’« Jstituto italiano del libro», anciennement «Fiera internazionale del libro », à Flo- rence.)
J’ai, sur ma table de travail, maintes publications franciscaines qui ont fait. l’objet d'une très incomplète bibliographie, par moi publiée dans le précédent fascicule de cette Revue, l'été dernier. Ne pouvant les analyser toutes, je me contente de consacrer quelques lignes à quatre d’entre elles, qui m'ont semblé, à des titres divers, particulièrement intéressantes.
La première est un essai de biographie critique de saint François. L'auteur, qui m'a fait tenir son ouvrage par les soins du « Mercure de France », connaît déjà, par un mot que je lui ai adressé, en sep- tembre dernier, de Pau, mon opinion essentielle à son endroit. Tout en regrettant, dans ce travail, l'absence totale, non seulement de bibliographie, mais même de quelques lignes de préface qui nous eussent orientés sur sa façon de concevoir sa tâche, j'ai eu plaisir — un plaisir très vif — à le lire attentivement. M. Salvatorelli, qui, étant d'Assise par sa mère, non seulement a rendu en poète l'âme du pay- sage franciscain, si bien saisi par Carducci dans son «Canto del- l'Amore » et son ode « Alle fonti del Clitunno », mais encore s'est efforcé à fondre harmonieusement l’érudition historique dans un grand souffle d'humanité et, souvent, d'émotion.
Il ne faut pas se dissimuler que ce n’est point besogne aisée que celle d'écrire la vie de saint François. On court le risque ou de se noyer dans un esprit critique désséchant — cet « historicisme » qui n'est qu’un aspect de Ja reconstitution des existences passées — ou de sombrer dans une rhétorique pieuse, un idéalisme déformateur. Les a d'annunzianismes », compliqués de « papinisme », qui dominent pré- sentement en Italie, ne sont pas, en ce sens, des facteurs fort utiles. D'autre part, si l'historien de saint François est un rationaliste pur, il est à peu près certain que son œuvre sera entachée d'unilatéra- lisme, si méritoire puisse être son effort vers une « objectivité » qui, en l'espèce, ne saurait guère être autre chose que du trompe-l’œil. M. Salvatorelli, qui n’abandonne jamais la terre, sait lever jusqu’au ciel des regards pleins d’onction et, fortement documenté, c’est cer- tain — encore que taisant, on l’a dit, ses sources, — il nous donne un «poverello» assez rapproché,à monsens, du vrai saint François,lequel, détail essentiel, ne nous est nullement présenté en dehors de son milieu et de son époque, mais en constante relation avec eux, comme il convenait. Et cette reconstitution rapide, encore que substantielle, de l’ftalie de la première Renaissance, m'a semblé des plus réussies, puisque parler de ce xine siècle en historien était bien la condition sine qua non, en effet. Et la grande lutte qui s’y livrait entre l’Église et l'État est en somme toute l'explication de l’œuvre franciscaine,
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laquelle est en fonction de son époque et ne peut être comprise si on l'en isole. |
Mais tout n’est pas dit encore après qu'on a exposé en quel état se trouvait la péninsule lorsque surgit la réforme religieuse tentée par le fils du marchand de drap d’Assise. — Le grand mystère à élu- cider, mystère d’ailleurs à jamais insoluble, reste de celui de l’évo- lution mentale du Saint. Comment, au milieu d’une société capita- liste, jouisseuse, matérielle, François en est-il venu à dégager l’autre aspect de l'existence humaine, aspect éternel, celui de l’idéalisme spirituel? Comment s’est-il, dans son retour à un Évangile simplifié, préservé des venins du pessimisme manichéen, qui empoisonnait les sectes cathares et albigeoises ? C’est là que gît l'énigme psychologi- que, pour nous insoluble, n’en déplaise à l’assurance de quelques- uns : voir le feuilleton de M. Ch. Guignebert : « À propos d’un cente- naire», dans « L’'Impartial Français» des 5-6 décembre 1926. Cet apos- tolat franciscain d’une gaie science », si différente de celle imaginée par Nietzsche en un siècle de décadence, nous apparaît, dégagé de tout élément intellectualiste, comme le fruit de son époque, certes, mais aussi comme une géniale trouvaille. L'Église, que François, tout en la respectant, laissait, en tant que corps de doctrines théolo- giques, en dehors de son action, a si bien compris ce que ce retour à l'évangélisme primitif contenait de dangers pour la société qu’elle jugea prudent, en absorbant le franciscanisme, de le canaliser. Car l'authentique franciscanisme apparaît, comme toutes les utopies, ir- réalisable en dehors d’un petit groupe d'hommes et encore ceux-ci ne pouvaient-ils, à la longue, se maintenir dans la pureté de la réforme primitive. M. Salvatorelli, qui a vu tout cela, a eu l’art de le dire en se maintenant dans les limites de la plus prudente réserve. Sans tomber dans les exagérations d’un « laïcisme » ridicule ici, il a évité de paraitre défendre jamais les points de vue de l’orthodoxie confes- sionnelle. Et ce n’est point là l'un des moindre mérites de son ouvrage. La langue elle-même se ressent de cette noble impartialité. Elle coule, loin de tout artifice d’emphase — une emphase si à la mode du jour, en Italie —, pure et nette et, l’avouerons-nous, il nous a semblé aspirer, à travers ces pages, le parfum de l'Ombrie, tant de fois goûté alors que, sur la fin de la Guerre, ma mission d’in- terprète militaire à Gênes, à la Mission maritime, me fit parcourir, du Nord au Sud, la Péninsule.
Le petit livret de M. Buonaïiuti est, lui aussi, une vigoureuse ten- tative de synthèse historique. J'admire l’art avec lequel, nouveau Renan — et cette analogie va jusqu’au style, un peu « journalistique », — cet écrivain habitué à manier les documents d'histoire, a, en quel- ques pages, condensé tout ce qu’il importait de savoir sur la formation, le milieu et l'œuvre de saint François. La figure de celui-ci se dégage avec un merveilleux relief de cet essai, que je n'hésite pas à qualifier de chef-d'œuvre et que j'ai lu et relu, par plaisir. L'auteur a-t-il subi
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l'influence du volume de K. G. Chesterton, mis en français en 1925 par Mne Isabelle Rivière chez Plon? Je ne sais, mais, du moins, s'il ne se dissimule pas que la réforme franciscaine n’est originale qu’en tant qu’elle adapte aux besoins de son temps des germes de renou- veau spirituel fort anciens — tout est dans tout —, ne tombe-t-il pas dans le défaut de l'écrivain anglais, qui n’a pas vu que ce retour à la Nature prêché par François contredisait sa thèse relative à l’essence dufranciscanisme, par lui présenté comme l’interruption du culte paien dela Nature. Si François, au contraire, a apporté un élément nou. veau dans la vie ecclésiastique, cet élément a été la réintégration de la Nature dans l'existence spirituelle, sans pour autant — mais cela, Chesterton l’a bien saisi (1) — tomber dans le panthéisme. La solution du vieux problème des universaux, tourment des esprits français au xi® siècle, a trouvé, on peut l’affirmer sans ombre aucune de para- doxe, en saint François sa solution pratique et efficace, car nul mieux que lui n’a su concilier « réalisme » et « nominalisme» en la plus har- monieuse des synthèses, en la plus humaine des réalités.
L'édition des « Fioretti » que je signale, présente un intérêt artisti- que indéniable. On y trouve les plus vieux portraits du Saint, les fresques de la Basilique supérieure, les peintures de Giotto dans l'infé- rieure, avec des explications extraites d'ouvrages divers — mais nous avons, à ce sujet, une excellente Anthologie: « La Fiorita fran- cescana », malheureusement limitée à la prose et parue en 1921 à « Vita e Pensiero », à Milan, xxir et 491 pages — et le texte, qui suit celui donné à Vérone en 1822 par le P. Antonio Cesari, d'après l’édi- tion florentine de 1718, par Filippo Buonarroti, tient compte des va- riantes introduites en 1905 par G. L. Passerini dans son édition flo- rentine et par Luigi Manzoni di Mordano, dans celle de Rome, 1900, oùest publiée pour la première fois la rédaction florentine d’Amaretto Manelli. Dans son introduction, A. Galletti montre bien — et même éloquemment — quels contrastes offre notre société moderne, si on la rapproche de l'idéal franciscain. L’admiration que professent pour celui-ci — ajouterai-je, — certains, parmi les intellectuels de divers pays, ne laisse pas d’être divertissante. Car, horribile dictu, saint François est devenu à la mode. Laissons le pélerinage à Assise, qui n’a pas même la valeur de l’antique tournée de snobs musicophiles à Bayreuth, ni l'attrait des pérégrinations populaires à Lourdes. La
(1) Je n’annoterai point ici les multiples bévues — dont quelques-unes ont été signalées par M. A. Masseron — du champion anglais de l'’ortho- doxie qui, optimiste, raillant fougueusement les erreurs modernes dont la santé franche et joyeuse est victime, est si peu au courant de l'histoire littéraire qu’il s'imagine que la gaie science naquit à Toulouse au xiv° siècle. Mais on savait, et surabondamment, que la qualité de son inspira- tion étant toujours inégale, il était peu de ses écrits qui ne portassent la marque de l'éphémère.
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Portioncule n'est d’ailleurs pas encore devenue centre d'attraction semblable aux deux autres susnommés, ni la pauvre petite église de Saint-Damien, ni la grotte des Carceri. Tout cela est, aussi bien, à proximité des bons hôtels de Pérouse. Mais admirer une telle gran- deur morale et ne pas se demander si semblable admiration ne devrait pas avoir un eflet pratique sur l’existence individuelle cons- titue l’un de ces jeux de notre « civilisation » qui sont trop évidents pour être le moins du monde discutés. Et, sans doute, un monde construit sur le patron franciscain ne serait rien autre chose qu’une grotesque folie. Les héros ne sont que de fugitives et éphémères apparitions, en ce bas univers. La moyenne humanité s'avère taillée sur un patron fort modeste. Saint François ne ressort tant que par contraste. Et il n'est que juste de ne pas oublier qu’il n’a jamais étendu son prosélytisme au delà d’un chifire limité d’adeptes. S'il revenait de nos jours, trouverait-il un tant soit peu son idéal appliqué ? Sans doute, les institutions humanitaires se sont sin- gulièrement développées et il lui serait difficile de ne pas admet- tre un progrès énorme sur son temps. La guerre, cependant, ne s'est guère humanisée et, en dépit de l'institution bienfaisante de la Croix Rouge, ses horreurs — gaz asphyxiants, en particulier — restent égales à celles d’antan, simplement différentes. D'autre part, la soif des richesses, le besoin sauvage d’immédiates jouis- sances matérielles, l’insolence d’un luxe provocateur et injustement conquis laissent loin en arrière le spectacle qu'offrait le siècle du Saint. Le monde, en somme, ne s’est amélioré qu’en apparence et l'impossible réforme franciscaine resterait à tenter, aujourd’hui comme naguère. Soyons tranquilles sur une telle entreprise, cepen- dant...
Puisque nous en sommes aux « Fioretti », signalons l'essai de Mario Chini — qui a publié aussi, à « La Voce», à Florence, un autre extrait, arbitrairement réparti, du célèbre livre « Da « 1 Fioretti» di S. Francesco », 76 p., sans date —, paru en 1926 chez Bemporad à Florence en un volume, élégamment présenté, de Li et 163 pages, vendu 21 lires : a Vita e poesia di san Francesco ». Je ne dirai rien des xylographies qui ornent le texte et sont dues à Pietro Parigi. Suggestives : Peut-être. Mais j’avoue préférer à ce cubisme archaïsant les gravures sur bois, extraites d’un texte illustré des « Fioretti » datant du xvuse siècle, ouvrage d'ailleurs rarissime, dont le P. Francesco Sarri, des Frères Mineurs, a jugé à propos d'enrichir son édition, parue en 1926 chez Vallecchi et véritablement populaire, Puisque vendue au prix dérisoire de 2 lire. Mario Chini interprète en artiste sa matiere et a franchement dédaigné le point de vue de l'historien. La longue Jntroduction sur la poésie de saint François, mise là en guise de préparation à la lecture des fragments suivants, tres des « Fioretti » et des a Considérations sur les stigmates » n'est
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pas, cependant, rédigée sans tenir compte de documents historiques sur François. Mais ceux-ci sont ce qu’il y a de plus notoire, d’incon- testablement admis. M. Mario Chini ne laisse pas, pour autant, de recourir maintes fois à l’hypothèse. Apologiste du franciscanisme, il déclare p. xxx qu’il recherche « plutôt que la littérature historique, les explosions lyriques du Saint». Et, page 1, il va plus loin encore, écrivant, non sans quelque incohérence, que « l'Histoire qui corrige la Légende fait disparaître la Légende ; mais la Légende qui sert de prétexte à l’exposition historique ne fait pas vivre l'Histoire de toute sa vie; et la philologie, qui raccommode l'expression qu’a eue la Légende, la disloque au lieu de la rendre plus solidement jointe et en empêche l’adhérence avec l'esprit... » Du moins, savons-nous à quoi nous en tenir sur les intentions de l’auteur, qui entend surtout édifier la jeunesse, encore qu’on se demande ce que viennent bien faire dans son Jntroduction, purement apologétique, des discussions d'apparence érudite sur les sources d’écrits attribués à saint François, ou de lui traitant. Parlant de la genèse des « Fioretti », par exemple, il risque l'opinion, p. L, que le traducteur toscan qui a mis, selon lui, en italien la matière du « Floretum », renforcée de celle des « Actus beati Francisci et sociorum ejus », — en la compliquant de détails pris dans les « Considerazioni delle Stimmate », qui dérivent du « Tractatus de miraculis beati Francisci », de Thomas de Celano — pour la fondre en ce légendaire fameux, « a réussi à garder au livre toute sa frances- canità »... M. Cesare de Lollis a, sur ce point, une observation qui témoigne de beaucoup de goût. Dans le fascicule du 15 décembre 1920 de sa Revue, « La Cultura », il fait observer à Chini, p. 84 d’un article intitulé « Franciscana », que « là où l’on a un contenu sembla- ble, il préfère le « latinorum » de Thomas de Celano à la prose en langue vulgaire des « Fioretti », bien qu'exemple vanté de beau style. » Et il transcrit, comme preuve, ce fragment de la prédication aux oiseaux de Bevagna dans Celano et dans les « Fioretti » :
«a Dicendo loro santo Fran- cesco queste parole, tutti quanti
« Ad hæc aviculæ illæ, miro « modo super naturam suamexul-
« tantes, cæœperunt extendere col: « lum, protendere alas, aperire os «etinillum respicere. Ipse vero « transiens per medium illarum a« ibat et revertebatur cum tunica «a Sua capita eorum contingens « & corpora. Benedixit denique « ipsis, et signo crucis facto li- « cenciam tribuit, ut ad locum « alium transvolarent ».
quelli uccelli cominciarono ad aprire i becchi, distendere i colli, aprire l’alieriverentemente inchi- nare 1 capi infino in terra e con atti e con canti dimostrare che le parole del padre santo davanoloro grandissimo diletto. Finalmente, compiuta la predicazione, santo Francesco fece loro ilsegno della croce e diè loro licencia di par- tirsi,eallora tutti quelli uccelli in schiera si levarono in aria con maravigliosi canti; e poi, sécondo
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la croce ch’avea fatta loro santo Francesco, si divisono in quattro parti ; e l’una volo verso l'oriente, e l’altra inverso l'occidente, e l’altra inverso lo meriggio, la quarta inverso l'aquilone...; in questo significando che, come da santo Francesco... era sta- to.... sopra loro fatto il segno della Croce, secondo il quale essi si divideano in quattro parti del mondo ; cosi la predicazione della Croce di Cristo, rinnovata per santo Francesco, si doveva per lui e per li frati portare per ; tutto il mondo; li quali frati, etc.»
Qui ne voit, en ce fragment, le procédé de délayage, cher aux epigones de toute matière épique, pour leurs remaniements ? Laissons l'invention de la direction symbolique du vol des oiseaux, dont l’in- génuité du récit primitif est compliquée pour des fins d’apologétique visibles. Le simple « coeperunt in illum respicere » devenu cette « révérente inclinaison » monacale du chef — que l’on trouve déjà dans saint Bonaventure, d’ailleurs —et compliqué d’un « grandissimo diletto » — qui déflore le réalisme naturei du miracle — ne suffit-il point à corroborer ce que nous avançons? Mais M. Mario Chini a procédé, dans son livre, en dévot franciscain et sès chapitres, relevés de commentaires édifiants, ne nous donnent qu’une biograghie légen- daire de saint François. Il y aurait tant de choses à dire de ces com- mentaires, que nous nous abstenons d’entafner la matière. Prétendre, en particulier, page 152, que le «Cantico al Sole » soit reconnu comme « authentique » par « les critiques », est peut-être abuser de l'ignorance de la jeunesse, à laquelle, on l’a dit, est censé être des- tiné l'ouvrage. Mais, encore une fois, passons........ Les fervents de saint François goûteront les pages de Chini ; les autres, à leur manière, y trouveront sans doute un agréable passe-temps.
Pour finir, je tiens à signaler — après la Chronique du précé- dent fascicule, p. 646, — le précieux catalogue de la « Mostra del. libro francescano » de Poppi, compilé par mon excellent ami, le bibliothécaire en retraite G. Fumagalli, dontle « Chi l'ha detto?» dans sa prochaine nouvelle édition — la huitième — contiendra maintes adjonctions miennes. On y trouve, distribuée sous diverses rubriques, une matière bibliographique franciscaine précieuse. Ma- nuscrits, anciens documents, autographes du Saint, vies de saint François et d’autres saints franciscains, anciennes et nouvelles éditions des « Fioretti », la règle et les indulgences, livres fonda-
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mentaux pour l'histoire de l'Ordre, saint François dans l’art, au théâtre. en musique, iconographie du Saint et des stigmates, histoire, des- cription eticonographie de la Verna, de la ville d'Assise, de sa basi- lique et de l'Ombrie franciscaine, cérémonies en l'honneur de saint François, recueils et choix d’études franciscaines, varia et, enfin — last but not least — périodiques franciscains : rien ne manque à ce précieux livret, qui ne saurait faire défaut dans aucune bibliothèque de franciscaniste un peu au courant du mouvement des études franciscaines., M. Fumagalli a recensé 03 périodiques franciscains. La France en compte 7: les « Études franciscaines » (Paris), la «a France franciscaine » (ibid.), cette « Revue », la « Revue francis- caine » (Bordeaux), le « Souvenir de saint Antoine » (Bordeaux); le Union Séraphique » (Mâcon) et la « Vie franciscaine » (Paris). L'Italie en a 43; l'Espagne 21. Parmi ceux de l’Amérique latine, je n’ai pas trouvé cités « El Plata Serdfico », nil” « Almanaque de san Antonio », dont j'ignorerais d’ailleurs moi-mème l'existence, si un fidèle et vieil ami de Buenos Aires, le Dr. Ricardo Monner Sanz» ne m'avait, parmi tant d’autres écrits, envoyé quelques petits travaux qu’il a publiés naguère sur le Saint dans ces deux organes. CAMILLE PITOLLET.
Domenico SiLvesTRi. Îl ritratto di S. Francesco a Spoleto. Il più rassomigliante dipinto recentemente scoperto. — Bologna, Zani- chelli, 1926. In-8o, 62 p. 11].
On a découvert, il y a quelque temps, dans la petite église des S.Ss, Giovanni e Paolo, à Spolète, des vestiges de fresques que l’on suppose dater du xuie siècle, et, notamment, une figure de moine dans la- quelle on veut voir, avec raison, semble-t-il, saint François. Il est debout, coiffé du capuchon, auréolé et stigmatisé ; la physionomie que l'artiste lui a donnée n'a aucune ressemblance avec les effigies réputées Îles plus antiques, celle du Frater Franciscus de Su- biaco, celles de Greccio, de Parme, etc. M. Silvestri célèbre cette découverte admirable, la commente avec enthousiasme, confronte cette figure inconnue du Petit Pauvre avec la description minutieuse de Thomas de Celano, et conclut avec une conviction chaleureuse que l’image de Spolète est la seule qui réplique exactement à l'espèce de signalement que nous a légué l’annaliste franciscain.
Voilà de quoi ouvrir la voie à des polémiques sans nombre ; pour nous, nous nous bornons à appeler sur l’intéressant travail de M. Silvestri l’attention des curieux del’iconographie franciscaine. Nous ajouterons que l’auteur reproduit également un autographe du saint, conservé, jadis, par les Frères Mineurs de Spolète, et qui, actuel- lement, se trouve au Vatican. C’est une délicieuse lettre à frère Léon, dont le texte a été reproduit par Mgr FaLocr PuLiGnani, dans une étude sur les Autographes de saint François (Miscellanea fran-
cescana, mai-avril 1892). ARNOLD GOFFIN.
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Paul THurEAU-DANGIN. Un Prédicateur populaire dans l'Italie de la Renaissance. Saint Bernardin de Sienne (1288-1434). — Paris, Bloud et Gay, 1926. In-8o, xv1-332 P:, portr.
La première édition de ce livre a paru en 1896 et c’est sans doute le septième centenaire de saint François qui nous a valu cette nou- velle édition, édition non mise à jour il faut le dire. Bien que, depuis lors, de nombreuses études aient été publiées qui sur bien des points ont apporté des lumières nouvelles, la biographie de M. Th.-D. n’a Pas perdu de son intérêt, c’est le mérite des travaux faits avec soin. Toutefois, à la relire, le désir vient de voir le sujet traité avec plus d'ampleur et surtout sous un autre angle. Car que saint Bernardin ait été par dessus tout et avant tout un Frère Mineur, M. Thureau- Dangin ne le montre pas suffisamment ; dans les quatre premiers Chapitres sur la formation du saint et du prédicateur, l’apostolat, l'épreuve et les sermons, c'est à peine si l'Ordre auquel il appartient est mentionné. Qu'il eût été Augustin, Carme ou Dominicain, rien ne semble marquer que Sa personnalité eût été différente ni que son action se fût exercée autrement. Ce n'est que dans les cinquième et sixième chapitres relatifs à la réforme de l'Observance et aux dernières années du saint que l’auteur montre en lui le Fran- ciscain, mais, au lieu que cette partie forme le corps de l’ouvrage, elleest si effacée dans cet arrière-plan qu’elle fait figure d’appendice ou de note additionnelle, qu'elle ne semble destinée qu’à compléter la physionomie du saint par quelques traits secondaires, sur lesquels on n'a pas cru devoir s'arrêter plus tôt de peur de détourner l’attention du sujet principal. à
La réalité à notre sens est tout autre ; au lieu d’être un titre accessoire, la qualité de Frère Mineur est ce qui explique et fait com- prendre l'unité de la vie et les divers aspects de l’activité de saint Bernardin. Ce n'est Pas par fantaisie ni sans mûre réflexoin qu'il est éntrédans l'Ordre franciscain, car une pareille décision ne se prendpas à la légère ni sans de solides raisons, surtout chez un esprit réfléchi comme le sien. Cette règle qu’il a adoptée et à laquelle il est resté Soumis toute sa vie, qu’il a sans cesse méditée et qu'il s’est étudié à Suivre toujours plus exactement, forme le fond de son être religieux, dé mème que les auteurs de l'Ordre ont été,dès ses années de noviciat, la principale nourriture de son esprit; c’est avec eux qu’ila appris la theologie, c’est eux qui l’ont guidé dans la mystique, c’est eux qui lui ont fourni la matière de sa pensée.
Aussi ne faut-il pas attribuer une trop grande importance au fait qu'il n’ait Pas trouvé dans l’Ordre des maîtres pour l'exercer à la parole. Cette absence de professeur ne l'a pas empêché de déve- lopper son talent d'orateur, elle lui a peut-être même permis de Montrér une originalité, une personnalité qui auraient été amoin- dries par l’école. C’est dans saint François qu’il a trouvé l’exemple de la prédication populaire, il a passé comme lui sa vie à porter de
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tous côtés la parole de l'Évangile. C’est parce qu'il était Franciscain qu'il a prêché.
L'historien qui retrace sa vie doit donc chercher tout d’abord en Jui le Franciscain, le suivre dans ses études, retrouver son passage dans les couvents italiens où ses fonctions de prédicateur l’ont mené. C'est dans ces couvents que son action s’est d’abord exercée ; son exemple et ses enseignements y ont petit à petit amené la réforme de l’Observance; sa nomination comme vicaire de l'Observance en 1438 est le point final de son œuvre, la reconnaissance dutravail accompli.
La prédication au peuple n’est que le côté le plus extérieur, s’il est le plus brillant, de son activité, mais là encore il y aurait lieu de mettre en valeur tout ce qui lui est propre et tout ce qu'il doit à l'Ordre ; à coup sûr ses talents d’orateur, sa fougue, son habileté à savoir disposer de son auditoire furent pour beaucoup dans ses succès; par contre le thème de ses sermons, la matière si variée et si riche qui s’y déroule lui ont été fournis par le milieu franciscain où il a vécu. Il a puisé à pleines mains dans les livres qu'il a lus, dans les leçons de la vie quotidienne qu’il a entendues.
Grâce aux travaux historisques plus nombreux que nous possédons maintenant sur l'Ordre et sur l’École franciscaine, il est possible de mieux montrer le milieu où il avécu, de mieux marquer le mouvement des idées à son époque; ainsi mieux située dans son ambiance, sa personnalité n’en paraîtra que plus vivante, car on percevra mieux ce qu’elle a d'original.
HENRI LEMAÎTRE.
L'Internele consolacion, texte du manuscrit d'Amiens, publié pour la première fois par Alfred PEREIRE. — Paris, Helleu et Sergent, 1926. In-16, xxu1-416 p.
L'Internele consolacion est la traduction française du De Imita- tione Christi, à cette diffèrence près que le livre de l'Eucharistie y manque et que les autres livres sont disposés dans un ordre différent (deux, trois, un). Le ms. d'Amiens qui a été reproduit par M. P. a été copié à Hesdin en 1447. La bibliothèque de Valenciennes con- tient deux autres copies, dont l’une a été « grossée » à Bruges en 1402, par le calligraphe David Aubert pour Marguerite d’York, femme de Charles le Téméraire, et appartint par la suite à la famille de Croÿ. M. P. tire de ce ms. diverses preuves en faveur de lattri- bution à Gerson, d'abord la présence d’un sermon sur la Passion qu'on sait être de Gerson, argument auquel on ne peut guère s'arré- ter, ensuite deux miniatures représentant Gerson, fait certainement beaucoup plus significatif. Aux autres preuves tirées de l'examen du texte, M. P. ajoute le fait que Gerson aurait lui-même signé son œuvre, quand il écrivit au dernier paragraphe du 3e livre de l’Im:i- tation : « Seigneur, exaucez la prière de votre pauvre serviteur exilé Join de vous ». Gerson signifie en hébreu exilé.
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M.P. ne manque pas de mettre en relief l'influence profonde qu'a exercée saint Bonaventure sur l’auteur de l'Imitation; c'est à cause de ce côté tout franciscain de l’œuvre que nous mentionnons ce tra- vail dans notre Revue. [’éditeur mérite la reconnaissance du public pour avoir présenté ce livre avec tant de soin et en même temps avec tant de goût; la disposition typographique et la composition sont très belles.
H. L.
Les Martyrs franciscains des Carmes. Le Bx Apollinaire de Fribourg, Capucin ; le Bx Jean-François Burté, Cordelier ; le Bx Séverin Girault, Tertiaire régulier. — Gembloux, Duculot, 1926. In-8, 120 p. — 4 fr., franco, 4 fr. 75.
Dans le groupe des 191 martyrs, victimes de la Révolution, en septembre 1792, et béatifiés à Saint-Pierre de Rome, le 17 octobre 1926, figurent trois Franciscains. — Le P. Apollinaire (Jean Morel), naquit près de Fribourg en Suisse, au mois de juin 1739. Après des études brillantes au collège des Jésuites de Fribourg, il entra chez les Capucins, au couvent de Zoug, en 1762. Désirant passer aux mis- sions d'Asie, il dut séjourner à Paris pour apprendre les langues. C'était en 1789. Au lieu de partir pour l'Orient, il fut chargé de la colonie allemande massée sur la paroisse Saint-Sulpice. Il refusa de prêter le serment prescrit aux prêtres par la Révolution, fut arrêté le 14 août 1792 et conduit au couvent des Carmes. On sait le reste. — Sa notice (p. 7-67) est signée de Jusrin Gumy, O. M. C., évêque des Seychelles, et précédée de son portrait hors texte.
Le P. Burté, né à Rambervillers (Vosges), le 21 juin 1740, demanda l'habit des Cordeliers Observants au couvent de Nancy en 1757. Il enseignait la théologie dans le même couvent, en 1768, et devint l'un des premiers docteurs de la jeune faculté théologique de Nancy. Par suite de la décision de Clément XIV, comme tous les Observants de France, il dut passer en 1771 à l'Ordre des Conventuels. On le retrouve au Grand-Couvent de Paris en 1778, procureur de sa pro- vince de Lorraine. Exilé l’année suivante, par ordre du gouverne- ment, il était de retour avant 1785. I1 fut élu supérieur en 1792 de la. maison de réunion sise au Grand-Couvent, accusé de favoriser les prêtres réfractaires, et interné le 12 août aux Carmes, martyrisé le 2 Septembre et inhumé le lendemain au cimetière de Vaugirard. — Cette notice, par E. ManGeNoT (p. 69-99), avait paru dans les Études franciscaines, t. XVIII, 1907, p. 533-582.
Le P. Séverin Girault, que M. de la Gorce appelle « Zéphirin» (dans la lettre-préface, p. 5), naquit à Rouen le 14 février 1728, et entra au couvent des Pénitents du Tiers-Ordre de cette ville, le 7 août 1749. Après ses études au couvent de Nazareth à Paris, il reçut la prêtrise le 8 mai 1754. Sa vie se passa entre le couvent de
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Saint-Lo et celui de Paris. Il dirigeait les Franciscaines de Sainte- Élisabeth de la rue du Temple. Incarcéré aux Carmes à la fin d’août 1792, il fut la première victime du massacre. — Notice signée du P. Ugaup D'ALENCON (p. 101-105).
HENRI LEMAÎTRE.
PÉRIODIQUES
Studi Francescani (già « La Verna »), Anno XII (XXIII). — Florence, Vallecchi. — Publication trimestrielle d'études et de documents.
19026.
ANDREA CALLEBAUT, O.F. M. La Lepgenda del B. Giovanni Duns Scoto e Enrico di Hessia, vice-cancelliere di Parigi, p. 1-12. — L'A. cite le texte d’un ms. de Bâle relatant comment, entre 1384 et 1386, dans une conférence à Worms, H. de Hesse aurait raconté les ex- tases fréquentes de Duns Scot au couvent de Paris. Plus tard, à Cologne, pendant l’absence de son socius qui seul le connaissait, une extase prolongée fit croire àsa mort. On l’enterra. Trois jours après, le socius revenu expliqua que ces ravissements donnaient l'apparence de la mort, alors que son maïtre était bien vivant.— Le P. C. fait justice de cette légende déjà en circulation 75 ans après la mort de D. Scot. Il constate en même temps quelle opinion on avait de sa sainteté.
BENeDETTO INNOCENTI, O. F. M. I Cronologi della riformata provin- cia toscana dalla sua costituzione fino all' unione delle quattro fami- glie(1639-1897); 1925, p. 3-42, 246-205, 523-548 ; 1926, p. 13-34, 171- 199. — Note intéressante sur les onze chronologistes de la province réformée de Toscane, où l’on expose leur manière d'envisager et d'écrire l’histoire franciscaine.
E. Pacanori, O. F. M. La « Via Crucis » del Puiati e le sue riper- cussioni polemiche nel mondo giansenistico e in quello francescano al tempo di mons. Scipione de’ Ricci; 1924, p. 19-54, 157-206; 1925, P- 43-87, 207-245, 353-386, 461-494; 1926, p. 35-65, 216-273. — On sait que la Via crucis, propagée depuis le xv* siècle par les Frères Mineurs, comprend quatorze stations dont six ne sont pas men- tionnées dans l'Évangile : les trois chutes du Christ, la rencontre de Jèsus et de sa mère, la Véronique et la «a Pietà ». Cette pratique de dévotion fut attaquée en 1783 par Joseph Puiati, Bénédictin du Mont-Cassin, appuyé par le parti janséniste italien, comme incon- venante et contraire aux Évangiles. Elle trouva des défenseurs chez les Franciscains; les PP. Annibali da Latera, Irénée Affo, Thomas de Cireglio, Gaspard Samocles de Naples et Séraphin della Mirandola, prouvèrent que les stations attaquées avaient un fon- dement dans les traditions hiérosolymitaines. Leur thèse a prévalu.
Livario Oricer, O.F.M. 7 Penitenzieri francescani a San Giovanni in Laterano ; 1925, p. 495-522; 1926, p. 66-92.— Ils s’y établirent
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sous S. Pie V,en 1570, au nombre de huit, six confesseurs et deux convers; leur entretien demeurait aux frais du Saint-Siège. Ils habi- tèrent, de 1570 à 1735, sur la place actuelle de Porta San Giovanni, dans l’ancien palais pontifical alors tout délabré, près de la chapelle Saint-Nicolas; de 1736 à 1914, derrière la basilique, dans l'habitation actuelle des professeurs du séminaire du Latran; depuis 1914 ils sont logés derrière le Baptistère.
SALVATORE MarINO Mazzara. Costanza di Syevia ed Eleonora di Francia, Clarisse medievali di Sicilia (Cronache francescane del Tre- cento), p. 93-116. — Constance de Suède, fille de Manfred + 1266 excommunié à Bénévent, épouse de Pierre d'Aragon à qui elle apporta en dot le royaume de Sicile, prit l’habit de Sainte Claire au monas- tère de Messine, en 1291, après la mort de son mari. Elle mourut à Rome, selon les @ns, mais plus probablement à Barcelone où elle fut enterrée dans l’église des Frères Mineurs. — EÉléonore de France, fille de Charles II d'Anjou, sœur de saint Louis d'Anjou, O. M. et de Robert, roi de Naples, épousa Frédéric, roi de Sicile. « Toute sa vie, écrit l'A., fut un poème de bonté ou de foi, une chose plus angélique qu'humaine ». Elle avait comme chapelain, en 1318, fr. Elzéar, O. M., plus tard évêque de Sciacca. Elle donna aux Frères Mineurs de Catane une epine de la Sainte Couronne et une parcelle de la Vraie-Croix qu'elle portait au cou; et en 1346 elle faisait bâtir leur couvent. Après la mort de son mari, en 1356, elle fonda le monastère des Clarisses de Catane où elle vécut quatre ans. Sur son sarcophage de marbre, dans l’église franciscaine de Catane, était sculptée l’image de son frère saint Louis. — (Article quelque peu confus.)
Guxpisazvo VaLzs, O.F. M. L'Ideale missionario del B. Raimondo Lullo, Terziario francescano, martire a Bugia (Africa), 1375, P. 117-128. — KR. L. part de ce principe que Dieu a créé le monde, afin qu’il soit tout entier chrétien. Pour arriver à ce résultat, trois moyens sont nécessaires : vouloir, pouvoir, savoir. I. Toute volonté créée doit s'intéresser à la diffusion du christianisme. C’est une obli- gation, une nécessité, une utilité. II. Tous les pouvoirs de ce monde doivent être orientés pour porter la foi à ceux qui l’ignorent. Pou- voirs matériels : biens superflus des évêches, chapitres et monas- tères ; affaires commerciales permettant aux pavs chrétiens d'entrer en relation avec Îles nations païennes ; offrandes spontanées des fidèles. Pouvoirs spirituels : prières, souffrances, prédications, zèle. ITT. Comment organiser la conversion des infidèles’ Le pape doit établir un dicastère ou congrégation de la Propagande dont l'office sera 1° de réunir des forces, 2° de diriger ces forces pour la défen- sive (croisade armée contre les Turcs; préservation de la foi contre les infidèles et les hérétiques), pour l'offensive (croisade d'amour pour porter les peuples à Dieu). — C'est ici que R. L. expose ses idées pour la formation des missionnaires, dans des collèges établis
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auprès des grandes universités, où ils apprendront les langues; dans des collèges chez les indigènes, pour s'adapter aux mœurs du pays, frapper les yeux par la splendeur du culte, s'approcher des païens par les œuvres de bienfaisance, puis les pénétrer par la doctrine.
Excellent exposé du programme lulliste.
Dalle Relazioni dell adunança del Circolo di cultura francescana di Firenge (Borgo Pinti, 84), p. 147-148. — Résumé d'une confé- rence du Prof. Auguste Hermet, sur la mystique de saint Bona- veature d'une part, et de l’autre sur celle d’Ange Silesio, protestant converti du xvir* siècle, qui détonne avec le Cantique des créatures de saint François.
Diouene Scaramuzzi, O. F. M. Le Infiltrazioni della dottrina di Giovanni Duns Scoto in Giambattista Vico, p. 149-170. — J.-B. Vico, philosophe napolitain, 1668-1744, fut le plus illustre representant du scotisme dans l'Italie méridionale, durant le xvine siècle, non pas qu'il ait suivi en tout point la doctrine du docteur Subtil, mais dans ce sens qu'il n’a pas dédaigné de faire siennes les plus belles théo- nes de Duns Scot, bien qu’en taisant toujours son nom.
Primaino Coco, O. F. D. 7 Francescani in Basilicata, p. 200-215. — D'après son bref prologue, l'A. aurait traité jadis (sans donner de dates ni de références) des principaux événements de sa province, et composé des notices sur 25 couvents. Cette fois il publie les notes du P. Checchi sur 8 couvents nouveaux, la série incomplète des ministres provinciaux de 1517 à 1678, des listes de visiteurs, lec- teurs et autres personnages plus ou moins importants. — Les notes explicatives sont trop peu nombreuses, le rôle de l’éditeur aurait du consister à suppléer, par des recherches personnelles, au silence des documents.
Lovovico U. Gnoccui, O. F. M. 7n quale anno, mesè e giorno il Crocifisso di S. Damiano parld a S. Francesco, p. 274-279. — Le colloque aurait eu lieu probablement, vers la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix, en septembre 1206.
ADAMO PIERROTTI, O. F. M. La Romanità di S. Francesco, P. 289-306. — Rapports d’humble et cordiale soumission de saint François vis-à-vis du Siège apostolique. .
Girocamo Gocusovicx, O. F. M. San Francesco e i Francescani in Damiata (5 nov. 1219-2 febb 1220), p. 307-330. — Damiette fut prise le ÿ novembre 1219. Les Croisés se partagèrent la ville. Une église tune maison furent données aux Frères Mineurs dans le quartier des Bolonais et des Lucquois, entre le 5 novembre 1219 et le 2 fé- vrier 1220, et plus que probablement à saint François lui-même pré- sent dans la ville. Ce premier établissement persista jusqu’à l’aban- don forcé de Damiette, 7 septembre 1221. Un second dura pendant l'occupation de saint Louis, 6 juin 1249-8 mai 1250. Un troisième de 1698 à 1702, où les schismatiques s’en emparèrent. Le quatrième dure depuis 1856.
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BENEDETTO [nnocenT1, O. F. M. Teologia e Bibbia net « Fioretti » di S. Francesco, p. 331-354. — A la suite de Giovanni Papini, l'A. range les Fioretti à côté de l’Imitation de Jésus-Christ et des Exer- cices de saint Ignace, comme un des livres « qui ont accompagné l'ascension des hommes vers la divinité » — les lecteurs apprécie- ront. — Il relève différents passages du charmant recueil en relation avec la théologie et l'Écriture sainte.
ANGELO Marconi, O. F. M. Attorno agli autori dei « Fioretti », p. 355-365. — Les Fioretti dérivent des Actus S. Francisci, compo- sés en latin par fr. Ugolino de Montegiorgio. Un inconnu les a tra- duits et adaptés en italien et en a fait le livre ravissant que l'on connaît. Mais le P. Facchinetti a soutenu récemment que Île susdit fr. Ugolino n'était l'auteur que des 45 premiers chapitres, et que la suite, 46-53, serait l’œuvre de son neveu, un autre fr. Ugolino de Sarnano. L’A. se récrie, propose que le premier Ugolino soit l’au- teur de l’ouvrage latin, et le second le traducteur italien. De plus il revendique la province des Marches comme le pays natal des Fio- retti contrairement aux prétentions de la Toscane.
FERDINAND DELORME, O. F. M., Un Recueil de miracles ou « exem- pla », source de François Bartholi, p. 366-404. — P. Sabatier a édité à Paris, en 1900, le Tractatus de indulgentia S. Mariæ de Portioncula de Fr. Bartholi. Le P. D. a découvert dans le ms. 442 d'Assise 14 miracles insérés textuellement par Bartholi, mais dans un autre ordre. Il reproduit les nos 15, 16 et 17, bien que la substance de 1 se retrouve dans le Tractatus. — A la suite il publie 14 exempla, attribués par lui à fr. Pierre le Teutonique, O. M., écrivain jusqu'ici inconnu, auteur également du recueil précédent utilisé par Fr. Bar- tholi. Dans ces derniers 14 exempla « l'importance du ne 7 est grande, en ce sens qu'il contient une histoire dont la fortune a eu du succes, alors qu’elle se réduit à une histoire de vieille femme ». C’est l'épi- sode de la séductrice introduite dans la chambre de saint François, que celui-ci découragea en s'étendant sur des charbons ardents. P. le Teutonique est l’auteur du récit qu’il entendit de la bouche d'une commère en 1309.
Guino Mazzoni. L'Egloga « Daedalus » del Petrarca e san Fran- cesco, p. 405-411. — Dedalo est un personnage, objet d'un dialogue entre deux interlocuteurs. L’A. croit reconnaître saint François dans cette œuvre de Pétrarque.
ELETTO PaLanpri, O. F. M. Rappresentaziont sanfrancescane, P. 411-494. — Il s’agit de deux mystères franciscains composés vers 1480 par Mona Antonia, femme de Rernardo Pulci, et représentés sans doute à l’époque. Le premier concerne saint François et le second la conversion des trois voleurs de Monte Casale, opérée à son instigation. L’A., qui reproduit le texte italien, imprimé au moins cinq fois (quatre au xve, et une au début du xvie siècle), reconnait que Mona Antonia ne s’est pas donné grand peine pour composer ses pièces.
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Daurano NEri, O. F. M. Iconografia del transito di S. Fran- cesco, p. 495-517, avec 6 pl. hors texte. — La représentation des funérailles de saint François est empruntée au type byzantin des funérailles de la Vierge. Ce type, Giotto l’a adapté à sa manière, à l'Arena de Padoue. Ses obsèques de saint François à Sainte-Croix de Florence en dépendent visiblement, ainsi que la même scène traitée sur un panneau de la chaire de cette église par Benedetto da Maiano, par Ghirlandaio dans l’église de la Trinité de la même ville. La fresque de l’Alverne, refaite en 1670 par fr. Emmanuel de Come, restaurée en 1690 et en 1840, montre saint François mourant, à moitié nu. Celle de G. Bruschi, sur le mur extérieur de la cha- pelle du Transito, dans la basilique de Sainte-Marie des Anges, représente aussi le saint mourant, gisant à terre, mais entièrement vêtu. — Très intéressante étude mais qui est loin d’épuiser un sujet si abondant.
Francesco Sarki, O. F. M. Saggio bibliograñfico di studi france- scant, p. 518-546. — L’A. a eu l’heureuse idée de grouper sous la quadruple rubrique : histoire, doctrine, littérature, art, les travaux effectués dans le vaste champ du franciscanisme durant ces der- nières années. Il remonte à la fin du xvi* siècle, avec le De origine. de Fr. de Gonzague, et montre les importantes publications des xvirt et xvure siècles. La renaissance actuelle des études franciscaines date du centenaire de la naissance de saint François en 1882, mais l'élan fut donné en 1894 par la Vie de saint François de Paul Saba- ter. Le R. P. mentionne les rares œuvres des trois premiers quarts du xix° siècle, il oublie le Tableau synoptique du P. Marie-Léon PaTREM, Paris, 1879, et ï’Auréole séraphique, vies des saints et bienheureux de l'O. de S. Fr. du P. Léon DE CLary (4 vol. in-18, Paris, 1882). Si l'ouvrage du P. Patrem avait été publié en un ou deux in-8o, au lieu de l’incommode format atlas, la connaissance de l'histoire de l'Ordre y eût sûrement gagné. A signaler encore que la France franciscaine a commencé en 1912 et nonen 1924 (p. 534). — Bibliographie forcément incomplète, mais qui ne manquera pas d'être utile.
LEoNE BRACALoONI, O. F. M. Ancora del « Cantico delle creature » nel suo vero o migliore metro, p. 547-554. — On avait contesté au fameux Cantique du Soleil la division primitive de chaque strophe en trois vers. Le P. B. expose très judicieusement le bien-fondé des tercets, quoique les vers, à la façon des versets des psaumes dont ils se rapprochent, n'aient pas tous le même nombre de syllabes. Jamais le célèbre Cantique de saint François n’avait été mieux étudié.
Nesrore [O. F. M.]. Restauri e feste solenni a S. Maria -degli Angeli d'Assisi nel 1840. — Récit contemporain de la consécration de la basilique de Sainte-Marie des Anges, le 8 septembre 1840, par le cardinal Lambruschini, secrétaire d’État de Grégoire XVI et pro- tecteur de l'Ordre des Frères Mineurs. Le monument élevé au
Ravuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 6
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xvie siècle, par ordre de saint Pie V, avait été détruit en partie par le tremblement de terre de 1832. L’A. du récit est inconnu, la signature « Nestore » (moine slave historien, 1054-1113) étant un pseudonyme.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
L'Archiginnasio, bulletino della Biblioteca comunale di Bologna... Anno XXI, Num. 4-6, 1926, p. 229-240.
GAETANO SABATINI. Frammento del Tractatus Minoricarum di Bar- tolo da Sassoferrato.
Bartolo da Sassoferrato, citoyen de Pérouse, célèbre docteur en droit + 1357, écrivit en 1354 le Tractatus Minoricarum, imprimé à Brescia en 1502 et réédité plusieurs fois depuis. Il ne figure pas, eta juste titre, dans les Scriptores Minorum, comme n'étant pas l'œuvre d’un Franciscain, mais il a été mentionné par L. Waboinc, Annales Minorum, Lyon, 1637, t. IV, p. 7. Il a été étudié par A. C. Jemouo, Il « Liber Minoricarum » di Bartolo e la povertàä minoritica nei giu- risti del XIII e XIV secolo, dans Studi Sassaresi, 2° Série, vol. Il, fasc. I, Sassari, 1922, p. 1-54 — Le fragment publié ici provient d’un ms. du Vatican, de la seconde moitié du xive siècle, écrit sans doute à l’occasion de quelque controverse entre Mineurs zelanti et relâchés. On pourrait en certains cas, dire que c’est un manuel juridique à l’usage des Syndics, chargés au nom du Saint-Siège, de revendiquer pour les Frères Mineurs les biens temporels qui leur sont interdits par saint François.
HENRI LEMAÎTRE.
La Rivista di Livorno, publiée par le Circolo filologico livornese, a publié à la fin de 1926 une petite vie de saint François qui serait inédite. Elle a été trouvée par le P. Zeffirino Lazzert dans les Archives capitulaires de Pise. Le manuscrit qui serait de la première moitié du xure s. et qui aurait appartenu à des religieux vivant en ermites, semble être resté inconnu jusqu’à ce jour. Ce texte est divisé en neuf leçons, il s'agit donc d’une vie très brève qui devait être insérée dans un bréviaire pour l'office du saint.
Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, t. XXXIV, Metz, 1925, p. 328-545, et t: XXXV, Metz, 192%, P. 199-415.
ANDRÉ Gain. Liste des émigrés, déportes et condamnés pour cause révolutionnaire du département de la Moselle.
Le travail que M. Gain est en train de publier traite d’un des phé- nomènes les plus importants de la Révolution et qui a eu sa réper- cussion à peu près sur toute la France, de l’émigration. Il va sans
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dire que les départements, situés sur les frontières, s’en sont ressen- tis tout particulièrement. Cependant quel est le nombre exact des émigrés? On ne saurait encore le dire. Nous possédons bien la liste nationale, mais on en connaît les multiples répétitions, les lacunes, les doubles emplois, les erreurs orthographiques et géographiques de la plus haute fantaisie (t. XXXIV, p. 333). Il est donc de toute nécessité, si l’on veut arriver à une idée tant soit peu précise, de refaire la liste des émigrés de chaque département en particulier. M. Gain s'est astreint, pour celui de la Moselle, à ce travail, destiné à rendre les plus grands services aux historiens du pays. Pour dresser sa liste, il a combiné la méthode des deux listes qui, jusqu’à présent, ont été rééditées, celles de la Meuse (1) et du Var (2). De l’une il a pris l’ordre alphabétique et de l'autre, les additions biogra- phiques.
Ainsi il nous sera facile de relever les noms des membres de la famille franciscaine qui ont quitté le pays.
L'Ordre de Saint-François comptait, à la Révolution, dans la ville de Metz le couvent des Capucins (3), qui comprenait 29 religieux, et celui des Récollets, et comme couvents de femmes les Clarisses au nombre de 18 et les pauvres sœurs Colettes qui étaient 30. En dehors de la ville les diverses branches avaient 212 religieux parmi lesquels les Récollets allemands de Sierck (4) et les Récollets irlan- dais de Boulay. Les Franciscaines des diverses observances ne comptaient que 63 religieuses (5).
Les religieuses émigrées sont en général peu nombreuses. Il en est autrement des religieux. Quelques-uns quittèrent le pays volontaire- ment, tels les PP. Koch, Schoot, Boemer, Philipzen et le frère lai Moor du couvent de Sierck qui, probablement, retournèrent dans leur maison d’origine. Mais la plupart furent contraints de partir par
(1) Dusois (JEan), Liste des émigrés... du département de la Meuse, Bar- le-Duc, 1911.
(2) Honoré (Louis), L'Émigration dans le Var (1789-1825), Draguignan, 1923.
(3) Dans un article sur les Monastères de l'ordre de Saint-François à Metz (Mém. de l'Académie de Metz, 2° série, XVIe année 1867-1868, p. 316), M. de Bouteiller parle d'un Nécrologe des Pères Capucins des provinces de Champagne et de Lorraine, provenant du couvent de Metz et « parfai- tement complet, depuis le commencement du xvrio siècle jusqu’au jour où le couvent cessa d'exister ». Qu'est-il devenu ?
(4) V. au sujet de cè couvent : Parricius ScHLAGER, O. F. M. Zur Ge- schichte des ehemaligen Franziskanerklosters in Sierck, dans Jahrbuch der Geselischaft für lothr. Geschichte und Altertumskunde, Metz, 1904, p. 228 et P. LesPranD, Suppression du couvent des Récollets de Sierck, ibid., 1910, p. 387 ets.
{5} Toutes ces données sont tirées des études que M. l'abbé P. Les- prañd publie depuis 1909 dans la Revue ecclésiastique de Metz, sous le titre Le Clergé messin et la Révolution.
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la loi du 26 août 1792 contre les prêtres insermentés. Ce sont sou- vent des religieux âgés qui rejoignent, à Trèves d’abord, métropole du diocèse de Metz, un couvent de leur Ordre. En juillet 1793, p. ex., un Récollet est hébergé par des Cordeliers (1), deux autres chez les Frères Mineurs (2), un Capucin chez les Capucins (3). « L'avance des troupes françaises en chassa un grand nombre vers le Rhin, puis au-delà du Rhin. Tel Franciscain est reçu par les Capucins de Bern- kastel qui le nourrissent tant qu’ils en ont les moyens » (p. 376).
Que sont devenus tous ces hommes qui préférèrent l'exil avec toutes ses privations à un serment que leur conscience réprouvait? Il sera dificile de fixer le sort de chacun. Pour beaucoup, sans doute, la mort vint mettre un terme aux multiples souffrances qu’ils avaient à endurer ; d’autres, plus favorisés par les circonstances, sont reve- nus dans leur pays, une fois que la paix et le calme furent rentrés en France, et, après le concordat, nous les trouvons employés, dans les paroisses, au ministère des âmes.
Après ces quelques remarques générales, suggérées par l’introduc- tion du travail de M. Gain, voici les noms des Franciscains que nous rencontrons dans la liste. Nous indiquerons chaque fois le numéro sous lequel il est relevé.
Du couvent des RÉcoLLETS de Met nous trouvons quatre person- nages : |
1. Le P. Anacerr, qui, omis sur les listes officielles, s'était réfugié à Trèves et se trouvait en juillet 1793 au couvent des Minorites de cette ville (Nc 47. V. plus haut note 2).
2. Georges BECKER, né à Haute-Vigneulles, fut dénoncé par la municipalité de Basse-Vigneulles (ro octobre 1792), et inscrit, le 4 mars 1793, par délibération du district de Boulay. A sa rentrée en France, il demanda, le 28 floréal an X, âgé de 43 ans et 2 mois, le bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal. Il élut domicile, pour la prestation du serment, chez le citoyen Monich, rue du Grand-Cerf, à Metz. Il fut amnistié le 18 frimaire an XI et desservait, en 1810, la paroisse de Hilsprich (N° 214).
3. Philippe BECKER, peut-être frère du précédent, est né à Momers- dorff (arr. de Metz), dénoncé par les mêmes et inscrit aux mêmes dates que lui. Agé de 54 ans, lorsqu'il rentra, il demanda aussi le bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal an X. Il s'était retiré à Basse-Vigneulles, où il possédait un jardin et des terres. Il fut am- nistié le 18 frimaire an:XI (N° 219).
Du couvent des Récollets de Sarrelibre (c’est le nom révolution- naire de Sarrelouis), il y a :
(1) Le P. Jean, de Sarrelouis (Dr. LaGer, Franzôsische Emigranten in Trier 1792-1793, dans le Jahrbuch cité plus haut XXII, 1910, p. 433).
(2) Les PP. Anaclet et Polycarpe, de Metz (Jbid., p. 436).
3) Le P. Hilarion, de Metz (Jbid., p. 438).
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1. Mathieu Nicolas Bauvouin, né à Fixheim (Moselle), refusa de prêter serment, fut inscrit par arrêté du département du 24 floréal an II, émigra en Allemagne, rentra par Strasbourg où il fit sa décla- ration le 19 fructidor an X et fut amnistié le 18 germinal an XI. En 1810, N. Baudouin était vicaire à Metz (No 175).
2. Justin BILCHBERGER, dénoncé par la municipalité de Sarrelibre, fut inscrit par le district de cette ville et l'arrêté du département du 24 floréal an 11 (N° 288). Il en a été de même pour:
3. Bocaro.
Le gardien du couvent des Récollets irlandais de Boulay, Pierre- Jacques ConnoLzy, insermenté, n’obéit pas à la loi du 26 août 1792; il était donc soumis à la déportation d'office. C'était l’avis du dépar- tement. Mais le 25 septembre 1792, un licencié en médecine l’ayant examiné, constata qu’il était intransportable en raison d’une pleuro- péripneumonie « dégénérée en éthisie des poumons » qui ne lui lais- sait que peu de temps à vivre. Néanmoins, le 28 germinal an II, un arrêté du département le condamnait à la déportation — il avait alors 40 ans — pour n'avoir pas prêté le serment de liberté-égalite. Il mourut à l'hôpital de Rochefort, le 4 août 1794 (N° 719. Cf. P. LesprAND, dans la Revue ecclés. de Metz, 1911, p. 379-395).
Aun°977, il est fait mention d’un Récollet d'Arras qui avait émigré et rentrait avec l’abbé Dubois, prêtre de la même ville et frère du genéral Antoine Dubois, blessé à Roveredo le 4 sept. 1796.
Les Carucins sont représentés par six pères : 3 du couvent de Meuz, 1 de celui de Sarrelibre, 1 de Listroff et 1 de Sarreguemines.
1. Pierre Baar, né à Hestroff, Capucin de la maison de Metz, ancien provincial, se retira d’abord dans la maison de réunion des religieux franciscains à Boulay (juin 1791 à août 1792), fit, après sa rentrée en France, sa déclaration de soumission devant le préfet de la Moselle, le 11 germinal an XI et fut amnistié le 24 ventôse sui- vant (N° 96).
Les Archives de la Moselle conservent une copie du testament que l'ex-gardien fit comme curé de Helsdorff le 1e mai 1814. En voici les clauses :
« 1° Il lègue au grand